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La pandémie du Covid-19 a augmenté les cas de violences à l’encontre des enfants

En raison du confinement, de la fermeture des établissements scolaires et de la restriction des déplacements, de nombreux enfants dans le monde sont restés à la maison avec des personnes qui les maltraitent, selon le Rapport de situation 2020 sur la prévention de la violence à l’encontre des enfants dans le monde.

La pandémie du Covid-19 a augmenté les cas de violences  à l’encontre des enfants

Chaque année, environ un milliard d’enfants dans le monde sont victimes d’actes de violence physique, sexuelle ou psychologique qui entraînent des traumatismes, des handicaps voire le décès. En effet, selon le dernier rapport publié par l’Unesco, l’OMS, l’Unicef, la représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies chargée de la question de la violence contre les enfants et le Partenariat pour l’élimination de la violence, un enfant sur deux dans le monde souffre de violence parce que les pays ne parviennent à appliquer les stratégies établies pour les protéger. 
Intitulé «Rapport de situation 2020 sur la prévention de la violence à l’encontre des enfants dans le monde», ce document est le premier rapport de ce type. Il rend compte des progrès accomplis dans 155 pays par rapport au cadre «Inspire», une série de sept stratégies pour prévenir et combattre la violence à l’encontre des enfants.
Selon le Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «Les enfants ne doivent être victimes de violence sous aucun prétexte. Nous disposons d’outils fondés sur des bases factuelles pour prévenir cette violence et nous appelons tous les pays à les utiliser. Il est essentiel de préserver la santé et le bien-être des enfants pour préserver la santé et bien-être de tous, aujourd’hui et à l’avenir». 
De son côté, Henrietta Fore, directrice générale de l’Unicef, a souligné que la violence à l’encontre des enfants a toujours été omniprésente, et la situation pourrait maintenant sensiblement s’aggraver. «En raison du confinement, de la fermeture des établissements scolaires et de la restriction des déplacements, beaucoup trop d’enfants ont dû rester avec les personnes qui les maltraitent et n’ont pas pu aller à l’école, où ils auraient été normalement à l’abri. Il faut d’urgence faire davantage d’efforts pour protéger les enfants pendant cette période et après, y compris en considérant les travailleurs sociaux comme essentiels et en renforçant les services d’aide téléphonique à l’enfance», a-t-elle affirmé. Des propos appuyés par Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, qui rappelle qu’avec la pandémie de Covid-19 et la fermeture des établissements scolaires, une recrudescence de la violence et de la haine en ligne, y compris du harcèlement, a été constatée. «Maintenant que les établissements scolaires commencent à rouvrir, les enfants expriment leur crainte de retourner à l’école. Nous sommes collectivement responsables de veiller à ce que tous les enfants soient en sécurité à l’école. Nous devons réfléchir et agir collectivement pour mettre un terme à la violence en milieu scolaire et dans nos sociétés en général», a indiqué la directrice générale de l’Unesco. 
D’après ce nouveau rapport, les mesures de confinement et la fermeture des établissements scolaires ont limité les sources habituelles de soutien aux familles et aux personnes (amis, famille élargie, professionnels). Ainsi, les victimes ont encore moins la possibilité de gérer les crises et la réorganisation de leur vie quotidienne. On a observé une forte augmentation du nombre d’appels aux centres d’aide téléphonique aux enfants maltraités et aux victimes de violence du partenaire intime.
Et les communautés en ligne sont devenues essentielles pour que de nombreux enfants continuent à apprendre, à jouer et à bénéficier de soutien, mais on a observé une recrudescence des comportements néfastes en ligne, dont le cyber-harcèlement, les conduites à risque et l’exploitation sexuelle.
