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Le bois de chauffage, une problématique récurrente

Le bois de chauffage, une problématique récurrente
Le grand souci des habitants du Moyen Atlas n’est autre que le bois de chauffage, dont les prix varient entre 1.000 et 1.200 DH la tonne, sachant qu’une famille a besoin d’au moins 4 tonnes pour passer l’hiver.

La saison d’hiver dans la région du Moyen Atlas, en général, et dans la province d’Ifrane, en particulier, n’est pas de tout repos, tant pour les autorités qui veillent à la sécurité des citoyens enclavés par les neiges au fin fond des zones montagneuses que pour les habitants. Ces derniers n’ont qu’un seul souci : obtenir le bois de chauffage indispensable pour faire face au froid rude et aux aléas climatiques de la saison telles les grandes pluies, les chutes de neige et les gelées, avec des températures allant de -10 °C à -18 °C.
En effet, le grand souci des habitants du Moyen Atlas et de la province d’Ifrane n’est autre que le bois de chauffage, dont les prix varient entre 1.000 et 1.200 DH la tonne, sans compter les frais de transport, sachant qu’une famille a besoin d’au moins 4 tonnes pour passer l’hiver.
Selon Hamid Agourame, un autochtone de la ville d’Ifrane, bien qu’on n’enregistre plus les enneigements des années 1960 et 1970, avec des hauteurs allant de 80 à 120 cm par endroits, la saison d’hiver de nos jours, avec ses faibles chutes de neige qui ne dépassent guère les 50 cm, reste toujours assez rude et difficile à vivre dans ces régions de montagne.
«Avec les températures très basses et les gelées enregistrées en hiver dans les régions montagneuses et à Ifrane notamment, on ne peut pas se passer de 4 à 5 tonnes de bois de chauffage par saison, soit un budget de plus de 5.000 DH, sans compter les frais pour l’achat de vêtements chauds et de la bonne nourriture qui s’imposent en pareilles circonstances», a-t-il souligné.
Dans ce même cadre de problématiques liées au bois de chauffage, il y a lieu de noter que pour ce besoin pressant et au risque de poursuites en justice, les gens procèdent à l’abattage clandestin d’arbres, menaçant de la sorte les forêts par des abattages anarchiques et non contrôlés. 

Péril en la demeure 
Selon la Direction régionale des eaux et forêts et de la lutte contre la désertification du Moyen Atlas, la région est caractérisée dans sa partie montagneuse par un relief très accidenté et un climat très rude, ce qui contraint la population à exploiter d’une manière irrationnelle les ressources forestières, en mettant en péril leur pérennité, afin de répondre à des besoins immédiats. Au niveau de tous les espaces forestiers de cette région, précise-t-il, les problématiques majeures concernent la régénération et la reconstitution des écosystèmes et la rationalisation des prélèvements.
Concernant la problématique du bois, justement, on constate, au niveau de la région du Moyen Atlas, une consommation excessive qui dépasse la capacité de production des écosystèmes. La quantité moyenne annuelle de bois-énergie prélevée dans les forêts relevant de la Direction régionale du Moyen Atlas est d’environ 300.000 stères (équivalent m³), dont 50.000 sont mis en vente par voie d’adjudication issue de l’exploitation régulière des forêts, et 35.000 stères obtenus par l’exploitation des forêts privées. Ces quantités sont écoulées sur le marché des centres urbains. Le reste, qui représente un volume de 215.000 stères, est prélevé directement par les populations riveraines dans le cadre de l’exercice du droit d’usage. Ceci engendre des processus locaux de dédensification et de dégradation des peuplements forestiers.

