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Les conseils d’experts pour accompagner les enfants lors de la reprise des cours en présentiel

Le retour à l’école risque d’être un peu plus difficile cette année à cause de la prolongation des vacances qui ont duré plus de trois mois. La longue interruption des cours, imposée par le contexte sanitaire, pourrait déstabiliser certains élèves qui auront du mal à se réadapter au rythme de la vie scolaire.

Les conseils d’experts pour accompagner les enfants  lors de la reprise des cours en présentiel

Le compte à rebours est enfin lancé. Plus que deux jours qui nous séparent de la rentrée. Les parents, tout comme les élèves, sont impatients de reprendre le chemin de l’école. Mais après de longues vacances qui ont duré, pour la première fois, plus de trois mois cette année, la reprise risque d’être un peu difficile. Beaucoup de parents sont inquiets pour leurs petits qui ont complètement oublié le rythme de la vie scolaire. En effet, la pandémie de Covid-19 a bouleversé la vie de nombreuses familles, qui ont ainsi passé beaucoup de temps ensemble à la maison, tout en devant composer avec le stress et l’incertitude liés à la situation. Bon nombre d’enfants se sont habitués à ce que leurs parents ou les personnes qui s’occupent d’eux soient à leurs côtés 24 heures sur 24. Certains bébés n’ont même jamais vécu autrement. «L’enfant peut souffrir d’angoisse de la séparation lorsque ses parents s’absentent ou lorsqu’il se trouve dans une situation nouvelle. Il risque alors de pleurer et de s’accrocher à eux. Cette étape normale du développement de l’enfant survient généralement entre l’âge de 6 mois et 3 ans. Néanmoins, ces comportements ont pu être observés chez des enfants plus âgés en réaction au stress et à l’incertitude que la pandémie de COVID-19 a fait naître», indique l’UNICEF Maroc sur son site. Et d’ajouter : «En raison des événements survenus l’an dernier, les enfants plus grands peuvent également craindre d’attraper la Covid-19 à l’école, une préoccupation qui rend alors les choses encore plus difficiles pour eux. Les enfants peuvent alors se sentir nerveux ou réticents à l’idée de retourner à l’école, surtout après plusieurs mois d’absence. Faites alors preuve d’honnêteté en passant en revue, par exemple, quelques-uns des changements qu’il va rencontrer à l’école. Il faut les écouter tout en gardant son calme et les rassurer sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger sa santé et celle des autres».
Par ailleurs, à l’occasion de la rentrée scolaire, l’UNICEF Maroc a appelé les enseignants à redoubler d’efforts pour remédier, cette année, aux pertes d’apprentissage causées par la pandémie Covid-19. «Cette situation qui a pris de court le monde entier continue malheureusement d’impacter nos vies, celles des enfants et de manière plus accentuée de celles et ceux en situation de vulnérabilité. Avec la crise Covid-19, les filles, les garçons et leurs parents ont pu reconnaitre, à sa juste valeur, l’effort à fournir pour éduquer un enfant. Tous les acteurs et UNICEF spécifiquement reconnaissent l’effort qui a été engagé par toutes les enseignantes et tous les enseignants depuis le déclenchement de la crise Covid-19 et nous en sommes tous fiers», a souligné l’organisation onusienne dans une lettre adressée aux enseignants.
«Avec cette nouvelle rentrée scolaire et pour un retour sûr à l’école, nous vous invitons tout d’abord à continuer à donner l’exemple aux enfants en montrant un respect rigoureux quotidien des mesures hygiéniques de protection chez vous et au sein des établissements scolaires. Votre santé et celles des élèves en dépendent largement. Nous restons confiants que le pédagogue en vous, toutes et tous, fera de son mieux pour réduire les défis d’apprentissage chez les enfants au Maroc, surtout celles et ceux en situation difficile et qui ont raté tout le programme ou une partie de l’année dernière», a poursuivi l’UNICEF. 


Questions à la master coach et comportementaliste

Imane Hadouche : «Il est important de savoir garder son calme pour pouvoir rassurer nos enfants»

Quel impact peuvent avoir de longues vacances sur la psychologie des enfants ?
La rentrée est toujours un moment désagréable pour les enfants et, bien évidemment, plus les vacances durent plus la rentrée est difficile.
Pour les enfants en bas âge, c’est plus pénible, puisque la reprise est synonyme de détachement du foyer et des loisirs et jeux, et le retour à la discipline et aux contraintes.
Mais bien évidemment, ça reste pénible pour toutes les tranches d’âge, et même pour les parents.
Le facteur temps, et le prolongement des vacances, ainsi que les changements inhérents à la crise sanitaire, font que la reprise est doublement contraignante. D’abord parce que plus nous passons de temps à installer des habitudes et des rituels, plus il est difficile de s’en détacher. Mais cette année, il y a aussi ces changements majeurs et questionnements par rapport au mode de fonctionnement (présentiel ou système hybride), à l’obligation ou pas des pass sanitaires, autant dire que c’est une rentrée qui se fait dans l’appréhension de l’inconnu et dans l’angoisse, pour les enfants ainsi que les parents. La prolongation des vacances n’a fait qu’amplifier ce sentiment d’angoisse et multiplier les questionnements.

