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Le droit à la maternité et à la paternité, le combat de tous

Porter le débat sur l’infertilité, lever le voile sur les problèmes et les souffrances des couples aspirant à la maternité, permettre l’accès aux traitements et d’autres actes médicaux. Telles sont les principales missions de l’Association marocaine des aspirants à la maternité et à la paternité (MAPA) qui porte la voix de cette catégorie de citoyens pour leur garantir le droit à la maternité et à la paternité.

Alors que le monde célébrait, dimanche dernier, la Fête des mères et qu’on se partageait les messages de vœux sur les réseaux sociaux, une réponse a particulièrement retenu mon attention et m’a profondément touché, celle d’une maman qui répond : «Je ne suis pas une mère biologique, mais je le suis par adoption…» Cette phrase interpelle notamment sur le droit à la maternité et à la paternité au Maroc. Et fort heureusement, cette problématique, l’Association marocaine des aspirants à la maternité et à la paternité en a fait son principal combat en multipliant les initiatives pour porter la voie de ces couples et familles qui souffrent en silence.
En effet, malgré toutes les avancées scientifiques en matière de procréation, certains couples ne peuvent toujours pas avoir d’enfants. Une expérience douloureuse, surtout dans une société où l’infertilité est encore un sujet tabou et où l’on ose encore pointer du doigt le couple marié incapable d’avoir un enfant ! De plus, l’infertilité constitue l’une des crises les plus profondes du couple. Elle n’affecte pas uniquement les relations entre les deux partenaires, mais touche également chacun d’une façon individuelle. Malheureusement, ce problème reste parmi les premières causes de divorce.
Dans l’objectif de lever le voile sur ce tabou, la MAPA ne cesse de mobiliser l’opinion publique ainsi que les professionnels et toutes les parties prenantes pour faire sortir de l’ombre les difficultés de procréation et d’infertilité. Ainsi, depuis 6 ans maintenant, l’association organise une conférence nationale pour débattre de ces problématiques et faire le point sur les avancées et les contraintes qui subsistent à ce sujet. En effet, samedi dernier, l’association a organisé sa sixième conférence portant sur les difficultés reproductives au Maroc. 


Restons positifs

Malgré une situation qui suscite la déception des couples et vu leur quête d’un accès immédiat aux traitements, l’Association MAPA voit d’un œil positif les progrès qui ont été réalisés dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation au Maroc. D’autant que les autorités responsables se sont penchées sur les demandes des conjoints en situation de trouble de fertilité et y ont positivement prêté attention. Ce qui représente un espoir et un pas positif par rapport à l’avenir des droits à la maternité et à la paternité. 


Garantir le droit à la maternité et à la paternité

Le ton est donné à cette sixième édition de la conférence nationale de MAPA avec un discours franc et prometteur du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb. Ce dernier a, en effet, indiqué que les troubles de la fertilité constituent un réel problème qui nécessite un engagement sérieux de tous les acteurs pour renforcer les efforts déployés par le ministère de la Santé en vue de répondre aux besoins des couples et garantir leur droit à la maternité et à la paternité. Le ministre a également souligné que la prise en charge des troubles de la fertilité chez les couples, plus particulièrement l’assistance médicale à la reproduction, est considérée comme une priorité nationale et figure dans la stratégie nationale de la santé reproductive via plusieurs mesures. Ces mesures, a-t-il précisé, consistent notamment à développer le programme technique des centres d’assistance médicale à la reproduction et à communiquer les orientations médicales portant sur le traitement de l’infertilité aux professionnels à tous les niveaux du réseau de la prise en charge des couples.
Le ministre a rappelé dans ce cadre la mise en place de la Stratégie nationale d’assistance médicale à la reproduction (2020-2030) avec la participation des professionnels de la santé et des experts. Il a indiqué que cette stratégie est axée sur cinq volets relatifs aux textes organisationnels liés à l’assistance médicale à la reproduction, l’amélioration de l’accès aux soins, le renforcement de la qualité des services offerts et la dynamisation du partenariat dans les domaines médicaux. M. Aït Taleb a également rappelé que plusieurs médicaments liés au traitement des troubles de la fertilité ont été inclus dans la liste des médicaments remboursables, précisant que dans le sillage de cette dynamique, le ministère œuvre pour la généralisation des centres d’assistance médicale au niveau des CHU, le renforcement de la couverture médicale et la poursuite de l’élaboration des textes liés à la loi 14-47. 


