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La crise politique et sécuritaire risque de s’amplifier

Insurrection islamiste, famine, rivalités claniques : l’histoire de la Somalie est jalonnée de crises et de violences. L’annonce de la prolongation du mandat du Président ouvre une nouvelle «phase dangereuse» dans le pays, préviennent des experts.

La crise politique et sécuritaire risque  de s’amplifier

Le mandat de quatre ans du Président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, est arrivé à échéance le 8 février, sans que des élections aient pu se tenir. Après des mois d’impasse, la chambre basse du parlement a voté lundi une résolution prolongeant de deux ans le mandat du Président et de son gouvernement, le temps d’organiser des élections présidentielle et législatives. La décision d’étendre son mandat, malgré les contestations internes et les mises en garde de la communauté internationale, place Farmajo en opposition frontale à des rivaux politiques influents et armés, mais aussi aux puissances occidentales qui soutiennent sa fragile administration. Cette crise politique trouve ses racines dans le désaccord persistant entre Farmajo et les dirigeants du Puntland et du Jubaland, deux des cinq États semi-autonomes de la Somalie, sur la manière de conduire les élections. Un accord avait été trouvé en septembre pour des élections indirectes fin 2020-début 2021, selon un système où des délégués spéciaux choisis par de multiples chefs de clans élisent les parlementaires, qui votent ensuite pour le Président. Les analystes redoutent un éclatement des forces de sécurité, mal rémunérées et lourdement armées, selon des appartenances politiques et claniques, faisant courir le risque d’un retour aux combats de rue meurtriers à Mogadiscio si la crise persistait. «Ce ne sera pas deux heures de fusillade et ensuite les choses reviennent à la normale», met en garde Hussein Sheikh-Ali.

L’ONU appelle depuis des mois à des «élections inclusives» et a prévenu que tout nouveau report de scrutin ou prolongation de mandat ne serait pas toléré par la communauté internationale, qui maintient la Somalie à flot financièrement. «Mais le parlement somalien et Farmajo ont ouvertement défié cela, malgré toutes les conséquences néfastes que cela pourrait avoir», souligne Abdimalik Abdullahi, analyste somalien indépendant. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a averti mardi que les États-Unis envisageaient «tous les outils disponibles», y compris des sanctions, contre leur partenaire de longue date dans la guerre contre le terrorisme. L’UE a également évoqué des «actions concrètes» si les discussions pour la tenue d’élections ne reprenaient pas. Cette crise est favorable aux islamistes radicaux shebab, qui contrôlent de larges portions du territoire et sont déterminés à renverser le gouvernement de Mogadiscio pour imposer la loi islamique. Ces dernières semaines, ils ont diffusé des vidéos de propagande dénonçant le chaos politique et présentant une élite au pouvoir avide et incompétente. 

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