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«Une stratégie marque prospective et une gouvernance saine, les clés pour promouvoir le Made in Morocco»

La promotion du Made in Morocco nécessite une mobilisation générale de tous. État, opérateurs économiques, société civile, citoyens, nous sommes tous concernés et nous devons tous porter ce projet crucial pour notre pays. L’Association marocaine des marques marocaines (APMM) porte également ce message et œuvre, depuis sa création en 2013, pour la promotion de la marque Maroc. Éclairages avec son président, Adil Lamnini, invité de L’Info en Face.

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La pandémie et le Made in Morocco 

Après le masque marocain, le respirateur, le lit de réanimation, le test PCR… pourquoi pas un vaccin marocain ? Avons-nous raté le virage à ce niveau ? Non, répond Adil Lamnini, entrepreneur et président de l’Association professionnelle des #Marques Marocaines. «Au contraire, cette pandémie a ramené le débat sur le Made in Morocco au-devant de la scène. Cependant, les actions tardent à venir», indique l’invité. Évoquant le projet de production du vaccin du laboratoire Sinopharm au Maroc, 

M. Lamnini indique que c’est une belle opportunité pour le Maroc qui va ainsi se positionner comme un sous-traitant donnant ainsi une image forte au monde quant à sa capacité de produire un vaccin et de le distribuer en Afrique subsaharienne. De plus, ces entreprises qui produisent au Maroc sont éligibles au label Made in Morocco, s’il le souhaite, du moment qu’elles respectent les normes en matière de taux d’intégration. 

 

Le label made in Morocco est un choix, il n’obéit pas à une loi Pour les entreprises, le label Made in Morocco demeure un choix qui n’entre pas dans le cadre d’une loi, mais un choix de raison. Ceci interpelle justement sur la gouvernance de ces entreprises, notamment les TPME qui constituent 95% du tissu économique national. «Ces entreprises n’ont pas conscience du fait qu’il existe une possibilité pour s’adosser au label fort à mettre en avant en plus de sa norme d’origine pour mieux être exposé au marché extérieur. Nos TPME doivent aller au-delà de leurs business plan de départ et s’orienter vers un «brand plan» pour identifier l’identité de l’entreprise à moyen et long termes, adapter le produit aux spécificités locales et à la concurrence pour aller chercher une performance sur un marché. Aujourd’hui, il ne faut pas se contenter du marché local ou national, mais faire rayonner la marque marocaine à l’international.» Mais est-ce le moment de penser à un plan de marque alors que le monde est en crise ? Oui, répond l’invité de Rachid Hallaouy. Bien au contraire, l’histoire nous a démontré que c’est en temps de crise que bien des révolutions ont été une réussite, affirme-t-il. «Le business modèle d’une entreprise a des limites, et il ne peut être transformé en un modèle de performance qu’à travers la coupure avec l’ancien qui a d’ailleurs montré ses failles face à la crise. Aujourd’hui, si on maintient les mêmes méthodes, on aura les mêmes résultats face à la crise, mais si on innove, on aura de nouveaux résultats plus intéressants», explique M. Lamnini qui lance un appel aux entreprises pour créer une nouvelle communication autour de leurs marques en adéquation avec le changement du contexte global et des attentes des consommateurs. 

 

Consommer marocain : oui, mais ! 

Au-delà de la volonté de promouvoir et d’encourager le produit marocain, quel rapport qualité/prix propose-t-on au consommateur dans le respect des standards internationaux ? Cette problématique représente en effet l’un des axes de travail de l›Association professionnelle des Marques Marocaines qui appelle justement à la placer dans le cadre d’une stratégie qui converge vers l’intérêt national, avec des contingents de contrôle aux normes internationales. «L’un des projets majeurs portés par l’APMM est justement la mise en place d’un code-barres généralisé pour une meilleure traçabilité du produit. C’est l’une des solutions rapides et urgentes à mettre en place. Ce code-barres qui commence par 611 facilitera l’identification de la marque Maroc», souligne le président de l’association qui propose même de le retenir comme préalable à toute création d’entreprise, au même niveau de l’ICE. «Aujourd’hui, il y a des entreprises qui utilisent des codes-barres téléchargés au hasard sur internet et qui échappent à tout contrôle», alerte l’invité de L’Info en Face. Cette traçabilité est importante pour les entreprises, car elle permet, entre autres, de quantifier le produit Maroc et donc, mettre en avant dans la cartographie des échanges le vrai poids du Made in Morocco, explique M. Lamnini. 

 

Le Made in Morocco, c’est l’affaire de tous

La stratégie de ré-industrialisation lancée par le gouvernement arrive à point nommé pour propulser la marque Maroc. Sa réussite reste conditionnée par l’implication et l’engagement de l’ensemble des acteurs de l’écosystème dans sa globalité. Société civile, citoyens, partis politiques industriels, opérateurs économiques… le Made in Morocco est l’affaire de tous, la réussite de cette stratégie de ré-industrialisation en dépendra. C’est en somme l’avis que défend le président de l’APMM qui insiste sur le rôle des partis politiques qui doivent porter ce projet à travers même leurs programmes électoraux. Il appelle également à des actions plus soutenues de la part du gouvernement pour accélérer le décollage du Made in Morroco. À cet égard il s’interroge pourquoi l’État ne met pas en place une cartographie des produits «Made in Morocco» pour identifier, à travers les différentes régions du Royaume, les forces de production pour mieux gérer cette stratégie nationale. «Pour pouvoir développer, il faut bien capitaliser sur l’existant ! Il faut identifier nos points forts, savoir ce que l’on peut produire en interne, connaître les taux d’intégration de ces produits par région…», s’interroge M. Lamnini.

 

Maroc/États-Unis, une opportunité pour le Made in Morocco 

Le signal fort donné par les États-Unis au Maroc, au-delà de son impact politique, est un enjeu pour l’économie marocaine et un défi pour l’entreprise marocaine.

L’entreprise marocaine est-elle capable de saisir l’opportunité de cette ouverture vers les États-Unis et être compétitive par rapport aux exigences américaines ? «Ce genre d’opportunité ne date pas d’aujourd’hui. Déjà en 2004, on devait être en adéquation avec les normes d’exportation aux États-Unis pour promouvoir le produit marocain. Il est donc temps de savoir négocier ce virage de manière professionnelle et mettre les produits marocains aux normes, certes strictes, des états unis, à l’instar des normes de la FDA, pour arriver à accéder à ce marché, le premier au niveau mondial». La perspective d’accueillir des entreprises américaines au Maroc est également une opportunité pour le Royaume à condition de créer un partenariat win-win. «Le fait de produire sur le territoire national avec un certain taux d’intégration donne automatiquement le droit d’avoir le label «Made in Morocco. Mais pour définir ce taux, malheureusement il n’existe pas de référence bien déterminée et les recommandations de l’OMC sont autour de 35% à 70% selon les pays. Ce qu’on préconise aujourd’hui, c’est de tirer des leçons des expériences internationales et donner plus d’importance à la préférence nationale dans les conventions de partenariat avec les investisseurs étrangers». 

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