Les coûts des services médicaux, un handicap majeur

Le droit à la maternité et à la paternité est un droit dont la jouissance n’est ni conditionnée par la classe sociale ni par le revenu. Cependant, en termes de statistiques et de chiffres, le coût total des technologies d’assistance médicale à la maternité est 100 fois plus élevé que ce qu’un Marocain dépense annuellement pour la consommation de médicaments. Ce qui ne dépasse pas les 400 dirhams par an si l’on se fie aux données de l’une des commissions parlementaires et au rapport du conseil de la concurrence publié l’année dernière. «Les époux en situation de troubles de la fertilité paieront le prix de tout retard de notre part, car ils restent otages des coûts élevés qui leur sont exigés pour payer à l’avance les prix des médicaments et des techniques imposées par l’assistance médicale à la procréation, qui est estimée en moyenne à environ 30.000 dirhams par tentative et par mois», alerte l’association. Un constat alarmant aggravé par la réalité du salaire minimum dans la sphère urbaine au Maroc qui ne dépasse pas 2.830 dirhams par mois. 


Le plaidoyer de la MAPA pour accélérer les réformes

Après une longue expérience sur le terrain, la MAPA aspire à une action collective pour soutenir les couples aspirants à la maternité et la paternité et pour une mise en route de la Stratégie nationale d’assistance médicale à la reproduction. Pour cela, l’association indique qu’il est primordial que le gouvernement, les institutions nationales concernées et les autres acteurs majeurs, travaillent, chacun dans son champ d’action respectif, pour concrétiser, de façon claire, le droit à la santé reproductive pour une pratique réelle sur le terrain. Ce qui doit passer à travers l’adoption rapidement de mesures qui protégeront les aspirants à la maternité et à la paternité qui font, parallèlement, face au déclin du capital de fertilité des femmes et des hommes vu le compte à rebours de l’horloge biologique. «La réalité révèle clairement un besoin crucial de fournir une couverture sanitaire totale pour toutes les composantes du traitement thérapeutique au profit de ceux qui souhaitent avoir des enfants. Et ce à commencer par le diagnostic ou l’assistance psychologique en passant par les soins médicaux, la chirurgie et les techniques d’assistance médicale de la procréation. Ce à quoi doit s’ajouter l’initiative d’ouvrir les possibilités de spécialisation et de formation en matière d’assistance médicale à la procréation dans les facultés de médecine», indique l’association.
La MAPA attire également l’attention de toutes les autorités responsables concernées sur la gravité des problèmes familiaux profonds dont souffrent les époux en raison de l’échec répété de leurs tentatives d’accès aux traitements thérapeutiques. Ce qui affecte la stabilité de leur vie conjugale et menace leur résistance à la pression psychologique et sociale, annulant ainsi un certain nombre de leurs projets familiaux et annulant leur droit de bénéficier des avancées médicales qui fournissent des technologies de procréation assistée. 


À quoi aspirent les couples infertiles ?

• Accès équitable aux traitements de l’infertilité dans toutes les villes et dans toutes les pharmacies et renforcement des infrastructures.
• Déploiement des mesures nécessaires pour le respect des droits des couples infertiles à l’accès aux traitements et à une prise en charge médicale globale.
• Accélération des mesures nécessaires pour la mise en place des textes d’application de la loi de la PMA numéro 47-14.
• Engagement de l’Agence nationale de l’assurance maladie pour garantir une prise en charge globale des traitements de la procréation médicalement assistée.
• Engagement des compagnies privées d’assurance pour mettre fin au refus des dossiers de remboursement des actes de diagnostic, des médicaments et des traitements de la procréation médicalement assistée.
• Implication des Centres hospitaliers universitaires (CHU) pour assumer leur responsabilité à travers la simplification des procédures administratives. 


