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«Nous sommes en train de nous chercher pour trouver notre chemin et notre place dans l’univers du cinéma»

Producteurs avec le Label NFS et Garai Gold Prod, Nour Ayatallah et son frère Younes ont participé au 21e Festival national du film à Tanger avec les longs métrages «Otages» de Mehdi El Khaoudy et «The Punch» réalisé par Mohamed Amine Mounna. À cœur ouvert, Nour Ayatallah nous raconte le fonctionnement du monde de la production.

«Nous sommes en train de nous  chercher pour trouver notre chemin et notre place dans l’univers du cinéma»
Nour Ayatallah.Ph. Kartouch

Le Matin : Qu’est-ce qui vous a encouragé à entrer dans le monde de la production, sachant que c’est un domaine difficile et qu’on n’y réussit pas à tous les coups ?
Nour Ayatallah
: En tant que diplômé dans la réalisation, j’avais envie d’être réalisateur. Mais les conditions ne m’ont pas permis de réaliser et produire mon premier film, il y a treize ans. J’ai rencontré beaucoup d’obstacles, en tant que Marocain immigré en Amérique qui vient investir dans son pays. C’était une expérience très dure pour moi. Après cette mauvaise expérience, j’ai opté pour la location du matériel cinématographique et la production pour pouvoir, à l’avenir, ne plus avoir besoin de quelqu’un pour me produire.

Comment avez-vous trouvé le domaine de la production ?
Il est assez difficile. Il y a deux cas : celui où le Centre cinématographique marocain soutient les producteurs et les sociétés de production de films, puis le cas des autoproductions. Mais comme j’ai fait un peu de chemin dans ce domaine, je peux vous dire que je suis passé par de bonnes et de mauvaises expériences.

Parlez-nous un peu de ces expériences ?
Ma première expérience, à l’âge de 27 ans, était en tant que réalisateur, en 2007. Je suis rentré d’Amérique, où j’ai grandi, pour accomplir «le rêve marocain». En trois mois, j’ai été arnaqué. Mais de cette mauvaise expérience j’ai énormément appris. Dans le temps, tous mes amis, mes proches et la famille me disaient que j’étais fou de choisir ce domaine. Sauf feu mon père et mon frère Younes qui avaient cru en moi. Mon père m’avait dit un jour : si vous voulez être réalisateur, il ne faut pas dépendre des producteurs. Il faut être autonome. C’est ce que j’ai fait. Quand je suis rentré au Maroc, j’ai commencé par acheter du matériel pour le tournage (caméras, lumière, machineries, camions de cinéma, camions-cuisine). Notre société est, actuellement, équipée de A à Z. Je peux tourner un film quand je veux.

Et les autres expériences ?
On a fait une coproduction maroco-italienne d’un film, avec un réalisateur italien. Puis «Jamal Afina, Catharsys» de Yassine Marco Maroccu (2018) qui a remporté plusieurs Prix et a été nominé dans plusieurs festivals à l’étranger. Ensuite «Otages» de Mehdi Khaoudy que nous avons produit, moi et mon frère Younes, pour le marché arabe dans lequel il va tourner prochainement. Nous avons aussi travaillé sur un autre film avec El Hachimi Mouatassim Billah. On essaye, à chaque fois, d’aborder une thématique différente. Car nous sommes en train de nous chercher pour trouver notre chemin et notre place dans l’univers du cinéma et des producteurs dans le monde. À chaque fois, on cible un marché avec la langue qui marche dans ce pays. On souhaite collaborer avec d’autres sociétés pour faire de grandes productions, avec une tête d’affiche américaine. Dans ce cas, le film peut être distribué mondialement. C’est notre rêve. Comme nous pensons avoir notre propre cinéma pour projeter nos films.

Qu’est-ce qui vous a motivé à persévérer malgré les déceptions que vous avez connues ?
La passion et la volonté de vouloir réussir. C’est comme le film que vous avez vu au festival, «The Punch». Quand tu as une cible dans la vie, tu fais les mains et les pieds pour l’atteindre, même s’il y a des complications. Au contraire, les obstacles te donnent plus de force et détermination.

Quelle est votre stratégie pour le marché marocain ?
Nous sommes en train de préparer avec trois réalisateurs, pour 2020, trois films de comédie haut standing où il y a un message et de la morale. C’est le côté commercial que nous cherchons aussi. Parce que c’est la seule manière pour gagner le marché au Maroc. Nous pensons à la réalisation de la deuxième partie du long métrage «The Punch», dont le scénario est presque finalisé. Puis un film américain avec Shia LaBeouf et qui sera tourné au Maroc.

Quelle est votre démarche dans le travail ?
On a maintenant de l’expérience. Nous avons nos cartes de producteur et de directeur de production, moi et mon frère. On se concentre plus sur le scénario et la manière de le réaliser avec le réalisateur. Et ce pour se mettre d’accord sur plusieurs points. Il ne faut pas oublier que le réalisateur est un artiste et qu’il ne met pas de limite à ses demandes. Donc, on essaye de lui donner ce qui est raisonnable et efficace. Si le producteur, le réalisateur et l’acteur principal se comprennent bien, tout marche à merveille.

Est-ce que vous ne ciblez pas les réalisateurs très connus au Maroc pour réussir le pari ?
C’est ce que j’ai fait au début en tant que producteur débutant. Mais ceux que j’ai contactés n’ont pas voulu travailler avec moi. 

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