Messaoud Bouhcine : «Plusieurs professionnels du secteur théâtral vivent des temps difficiles»

Au Maroc comme dans toute la planète, le théâtre n’a pas pu fêter sa Journée mondiale, du fait de cette situation inhabituelle causée par la pandémie du coronavirus. «Au théâtre, comme dans toutes les autres professions artistiques, nous nous engageons à respecter les instructions de confinement sanitaire. Car le théâtre est basé sur les rencontres, la communication avec les gens, l’échange de valeurs humaines… En restant chez nous, nous sommes soucieux de préserver ces gens ; c’est aussi une manière d’engagement et d’amour pour notre métier. Nous nous arrêtons dans l’objectif de nous retrouver plus tard dans des conditions meilleures. Puis, pour joindre l’utile à l’agréable, on peut considérer cette période d’isolement comme un temps de méditation pour créer, écrire et se préparer pour l’avenir», souligne le président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, Messaoud Bouhcine.
Mais hélas, ce confinement sanitaire a fait que plusieurs professionnels du secteur théâtral vivent des temps difficiles. «Il se trouve, en effet, que la profession du théâtre est parmi celles affectées par cette pandémie. Il y a des familles qui la vivent avec beaucoup de difficultés du côté social. C’est vrai qu’il y a un élan de solidarité de la part de beaucoup d’artistes qui ont contribué à soutenir leurs collègues, sous forme d’initiatives individuelles ou à travers d’autres que nous menons au sein du Syndicat. Mais, ceci reste insuffisant», précise Messaoud Bouhcine qui, à ce propos, a écrit une lettre au Chef du gouvernement, lui expliquant l’état de ces artistes en cette période du Covid-19.
«Dans cette lettre, nous demandons, à priori, le déblocage des arriérés de ces artistes pour qu’ils puissent affronter cette période de confinement. Nous souhaitons que le ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports (département de la Culture) puisse faire des efforts dans ce sens en simplifiant les règles». Selon Bouhcine, cette problématique vécue par les artistes, actuellement, toutes disciplines confondues, vient du fait que le secteur n’est pas encore structuré. «C’est vrai que l’artiste possède maintenant sa carte qui prouve qu’il appartient au secteur. Mais il y a une question importante et qui concerne l’article 20 du Statut de l’artiste qui n’a pas été mis en pratique. Cet article aurait réglé beaucoup de choses et épargné énormément de difficultés que vivent certains artistes».
Toutefois, le président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques a vivement salué l’initiative du Bureau marocain des droits d’auteur (BMDA) qui a fait la distribution des droits avant les dates prévues. Ce qui peut aider tous ceux inscrits au BMDA de subvenir à leurs besoins. Mais il reste encore la mise en place des droits voisins qui auraient pu soutenir une large frange d’artistes. «Ce sont des leçons qui nous permettront sortir de cette impasse. Car la structuration du secteur est une chose très importante, même en période normale, pour éviter les moments difficiles et les aléas à l’artiste. Je saisis cette opportunité pour remercier tous les artistes qui sont mobilisés pour faire leur devoir national, notamment la sensibilisation des citoyens, ainsi que tous ceux qui ont contribué au Fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du coronavirus, mis en place sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Et là j’adresse un message au ministre des Finances pour prendre en considération tous ceux et celles qui travaillent dans le secteur artistique et se trouvent dans une situation difficile, afin qu’ils figurent parmi ceux qui bénéficieront de ce Fonds», affirme Bouhcine qui n’a pas manqué de rappeler, pour tous ceux qui l’ignorent, ou font semblant, que l’art est un secteur très prometteur, aussi bien du point de vue culturel qu’économique.