«Pendant la finalisation de ce rapport, les mesures de confinement et la perturbation des services de protection de l’enfance, déjà limités, ont exacerbé la vulnérabilité des enfants face aux différentes formes de violence», dit Najat Maalla M’jid, représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies chargée de la question de la violence contre les enfants. «Pour répondre à cette crise, il est indispensable de mettre en place un cadre d’action multisectoriel unifié et axé sur les droits de l’enfant. À cet égard, les gouvernements, les donateurs bilatéraux et multilatéraux, la société civile, le secteur privé et les enfants, dont l’opinion doit être entendue et réellement prise en compte, doivent se mobiliser pour que les enfants soient protégés comme il se doit et puissent tous s’épanouir et livrer pleinement leur potentiel», ajoute-t-elle.
En outre, le rapport signale que tous les pays doivent absolument intensifier leurs efforts pour appliquer ces stratégies. Si la quasi-totalité des pays (88%) dispose de lois pour protéger les enfants de la violence, moins de la moitié des pays (47%) ont indiqué que ces lois étaient appliquées avec fermeté. 
Le rapport comprend les toutes premières estimations mondiales des homicides parmi les enfants de moins de 18 ans. Les estimations précédentes étaient basées sur des données qui englobaient les enfants de 18 ans et de 19 ans. Il ressort de ces nouvelles estimations qu’en 2017, quelque 40.000 enfants environ ont été victimes d’un homicide. «Parmi les stratégies «Inspire», c’est la scolarisation qui a progressé le plus, 54% des pays indiquant qu’un nombre suffisant d’enfants qui en avaient besoin étaient scolarisés. Entre 32 et 37% des pays considéraient que les victimes de violence avaient accès à des services d’appui, tandis que 26% des pays disposaient de programmes d’appui aux parents et aux personnes ayant la charge des enfants, 21% des pays disposaient de programmes destinés à modifier les normes néfastes et 15% des pays avaient fait des modifications pour offrir aux enfants un environnement physique sûr», précisent les différentes agences onusiennes dans le rapport. Et d’ajouter que «Bien que la majorité des pays (83%) disposent de données nationales sur la violence à l’encontre des enfants, 21% d’entre eux seulement s’en servent pour établir des valeurs de référence et des cibles nationales afin de prévenir et de combattre cette violence».
Par ailleurs, le rapport indique qu’environ 80% des pays disposent de plans d’action et de politiques à l’échelle nationale, mais un cinquième d’entre eux seulement ont des plans intégralement financés ou des cibles mesurables. Il est probable que le manque de financement et de professionnels contribue à cette situation et explique la lenteur de la mise en œuvre.
Enfin, les différentes agences onusiennes ont affirmé qu’elles continueront à collaborer avec les pays pour mettre totalement en œuvre les stratégies «Inspire» en renforçant la coordination, en élaborant et en appliquant des plans d’action nationaux, en privilégiant la collecte de données et en renforçant les cadres législatifs. Les agences assurent qu’une action à l’échelle mondiale s’impose pour que tous les pays puissent bénéficier du soutien financier et technique nécessaire et que le suivi et l’évaluation sont indispensables pour déterminer dans quelle mesure ces efforts de prévention profitent effectivement à tous ceux qui en ont besoin. 
«Il est impératif, il est judicieux et il est possible de mettre un terme à la violence à l’encontre des enfants. Il est temps de financer intégralement des plans d’action nationaux complets qui garantiront la sécurité des enfants dans leur foyer, à l’école, en ligne et dans leur entourage. 
Nous pouvons et nous devons créer un monde dans lequel chaque enfant puisse s’épanouir sans être victime de violence puis être en bonne santé et mener une vie prospère à l’âge adulte», dit Howard Taylor, du Partenariat pour l’élimination de la violence. 


Détails du rapport

Les données utilisées pour établir le rapport ont été compilées à l’issue d’une enquête menée de 2018 à 2019, à laquelle ont répondu plus de 1.000 décideurs de 155 pays. Les stratégies «Inspire», lancées en 2016, consistent à mettre en œuvre et appliquer les lois, à modifier les normes et les valeurs pour rendre la violence inacceptable, à créer des environnements physiques sûrs pour les enfants, à fournir un appui aux parents et aux personnes ayant la charge des enfants, à renforcer les revenus et la sécurité et la stabilité économiques, à améliorer les services de lutte et d’appui aux victimes et à offrir aux enfants une éducation et des savoir-faire pratiques.

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