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L'impact de l’obligation du pass vaccinal vu par les professionnels

Que peut changer l’exigence du pass vaccinal à la situation des propriétaires des cafés, des restaurants et des salles de sport ? «Beaucoup» pour certains, mais «pas grand-chose» pour d’autres. Voici les arguments avancés par les partons de ces lieux contactés par «Le Matin».

L'impact de l’obligation du pass vaccinal vu par les professionnels

Exigé pour circuler entre les villes, le pass vaccinal sera bientôt demandé pour accéder aux cafés, restaurants, hammams, théâtres, Salles de cinéma, salles de sport, stades, hôtels, centres commerciaux, moyens de transport en commun… comme annoncé il y a quelques semaines par le ministère de la Santé. Cependant, la date de sa mise en application n’a pas encore été fixée. Selon des sources sûres du département de tutelle, «rien n’a encore été décidé dans ce sens pour l’instant». 
En attendant une réponse officielle, «Le Matin» a pris contact avec les porte-voix de quatre grands secteurs économiques fortement impactés par la crise sanitaire pour connaître leur opinion sur l’efficacité de ce document. Il s’agit de l’Association des patrons de cafés et restaurants du Maroc, de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide, de la Confédération marocaine des métiers de bouche et de la Fédération marocaine des professionnels du sport (FMPS). Tous sont unanimes pour dire que leur activité a été fortement impactée par la Covid-19, mais ne sont pas sur la même longueur d’onde concernant l’obligation de présenter une certification de vaccination pour bénéficier de leurs prestations. 

Pour Ahmed Bouferkane, coordinateur national de l’Association des patrons de cafés et restaurants du Maroc, cette mesure est accueillie avec une grande satisfaction par les professionnels du secteur qu’il représente. «Notre association est favorable à l’extension du pass vaccinal, car nous sommes les premières et principales victimes du relâchement de certains citoyens qui n’ont pas pris au sérieux les mesures sanitaires pour empêcher la circulation du virus. Un laisser aller qui nous a coûté cher». Les propriétaires de cafés et de restaurants, ajoute notre interlocuteur, sont conscients des avantages de «ce dispositif de contrôle qui va nous permettre, évidement, de reprendre notre activité de façon normale et en toute sécurité». Il est inadmissible de pénaliser tout un secteur pour des agissements irresponsables. L’enjeu de cette démarche à forte résonance humaine, sociale et économique est de taille. «L’association avait précédemment proposé au gouvernement d’instaurer ce pass vaccinal pour permettre à notre secteur sérieusement mis à mal par la crise économique de se redresser», rappelle M. Bouferkane. Et d’ajouter que «ce dispositif reste une réponse appropriée et urgente pour surmonter les conséquences de plusieurs mois de souffrance. Les propriétaires des cafés et restaurants ne lésineront pas sur les moyens pour faire réussir sa mise en place». 

Notre interlocuteur va encore plus loin dans ses recommandations, appelant le futur gouvernement à lever définitivement les restrictions sanitaires mettant en avant les résultats encourageants de la campagne de vaccination à laquelle ils ont pleinement adhéré. Abondant dans le même sens, le patron de la Fédération marocaine des professionnels du sport ne voit aucun inconvénient à mettre en place le pass vaccinal dans les salles de sports, les stades et autres espaces de loisirs. Au contraire c’est une bonne initiative pour lui, dans la mesure où elle permet une meilleure gestion des risques de contamination dus au coronavirus et une reprise normale de l’activité. «Il faut l’instaurer tout de suite sans aucune hésitation», recommande le président de la FMPS, Mehdi Sekkouri Alaoui, qui assure, par ailleurs, que sa mise en application est simple et ne demande pas une préparation ou une logistique compliquées. «Ce dispositif est opérationnel et efficace et je me demande pourquoi sa mise en œuvre tarde à se concrétiser», s’interroge-t-il. Toutefois, M. Sekkouri Alaoui a exprimé sa crainte d’instaurer le pass vaccinal et maintenir, en parallèle, la même capacité d’accueil limitée à 25 ou 50%. «Pour reprendre normalement notre activité, les autorités doivent revoir la jauge dans les lieux de loisirs et de bien-être, c’est primordial», plaide-t-il. 

L’instauration prochaine de ce document n’a pas fait que des heureux. Interpellée sur le sujet, la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide et la Confédération marocaine des métiers de bouche refusent catégoriquement l’idée d’un pass vaccinal pour profiter de leurs services. «Ce dispositif implique des ressources humaines et financières et des charges supplémentaires qu’on ne peut pas supporter. De même, cette mesure risque de nous plonger dans une situation plus difficile et plus dégradante qu’elle ne l’est aujourd’hui», explique Mohamed Abdel Fadel, porte-voix de ces deux secteurs. 
Une autre raison justifiant ce rejet concerne le niveau d’instruction de la plupart des employés de ces lieux qui sont «illettrés» et sont dans l’incapacité de lire ou de contrôler les pass présentés par la clientèle. Toutefois, Mohamed Abdel Fadel appelle à un assouplissement des mesures sanitaires maintenues jusqu’à présent, car tous les indicateurs le permettent, notamment le taux de transmission du virus qui a fortement baissé au Maroc, et ce pour la cinquième semaine consécutive. 

Ces réclamations interviennent alors que les membres du Comité scientifique ne cessent d’appeler à l’instauration rapide de cette mesure pour accéder à certains lieux et certaines activités. Limiter les déplacements et les activités pour les personnes non vaccinées est une mesure efficace pour arrêter la circulation du virus, incitant les récalcitrants à se faire vacciner, disposer d’un justificatif vaccinal, se protéger et protéger les siens. L’enjeu étant d’atteindre un taux de vaccination de plus de 80% de la population totale. À noter que le pass vaccinal adopté actuellement au Maroc certifie que son détenteur a reçu l’un des vaccins recommandés au Royaume, Sinopharm, AstraZeneca ou Pfizer, administrés en double dose, ou le vaccin unidose, Johnson & Johnson.

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