Déclaration de Aziza Ghallam, présidente de l’Association marocaine des aspirants à la maternité et à la paternité (MAPA)

«Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que nous n’avons pas encore réalisé tout ce à quoi nous aspirons, même si nous sommes sur la bonne voie et que nous avons tous une réelle volonté pour faire avancer les choses. La préservation des acquis implique un engagement de toutes les parties prenantes, le gouvernement et les institutions nationales concernées, ainsi que l’ensemble des acteurs actifs sur le terrain. Chacun, selon ses responsabilités, est appelé à s’engager pour garantir le droit à la maternité et à la paternité à ces couples qui en rêvent. Il s’agit d’un droit naturel à la santé qu’il faut prioriser. Tous les intervenants sont appelés à accélérer le rythme de travail et à adopter rapidement des mesures qui protégeront celles et ceux qui rêvent de maternité et de paternité d’une vitesse à confronter avec la période de fécondité des femmes et des hommes contrôlée, elle, par l’horloge biologique. La réalité du terrain révèle clairement un besoin urgent d’offrir une couverture santé complète pour toute personne qui a besoin d’une intervention thérapeutique, du diagnostic via les dernières technologies médicales et chirurgicales de procréation assistée, ainsi qu’au soutien psychologique.
Nous attirons également l’attention de toutes les parties responsables et concernées sur la gravité des problèmes familiaux profonds auxquels les époux sont souvent confrontés en raison de l’échec répété de leurs tentatives d’accès aux traitements médicaux, ce qui affecte la stabilité de leur vie conjugale face à la pression psychologique et sociale, qui conduit à de nombreux avortements de projets familiaux et parfois au divorce.» 


Des réalités-chocs

•L’infertilité touche environ 15% des couples marocains ayant le désir d’avoir un enfant. Chiffre destiné à augmenter dans les prochaines années, selon les estimations des spécialistes marocains basées sur les données de l’Organisation mondiale de la santé.
• Beaucoup de couples inféconds n’arrivent pas à franchir le premier pas vers les soins contre l’infertilité. La première solution serait d’entrouvrir la porte à cette catégorie et de lui donner la chance de procréer.
• Le coût de la PMA (procréation médicalement assistée) reste exorbitant et pose de sérieux problèmes d’accessibilités aux soins pour les couples. Chaque tentative coûte entre 15.000 et 45.000 DH selon le procédé utilisé et les honoraires des intervenants. De plus, ce coût est majoré par les frais de déplacement des couples vers les grandes villes qui disposent des centres qui assurent la PMA.
• Les services de santé reproductive ne sont pas encore disponibles au niveau de tous les hôpitaux de la santé publique. 


Promouvoir les droits à la santé sexuelle et reproductive

Le ministère de la Santé et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) ont signé, le mercredi 3 mars 2021, un plan de travail annuel pour promouvoir les droits à la santé sexuelle et reproductive au Maroc. À travers ce plan, le ministère et UNFPA vont collaborer cette année pour contribuer à la réduction des inégalités et des iniquités en matière de santé reproductive, l’amélioration de la qualité des soins et la lutte contre la violence basée sur le genre, tout en adoptant une approche holistique basée sur les droits humains. «Cette collaboration sera axée sur le lancement de la nouvelle stratégie de santé sexuelle et reproductive 2021-2030, la gouvernance, la modélisation ainsi que la digitalisation en faveur de la continuité des services essentiels de la santé reproductive», indique-t-on dans un communiqué. «Le partenariat visera également à renforcer l’action conjointe visant la prévention des cancers féminins, l’appui au programme national de santé publique pour la prise en charge des femmes et des filles victimes de violence, la promotion de la profession de la sage-femme, l’élaboration de la deuxième Stratégie nationale de la santé des adolescents et des jeunes 2022-2030, la recherche action et l’amélioration de l’accès des populations vulnérables aux services de santé sexuelle et reproductive de qualité, en mettant l’accent sur les jeunes et les personnes en situation de handicap. n

 

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