Quels conseils pouvez-vous donner aux parents pour les aider à préparer au mieux la rentrée de leurs enfants après plus de 3 mois de vacances ?
Il est important de savoir garder son calme pour pouvoir rassurer nos enfants, et on constate que beaucoup de parents sont eux-mêmes stressés et angoissés. Donc le premier conseil serait de retrouver son calme en tant que parent, pour éviter de transmettre son angoisse aux enfants.
Ce qui peut être conseillé concrètement, c’est de mener un discours rassurant et positif avec les enfants, en mettant la lumière sur le côté positif de toute situation : plus de vacances ? Tant mieux ! Cela nous fera plus de temps consacré au repos et aux loisirs et plus de temps pour mieux préparer la rentrée. Le pass est obligatoire ? Tant mieux ! Cela nous évite la contamination. Le système est hybride ? Tant mieux ! Cela permet plus de temps passé dans le nid familial douillet, surtout les matins d’hiver. C’est à 100% présentiel ? Tant mieux ! Enfin, on retrouve une vie normale, et on retrouve nos camarades et nos amis…
Le stress est contagieux, et les enfants sont de vraies éponges émotionnelles, d’où l’importance de commencer par soi en tant que parent, et relativiser et positiver au maximum.
Concrètement, il est recommandé de veiller à réguler le sommeil des enfants, à préparer leurs bureaux, leur espace de travail, organiser les cours de soutien si nécessaire, d’autant plus que certains enfants ont eu des lacunes liées aux changements de l’année dernière. Il est recommandé aussi de booster l’énergie des enfants et leur immunité, grâce aux vitamines et compléments alimentaires adaptés à leur âge. Mais aussi grâce à une activité physique régulière.

Que faire en situation de stress extrême ou de bouffée d’angoisse ?
Pour traverser une crise d’angoisse, il n’y a pas plus efficace que les exercices de respiration.
Il y a l’exercice de la respiration carrée : inspirer en comptant 4 secondes, bloquer l’air et compter 4 secondes, expirer en comptant 4 secondes, bloquer la respiration en comptant 4 secondes, répéter 4 fois.
Il y a aussi l’exercice détoxification : inspirer en comptant 6 secondes, expirer en comptant 12 secondes (toujours expirer le double de l’inspiration) répéter jusqu’à ce que les battements de cœur se régulent.
La respiration gauche droite : on bouche une narine en la pressant par notre doigt, et on inspire/expire profondément avec une seule narine, 10 fois, ensuite on inverse de narine.
Et enfin la respiration torse/abdo : on met une main sur la poitrine, la deuxième sur le ventre, on inspire profondément par le nez, on bloque l’air au niveau de la poitrine, on expire profondément par le nez en gonflant le ventre, on bloque la respiration en rentrant le ventre au maximum, et on répète jusqu’à ce qu’on retrouve son calme.


Comment aider son enfant à préserver son potentiel intellectuel durant cette période ?

Les recommandations de Kawtar Kadiri, psychologue et psychothérapeute

«Pour cette rentrée scolaire, nous constatons que les enfants doivent composer avec tous les changements dictés par la pandémie liée à la Covid-19. Il s’agit, entre autres, du variant Delta et de la vaccination élargie aux jeunes. Même s’ils ne verbalisent pas de façon directe leurs ressentis, ils sont bel et bien impactés par tous ces changements, d’où le rôle crucial des parents qui doivent les accompagner et surtout les rassurer. Ces changements peuvent impacter négativement leur bien-être, et par conséquent leur potentiel intellectuel. D’ailleurs, plus l’enfant stresse et angoisse, plus il développe des idées négatives qui peuvent déboucher sur des scénarios catastrophiques difficiles à gérer. Un tel schéma s’impose à l’enfant de façon automatique. Plus en détail, les idées négatives et les scénarios catastrophiques viennent saturer ce que l’on appelle la mémoire de travail. Cette mémoire est très importante dans le traitement à court terme de l’information chez l’être humain. Elle nous permet de donner du sens à l’information avant de la faire switcher vers toutes les autres mémoires. Cela dit, lorsque les idées négatives sont installées dans la mémoire de travail chez l’enfant, on remarque une saturation plus ou moins grave pouvant causer plusieurs problématiques cognitives, entre autres, les difficultés d’apprentissage et de récupération de l’information, l’incapacité de maintenir son attention sur une tâche précise, mais aussi le manque de concentration. Autant dire que les parents ont intérêt à prendre en considération ce volet lié à la préparation mentale qui demeure très important dans ce contexte sanitaire très particulier. Trois astuces sont fortement recommandées dans cette période :
Opter pour la communication : Il est très important de discuter avec son enfant, de lui expliquer la situation que nous vivons, de le comprendre et surtout de le rassurer.
Aider son enfant à faire face à toutes les idées négatives : Nous sommes submergés par des informations liées à la pandémie. Certaines sont vraies et confirmées alors que d’autres relèvent de fake news. Il est judicieux donc de chercher à aider son enfant à restructurer toutes les idées qu’il reçoit au quotidien en l’invitant à se concentrer sur ce qui est positif.
Encourager l’enfant à avoir des amis et à maintenir la communication avec eux : C’est toujours important pour l’enfant de garder le lien social avec ses amis et de partager avec eux ses activités et ses idées. Cela va lui permettre de se sentir plus serein et plus sécurisé. Toutefois, il est important de rappeler à son enfant la nécessité de respecter les mesures barrières même s’ils sont vaccinés.
Pousser l’enfant à bien organiser sa journée tout en l’aidant à avoir du temps pour chaque activité : Il s’agit là de l’aider à organiser sa journée tout en y consacrant du temps pour jouer. Cette planification va lui permettre de soulager sa mémoire de travail.
À noter que les astuces recommandées pour cette rentrée scolaire restent utiles tout au long de l’année.» Propos recueillis par Nabila Bakkass

 

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