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Attention à la surexposition des banques au secteur public !

Ayant un accès limité au financement extérieur, les administrations et les grandes entreprises publiques du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord se sont tournées vers les banques de leur pays. L’exposition des banques au secteur public a ainsi augmenté notamment au Maroc où elle a atteint 20% du total des actifs en 2020, contre 15% en 2008. Elle devrait encore s’accélérer dans les années à venir, ce qui pourrait évincer le crédit au secteur privé à un moment où le financement est impératif pour stimuler la reprise, alerte le FMI.

Attention à la surexposition des banques au secteur public !
Depuis la crise financière mondiale (2008-2010), les banques nationales des pays émergents de la région MENA ont accru leur exposition au secteur public.

Face à la crise de la Covid 19, les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) ont pris des mesures sans précédent en termes d’ampleur et d’urgence. Si cette réponse énergique a permis de sauver des vies et d’amortir le choc économique, elle a également exacerbé les facteurs de vulnérabilité liés à la dette et entraîné une forte hausse des besoins de financement. Ayant un accès limité au financement extérieur, les administrations et les grandes entreprises publiques se sont tournées vers les banques de leur pays. Ainsi, le volume des prêts consentis par les banques au secteur public a augmenté dans plusieurs pays de la région MOANAP (MENA+ Afghanistan et Pakistan), dans une proportion allant de plus de 20 à 60% du total des actifs des banques. Le Maroc ne fait pas exception, d’après une nouvelle analyse publiée par le Fonds monétaire international (FMI).

Selon l’institution, depuis la crise financière mondiale (2008-2010), les banques nationales des pays émergents de la région MENA ont accru leur exposition au secteur public. Au Maroc, le volume des prêts consentis par les banques locales au secteur public a augmenté à 20% du total des actifs contre 15% en 2008. Ce niveau reste néanmoins beaucoup moins élevé que celui observé dans d’autres pays, comme le Liban (67%), l’Égypte (54%) ou encore l’Algérie (50% environ). À titre de comparaison, l’exposition des banques de pays émergents au secteur public se situe à 12% dans les autres régions du monde en 2020.

Risque d’accélération du phénomène
Selon les experts du FMI, bien qu’un tiers des pays de la région ait eu recours aux marchés financiers internationaux (représentant ensemble 25,5% des titres émis par des pays émergents dans le monde), les financements nationaux ont joué un rôle essentiel, en particulier durant la première phase de la crise, lorsque les marchés internationaux étaient perturbés. Par exemple, l’Égypte, la Jordanie, le Pakistan et la Tunisie ont couvert plus de 50% de leurs besoins bruts de financement public grâce à des financements octroyés par le secteur bancaire national en 2020.
La situation reste difficile. Dans cette région, les besoins bruts de financement public devraient atteindre 1.044 milliards de dollars au total en 2021-2022, contre 780 milliards en 2018-2019. Les besoins de financement en 2021-2022 resteraient supérieurs à 15% du PIB en moyenne dans la plupart des pays émergents de la région MOANAP, les besoins liés au remboursement de la dette extérieure étant toutefois limités (environ 4% du PIB).

«Sachant que la possibilité de recourir intensément aux marchés internationaux devrait rester limitée, il est probable que l’exposition des banques au secteur public s’accélère dans les années à venir, ce qui pourrait évincer le crédit au secteur privé à un moment où le financement privé est impératif pour stimuler la reprise», alertent les experts du FMI.

En outre, les besoins budgétaires pourraient augmenter encore de 3% du PIB dans un scénario de choc potentiel supposant un resserrement rapide des conditions financières mondiales et un retard dans le rééquilibrage des finances publiques dû à la lenteur de la reprise. Si les banques locales financent ces besoins inopinés, en plus des ressources nécessaires en 2021-2022, plusieurs pays absorberaient 10 à 23% supplémentaires des actifs des banques sous forme de dette publique d’ici à la fin de 2022. Développer les marchés de capitaux nationaux, élargir progressivement la base d’investisseurs et faire en sorte que le secteur bancaire puisse davantage diversifier leurs actifs, contribueraient, selon le FMI, à réduire les risques de surexposition des banques par rapport au secteur public. À moyen terme, les décideurs pourraient modifier la réglementation bancaire de sorte que les portefeuilles d’actifs des banques ne privilégient pas autant le secteur public, notamment les obligations d’État, préconise le FMI.

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