Planche de salut 
Conscient de ces problématiques, et pour redresser le bilan négatif de l’offre et la demande en bois-énergie et atténuer les effets de ce déséquilibre, les efforts du département des Eaux et forêts n’ont pas cessé d’être déployés et ils ont été couronnés par l’élaboration d’une stratégie nationale bois-énergie, en 2016, déclinée à l’échelle de la zone d’action de la Direction régionale du Moyen Atlas et, en particulier, dans la province d’Ifrane, par l’élaboration d’un plan d’action spécifique «bois-énergie» qui s’étale sur 5 ans (2020-2024). 
Aussi, précise-t-on, la nouvelle stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030», lancée le 13 février 2020, a constitué une belle opportunité pour la mise en œuvre de la stratégie bois-énergie, en impliquant les usagers de la forêt par l’adoption d’une approche participative tenant compte de leurs besoins.
Dans ce cadre, les programmes d’action bois-énergie ont été renforcés dans le cadre de la nouvelle stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030», notamment par l’extension des programmes de reboisement. L’objectif global est de contribuer à la gestion durable des ressources forestières par l’augmentation de l’offre en bois-énergie, ainsi que par la promotion de pratiques économes de consommation pour ajuster la demande en bois-énergie.
Selon Noureddine Aoad, directeur régional des eaux et forêts du Moyen Atlas à Meknès, pour l’année 2021, cinq axes ont été retenus pour assurer la réussite de cette stratégie bois-énergie. Cette dernière est déclinée chaque année dans le contrat-programme régional, tout en prenant en considération les particularités naturelles et socio-économiques de chaque province relevant de la Direction du Moyen Atlas. 

Cinq axes pour le rééquilibrage
Le premier axe porte sur l’augmentation des ressources en bois, à travers le renforcement du reboisement par la production de plants forestiers (2,66 millions de plants) et ceux à croissance rapide (10.000 plants), le reboisement et la régénération (6.708 ha), l’entretien des plantations anciennes (1.648 ha), la plantation d’espèces à croissance rapide (10 ha) et la mise en défens (20.614 ha), le développement des plantations des particuliers à travers la distribution de 838.000 plants forestiers, de 5.000 plants à croissance rapide et de 68.000 plants fruitiers, l’exploitation des forêts à travers la sylviculture et la conduite de peuplements (dépressage, élagage, nettoiement). Le montant annuel de l’ensemble de ces actions s’élève à 61,816 millions de DH.
Le deuxième axe concerne la rationalisation de la consommation de bois-énergie. Il repose sur l’amélioration de l’efficacité d’utilisation du bois-énergie à travers la distribution de fours (2.030 unités) et la valorisation de la biomasse agricole par la mise en place d’unités de production de charbon vert, à titre expérimental, dans la perspective d’une généralisation à l’échelle de la région. Le montant annuel de ces actions avoisine les 218.000 DH.
Le troisième axe porte sur la promotion des solutions alternatives au bois-énergie par la mise en place d’une cartographie des acteurs, des filières et des technologies alternatives et par l’organisation d’ateliers de sensibilisation et d’incitation à l’utilisation des ressources alternatives en milieu rural et urbain.
Quant au quatrième axe, il repose sur le renforcement de la protection des ressources forestières par l’organisation des populations usagères en coopératives et en association, en les accompagnant en matière de renforcement des capacités.
Enfin, le cinquième axe porte sur le renforcement de la Recherche-Développement en bois-énergie, à travers la mise en place de systèmes d’informations partagées par l’étude et la cartographie spécifique à la filière bois-énergie (production, consommation et stockage).

Des actions tous azimuts 
Selon Noureddine Aoad, plusieurs autres actions d’accompagnement sont prévues. Il s’agit de l’élaboration de la cartographie des zones à vocation de reboisement, la formation sur les plantations privées, la vulgarisation des plantations privées (bosquets familiaux), la sensibilisation des ménages au stockage, la vulgarisation des techniques économes de consommation de bois-énergie au niveau des ménages et établissement urbains, la formation sur les techniques de transformation de bois en charbon et, enfin, la vulgarisation de la valorisation de la biomasse.
À rappeler enfin que par son étendue géographique, l’espace forestier relevant de la Direction régionale des eaux et forêts du Moyen Atlas se distingue par une richesse naturelle et paysagère diversifiée et jouit d’une diversité orographique et écologique importante.
L’écosystème cédraie, qui représente respectivement 80% et 16% de la cédraie nationale et mondiale, confère à cette région une réputation forestière par excellence et lui donne le meilleur taux de boisement au niveau de certaines provinces (34% pour la province d’Ifrane).
La région du Moyen Atlas figure aussi parmi les régions les plus riches du Maroc de point de vue de la faune. On y trouve 50% des mammifères, 60% d’espèces d’oiseaux et 60 des 104 espèces hérpétofaunes (partie de la faune constituée par les amphibiens et les reptiles) avec 15 espèces endémiques. 

Mohammed Drihem

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