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Quelles perspectives d’emploi dans le secteur de l’IT ?

La pandémie du Covid-19 a provoqué de nombreux changements dans les process des organisations. Le digital s’est imposé comme solution aux différents acteurs socioéconomiques, qui ont dû s’adapter aux restrictions sanitaires et repenser leurs modes opératoires pour poursuivre leurs activités. Pour le secteur de l’IT, cette crise présente une opportunité pour assister la transformation digitale des organisations. D’où le besoin de se doter de compétences capables d’accompagner les nouvelles mutations dans le monde d’après Covid-19.

Quelles perspectives d’emploi dans le secteur de l’IT ?

La multinationale hispano-japonaise Everis, installée depuis 2016 à Tetouanshore, a organisé récemment un webinaire autour du thème «Opportunités de carrière IT, post Covid-19», en présence de différents acteurs du secteur, notamment Amine Zarouk, président de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’Offshoring (APEBI), Alexandra Montant, DGA de Rekrute.com, et Abdellatif Moukrim, doyen de la Faculté des sciences de Tétouan.
«Cette crise sera positive pour le secteur à moyen terme, étant donné que c’est la réticence vis-à-vis du digital et de l’IT qui a toujours bloqué le développement de certains grands projets. Nous avons des entreprises qui étaient réticentes à recruter des personnes qui travaillent à distance ou en dehors de leurs locaux, mais qui sont plus souples aujourd’hui», estime le président de l’APEBI, Amine Zarouk.
Un constat confirmé par Fred Sabbah, directeur général d’Everis, qui affirme que la crise présente des opportunités pour le secteur avec l’accélération de la transformation digitale dans plusieurs domaines : «La digitalisation va s’accélérer non seulement dans le privé, dans l’administration mais aussi dans l’enseignement et même dans les processus de recrutement».
«Côté recrutement, il y a également eu beaucoup de changements. On est passé au digital, notamment pour les entretiens et la signature des contrats, qui se faisaient à distance en période de Covid-19, et cela a bien marché», a souligné, pour sa part, Alexandra Montant. La DGA de ReKrute.com s’attend à une explosion des recrutements dans le secteur IT, puisqu’il y a un réel besoin. «En 2019 rien que sur ReKrute, il y avait 315.000 postes ouverts pour les profils IT», a-t-elle indiqué.
Pour satisfaire le besoin des entreprises en compétences, le doyen de la Faculté des sciences de Tétouan, Abdellatif Moukrim, a noté la nécessité «d’augmenter le nombre d’étudiants dans les filières en relation avec l’IT et organiser des formations continues avec les entreprises pour répondre à ce besoin, et permettre aux employés de travailler indépendamment de l’espace et du temps, et accompagner ainsi la digitalisation au Maroc».
Le responsable a rappelé, dans ce sens, que des formations de reconversion ont été réalisées en 2019 avec Everis, afin de former des étudiants en mathématiques, physique ou biologie au développement informatique pour subvenir à la pénurie de ressources. La Faculté, qui compte près de 9.000 étudiants et plus de 200 enseignants-chercheurs, s’est par ailleurs rapidement adaptée pour poursuivre le déroulement des cours grâce à des sessions virtuelles organisées en 48h et qui ont encouragé la Faculté à envisager de développer le e-learning dans le futur.

Le télétravail va-t-il s’installer de façon durable ?
Le sujet du télétravail a naturellement été abordé lors du webinaire en raison du confinement et de l’adaptation rapide des sociétés du secteur à ce nouveau modèle de fonctionnement. Selon Alexandra Montant, le télétravail n’existait pas au Maroc, ou exceptionnellement dans certaines entreprises. «Seul 14% des employés ont déjà fait du télétravail, parce qu’ils étaient malades ou en congé. Après le Covid-19, nous avons eu des entreprises qui sont passées au télétravail en 24 h, et c’était un choc positif autant pour les collaborateurs que pour les managers et directeurs», a-t-elle expliqué. La DGA de ReKrute a par ailleurs présenté quelques avantages du télétravail, en termes de recrutement, comme offrir la possibilité aux personnes éloignées de travailler depuis n’importe quelle ville, et recruter des personnes qui n’étaient pas accessibles auparavant.
Même son de cloche auprès du DG d’Everis, Fred Sabbah, qui a souligné les avantages de cette transformation : «La société Everis avait déjà mis en place un programme de flexibilité EverFlex depuis 2019 pour permettre à ses collaborateurs de faire du télétravail 1 jour/semaine. Avec cette expérience, tout indique que le télétravail sera encore plus généralisé et va rester dans le panorama marocain». Selon ses estimations, le télétravail sera maintenu au moins jusqu’en septembre, le groupe prévoit également d’offrir encore plus de flexibilité à nos collaborateurs dans le futur. «Notre priorité a été dès le début de privilégier la santé de nos équipes, et nous continuerons à le faire», a-t-il affirmé.

