Menu
Search
Mercredi 10 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 10 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Nation

Abdelghani Youmni : «Le projet libéral du RNI gagnerait à chercher une cohérence avec le programme social de l’Istiqlal et de l’USFP»

Le gouvernement Akhannouch doit faire face à de multiples défis politiques, mais également économiques et sociaux. Très attendu par les Marocains en quête de changement, le prochain exécutif doit fixer ses priorités et agir efficacement. Même avec toute la bonne volonté du monde, les résultats ne seront perceptibles qu’en 2023, note Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques. Pour lui, une des pistes à explorer pour gagner le pari du développement est de miser sur le social.

Abdelghani Youmni : «Le projet libéral du RNI gagnerait à chercher une cohérence avec le programme social de l’Istiqlal et de l’USFP»

Répondre à des urgences économiques, mais aussi sociales, éducatives et de formation professionnelle, tel est la mission de l’Exécutif en cours de constitution. C’est en ces termes que Abdelghani Youmni, économiste, spécialiste des politiques publiques, invité de l’Info en Face, a ouvert le débat sur les enjeux et les défis économiques à relever par le prochain gouvernement à la lumière des tractations et alliances menées actuellement pour trouver la bonne combinaison politique et économique. En d’autres termes, le futur gouvernement doit redoubler d’efforts pour lutter contre les inégalités territoriales et de revenus. Selon l’économiste, les opportunités offertes sont légion. Il s’agit aussi, selon lui, d’être à la hauteur de la transition démographique que vit le Maroc.  De l’avis de M. Youmni, «le Maroc a fait en 22 ans une transition démographique que beaucoup de pays européens ont construite en 180 ans. Aujourd’hui, nous avons 50,6% de Marocains qui ont entre 0 et 28 ans et la moyenne d’âge au Maroc est de 27 ans», a-t-il rappelé. Une force que le Maroc doit vite utiliser pour se développer, «car la courbe est déjà en train de changer». 

Interrogé sur l’identité du gouvernement 2021-2026, l’invité de l’Info en Face est favorable à la constitution d’une équipe gouvernementale «neuve». «Les Marocains ont voté pour du neuf, ils veulent du neuf, il leur faut un gouvernement neuf. Il faut, peut-être, repartir avec de nouveaux visages, de nouveaux profils, sachant que les tractations se poursuivent, et surtout éviter une “balkanisation” du futur gouvernement», estime-t-il. Et de rappeler que pour la plupart des démocraties mondiales, notamment les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), on peut être dans la majorité sans avoir de portefeuille. Dans une démocratie crédible, il faut avoir une majorité et une opposition, tout en maintenant l’équilibre, c’est important, précise l’économiste. «Placer les 3/4 des députés dans la majorité est un choix à bannir», recommande-t-il.  Pour l’économiste, si on ne parvient pas à créer cet équilibre, les projets de loi et la loi de Finances, par exemple, vont circuler sans opposition, sans amendements et sans aucun problème». Une chose à éviter dans une démocratie.

Focus sur le volet social 

Toujours aux yeux de Abdelghani Youmni, ce sont les trois partis libéral, social-démocrate et social-national – Le RNI, le PI et l’USFP – qui forment le trio de tête pour une majorité cohérente.  Il a, par ailleurs, relevé qu’il est bien normal que le programme du parti majoritaire soit appliqué en priorité en lâchant du lest, lors des négociations, sur une ou deux autres mesures. Le social et la fiscalité, ajoute-t-il, doivent devenir aussi des priorités du projet libéral du RNI. C’est aussi ce volet social que pourraient lui apporter l’Istiqlal et l’USFP, avance l’invité. Et de souligner que, de par le monde, ce sont les démocraties sociales qui triomphent et sortent victorieuses des élections. En somme, réussir la croissance reste tributaire «d’un programme économique fort, mais aussi de la redistribution des revenus du travail et de la redistribution d’allocations aux personnes les plus nécessiteuses», note le spécialiste en politiques publiques. C’est d’ailleurs une des mesures du parti de la colombe qui a présenté un programme ambitieux à forte vocation sociale basé, entre autres, sur l’institutionnalisation de la redistribution sociale. L’invité de L’Info en Face n’a pas manqué dans son entretien de saluer les promesses sociales de Aziz Akhannouch, notamment celle concernant la mise en place du «minimum vieillesse de 1.000 dirhams» au profit des Marocains vulnérables de plus de 65 ans, même s’il reste prudent sur l’aboutissement des promesses du parti par rapport à l’emploi. 

À la question de savoir si le RNI apportera des modifications au projet de loi de Finances 2022, M. Youmni explique que «le projet de loi de Finances 2021 a été amendé à cause de la pandémie et ce sera le cas pour le PLF 2022 qui subira, probablement, de légères modifications touchant le volet social». Une des conditions d’ailleurs du PI et de l’USFP pour rentrer au gouvernement. Une majorité gouvernementale est donc, selon l’économiste, celle qui réussira à créer une cohésion entre l’économique, le social, certes, mais aussi le culturel. Elle doit travailler sur un programme qui englobera l’ensemble de ces éléments, mais dont les fruits ne seront perçus qu’en 2023, estime l’invité. 

Lisez nos e-Papers