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C’est mercredi dernier, dans l’enceinte de la Bibliothèque nationale du Royaume et en présence d’éminentes personnalités, qu’a eu lieu la cérémonie de signature de l’ouvrage «Rabat, Capitale africaine du dialogue interreligieux». Fruit de la collaboration de la Nonciature apostolique (ambassade du Vatican) et la Fondation diplomatique, ce livre a été déjà offert, respectivement, à Sa Majesté le Roi Mohammed VI et à Sa Sainteté le Pape François.
Une preuve de plus que le Maroc a toujours été une terre d’accueil par excellence pour toutes les religions ayant vécu, tout au long de l’histoire, en parfaite communion et harmonie. C’est ce qu’ont révélé, dans leurs interventions, Son Excellence Monseigneur Vito Rallo, Nonce apostolique au Maroc, Abdelati Habek, président exécutif de la Fondation diplomatique, et Son Eminence Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat. Ils ont été unanimes à souligner que les religions existent pour s’ouvrir l’une à l’autre, dans une ambiance de communion et de fraternité, afin de lutter contre le fanatisme et construire un monde plus prospère. Sachant que plusieurs programmes pragmatiques et novateurs ont été déployés en 2018, visant à renforcer le dialogue et la compréhension entre l’Islam et les autres religions du Livre, transformant, comme l’atteste Abdelati Habek, Rabat en Capitale africaine du dialogue interreligieux.
À ce propos, le secrétaire général de la Fondation diplomatique, Jean-Christophe Bertrand, a précisé que ce livre est le fruit de trois années de travail commun entre la Fondation et la Nonciature apostolique, ce qui a permis d’introduire la visite de Sa Sainteté le Pape François à l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, outre les visites historiques du Pape Jean-Paul II à l’invitation du Roi Hassan II. «Dans cet ouvrage, il y a un grand chapitre dédié à l’histoire des relations entre la Chrétienté et le Royaume du Maroc, de l’antiquité jusqu’à nos jours. Il reprend, aussi, les différentes visites organisées par la Fondation diplomatique et la Nonciature apostolique. La première évoque l’implantation de la communauté juive au Maroc, la seconde parle de l’Islam du juste milieu et des différentes représentations de cet Islam, à travers l’Institut Mohammed VI de formation des imams, la Rabita Mohammedia des oulémas... et la formation des imams africains à cet Islam du juste milieu. La troisième visite met en relief le développement de la présence chrétienne au Maroc à travers les Orthodoxes, les Catholiques et les Protestants».
Jean-Christophe Bertrand ne manque pas d’indiquer que la quatrième facette de cette grande action importante de la promotion du dialogue interreligieux est la journée d’Afrique organisée entre la Fondation diplomatique et la Nonciature apostolique. «Cette rencontre nous a permis de parler des affres des guerres interreligieuses qui sévissent aujourd’hui dans des pays africains. Puis d’évoquer la grande force du Maroc qui a pris l’initiative de former des centaines et des milliers d’imams à un Islam de paix et de tolérance». Et pour conclure, le secrétaire général a indiqué que ce livre, préfacé par le porte-parole du Palais Royal et historiographe du Royaume, Abdelhak Lamrini, rassemble les représentants de plusieurs communautés religieuses au Maroc, où chacun a essayé d’ajouter une pierre à l’édifice de cette cohabitation qui a toujours existé au Maroc depuis des siècles.
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Monseigneur Vito Rallo, Nonce apostolique, ambassadeur du Vatican au Maroc
«Sans connaissance, il n’y a pas de respect ni d’estime»
En tant que co-auteur de ce livre, comment est venue l’idée de la réalisation de cet ouvrage ?
Ce livre est né par hasard. Parce qu’une fois où nous étions en route pour les journées de la communauté juive, chrétienne et musulmane, j’ai dit qu’on pouvait faire un livre avec tous les discours, les nouvelles, en préparation de la visite de Sa Sainteté le Pape François. Nous avons ajouté la visite de Jean-Paul II en 1985 et celle de François. En suivant les discours de Sa Majesté et du Pape, on remarque qu’ils ont tous les deux parlé du dialogue interreligieux. Mais il faut faire un pas en avant, c’est-à-dire passer du dialogue à la connaissance, la connaissance réciproque et mutuelle. Car sans connaissance, il n’y a pas de respect ni d’estime. Il faut connaître la religion des autres et apprécier ce qui est bon dans chaque religion. Comme ça, on pourra avoir un futur paisible pour tous et toutes.
En tant que Nonce apostolique au Maroc, pouvez-vous nous dire comment les chrétiens voient le Royaume ?
Le Maroc pour les chrétiens est un pays extraordinaire, parce que le Roi est Amir Al Mouminine (Commandeur des croyants). Il est le garant de la liberté des cultes. Il nous protège, nous accueille et nous nous sentons comme chez nous, sans aucun problème. Nous avons toute la liberté pour pratiquer notre religion dans la paix et la collaboration avec les frères et sœurs musulmans.
Que peut-on faire selon vous pour lutter contre le rejet de l’autre ?
Il faut changer la manière de voir les choses. Le rôle de l’éducation est essentiel et il faut commencer à l’école primaire. Il faut effacer toutes les expressions de haine qu’il y a dans les livres contre les membres des autres religions et mieux se connaître.
Son Eminence Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat
«Rabat est la capitale du dialogue religieux, non seulement
pour l’Afrique, mais pour le monde entier»
Quelle démarche avez-vous adoptée pour la réalisation de cet ouvrage ?
Pour la réalisation de ce livre, plusieurs démarches ont été entreprises. On a visité une synagogue, puis on a consacré toute une journée autour de la religion juive. On a fait de même pour l’Islam et le Christianisme. La visite du pape est venue pour entamer une nouvelle étape dans ce dialogue de religions. Selon les paroles de Sa Majesté et de Sa Sainteté le Pape François, nous devons laisser de côté les mots tolérance-coexistence et passer à la connaissance mutuelle, au respect d’autrui, à la collaboration pour construire ensemble un monde meilleur selon la volonté de Dieu. Je pense que ce livre marque un peu ce passage d’une étape antérieure à une nouvelle étape dans le dialogue interreligieux. C’est pour cela qu’on peut qualifier Rabat de capitale de ce dialogue, pas seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier.
Vous êtes au Maroc depuis plusieurs années, comment qualifiez-vous le vécu des chrétiens dans ce pays ?
Nous les chrétiens, nous nous sentons très à l’aise, reconnus, protégés, estimés et appréciés, pas seulement tolérés. Nous sommes aimés et bien reçus. Nous vivons notre foi ici en toute sérénité. Et nous voulons la vivre ensemble avec l’Islam et les musulmans que nous considérons comme nos frères et nos sœurs dans la foi, parce que nous sommes tous frères et sœurs d’Adam et d’Abraham.