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Entretien avec Fred Sabbah, directeur général d’Everis

«Cette expérience nous a démontré que les projets peuvent se réaliser sans avoir toutes les ressources au même endroit»

Management et Carrière : En tant qu’acteur du secteur IT, comment avez-vous fait pour affronter cette pandémie ?
Fred Sabbah :
Le groupe Everis, qui compte plus de 27.000 collaborateurs dans 17 pays, a su réagir de manière efficace pour disposer de 100% de ses professionnels en mode télétravail en moins de 48 heures. Au Maroc, les 150 collaborateurs ont poursuivi leur activité en mode télétravail dès le lundi 16 mars, date de début du confinement.
L’objectif principal a toujours été la santé de nos collaborateurs et leur confort tout en maintenant la continuité de services pour nos clients, qui en aucun cas ne pouvaient se voir pénalisés.
Pendant cette période, notre activité s’est déroulée en toute normalité, aussi bien au niveau de la réalisation de nos projets qui ont connu des pourcentages de productivité similaires à la période pré-Covid-19, mais également les processus de recrutement ont continué à se dérouler de manière efficace - en ligne – ainsi que les formations, promotions de catégorie qui ont continué et les personnes en périodes d’essai ont été confirmées.
De nombreuses activités ont été réalisées pendant cette période pendant laquelle la communication interne est un facteur clé afin de rassurer nos collaborateurs face à cette nouvelle situation qui pouvait générer des incertitudes. Dans ces conditions, le management de proximité est important pour maintenir la motivation des équipes.
Des activités parallèles se sont maintenues comme la formation technique, les formations en langues, mais aussi de nouvelles activités en ligne comme le Virtual-café, les sessions de Emotional Wellness, Yoga, actions sociales pendant le Ramadan, etc.

Le télétravail est-il en passe de devenir indispensable pour certains métiers, notamment dans les nouvelles technologies ?
Le télétravail n’est pas indispensable, mais représente un élément clé pour améliorer la qualité de vie et de travail des collaborateurs et améliorer la conciliation entre vie personnelle et professionnelle.
Dès 2019, Everis avait mis en place un programme de flexibilité EverFlex pour permettre à ses collaborateurs de faire du télétravail 1 jour par semaine. Avec cette expérience, tout indique que le télétravail sera généralisé et va rester dans le panorama marocain.
Nous avons demandé à nos collaborateurs leurs préférences quant à un possible retour dans nos bureaux de Cabo Negro et la réponse a été surprenante : seuls 25% souhaitent revenir avant le mois de septembre, 33% en septembre et 43% souhaitent rester en mode télétravail.
Nous allons maintenir le télétravail au moins jusqu’en septembre et prévoyons d’offrir encore plus de flexibilité à nos collaborateurs dans le futur. Notre priorité est également d’offrir un équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Pour cela, nous pensons que le % de télétravail pourra avoisiner les 40%.
Le télétravail peut être positif pour les entreprises. Il peut ouvrir d’autres opportunités de recrutement, dans la mesure où il offre la possibilité à des personnes éloignées de travailler dans des villes où elles ne seront pas obligées d’habiter, ce qui est une nouvelle voie de recrutement pour nous.
Il peut permettre à certains collaborateurs de continuer leur activité professionnelle pendant une période de leur vie où la présence à domicile est nécessaire pour passer plus de temps avec des enfants en bas âge ou quand les couples ne peuvent compter sur l’aide des grands-parents qui vivent loin.
D’un autre côté, les gens qui travaillaient en freelance se sont rendu compte qu’en cas de crise, leur salaire n’est pas garanti. Beaucoup de personnes ont donc commencé à chercher des postes en entreprises, ce qui donne l’opportunité aux sociétés de recruter des seniors qui n’étaient pas accessibles auparavant. 
Quant aux freins de ce mode de travail, il s’agit principalement de :
• L’aspect technique notamment une mauvaise connexion pour 28% d’entre eux.
• Le confort pour disposer d’un espace à domicile qui réunit les conditions en termes de mobilier de bureau, chaises…
• L’isolement social créé par le télétravail, qui fait que le sentiment d’appartenance à l’entreprise est plus difficilement perceptible.

Qu’en est-il des opportunités dans le secteur après cette crise ?
Cette crise sera positive pour le secteur à moyen terme, étant donné que la réticence vis-à-vis du digital et de l’IT est ce qui a toujours bloqué le développement de certains grands projets. Pour le cas de l’offshoring, la réduction des coûts de nos donneurs d’ordre et la preuve qu’il est possible de délivrer les projets à distance sont des atouts qui devraient favoriser le développement de l’offshoring et de nouveaux projets de digitalisation.
Cette expérience nous a démontré que les projets peuvent se réaliser sans avoir toutes les ressources au même endroit et cette réticence est désormais levée, ce qui ouvrira de nouvelles opportunités de croissance.
Dans ce nouveau cadre, la digitalisation va s’accélérer non seulement dans le privé, dans l’administration, mais aussi dans l’enseignement, et même dans les processus de recrutement, qui se déroulent aujourd’hui en ligne.
Les universités également sont des acteurs importants pour former les futurs professionnels du secteur sachant la pénurie d’informaticiens qui existe aujourd’hui sur le marché. 
Des programmes de reconversion, comme Everis a lancé en 2019 avec la Faculté des Sciences de Tétouan, devraient permettre de former à l’informatique des ingénieurs issus des filiales scientifiques (mathématiciens, physiciens, biologistes…). 

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