Le Maroc fait partie du club fermé des pays avec lesquels les États-Unis ont conclu un accord de libre-échange (ALE), un club qui compte seulement une vingtaine de pays. Le Royaume est d’ailleurs le seul pays d’Afrique à figurer dans cette liste restreinte. Pour marquer les 15 ans de la mise en œuvre de cet accord, la Chambre de commerce américaine (AmCham) Maroc et la Mission diplomatique américaine au Maroc ont organisé une célébration tenue lundi dans la célèbre villa Mirador, résidence du consul général des États-Unis à Casablanca.
«C’est un grand honneur d’accueillir la communauté d’affaires et les représentants du gouvernement marocain ici à villa Mirador pour célébrer le 15e anniversaire de l’Accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis d’Amérique», a déclaré au «Matin» le consul général des États-Unis à Casablanca, Lawrence Randolph. Le diplomate a également souligné qu’il s’agit du seul accord que les États-Unis ont conclu sur le continent, ajoutant que depuis son entrée en vigueur, il a grandement contribué à resserrer les liens commerciaux entre les deux pays. «Nous avons beaucoup de chance de bénéficier de ce lien important et fort avec le continent africain à travers le Maroc. J’aimerais à cette occasion remercier Sa Majesté le Roi Mohammed VI dont le leadership audacieux a permis à la communauté des affaires américaine de tirer profit du positionnement du Maroc en tant que porte de l’Afrique», a-t-il ajouté.
De son côté, le chargé d’affaires à la Mission diplomatique américaine au Maroc, David Greene, s’est réjoui des fruits de cet accord, soulignant que depuis l’entrée en vigueur de l’ALE en janvier 2006, le commerce bilatéral entre nos deux pays a connu une croissance record de 500%, atteignant un volume de 5 milliards de dollars en 2019, contre 925 millions de dollars en 2005. En 2020, ce volume s’est établi à 3,3 milliards de dollars, mais reste tout de même conséquent dans ce contexte de crise sanitaire. «C’est un chiffre énorme ! Ces échanges ont permis de créer des milliers d’emplois au Maroc et aux États-Unis, d’encourager les investissements, de booster la croissance économique du Royaume et de consolider son positionnement en tant que porte vers l’Afrique», a-t-il relevé.
En effet, le Maroc compte aujourd’hui pas moins de 150 entreprises américaines ayant investi 2 milliards de dollars et créé 100.000 emplois directs et indirects. «Sur les 150 sociétés américaines opérant au Maroc, il y une dizaine d’usines importantes qui se sont installées à Tanger Free Zone et à Kénitra Atlantic Zone. D’ailleurs, des sociétés marocaines se sont elles aussi installées aux États-Unis pour conquérir un marché très attractif de plus de 320 millions d’habitants», a fait savoir Azzedine Kettani, président de l’AmCham. «Cet accord est devancé par 135 ans d’amitié qui ont eu cet effet de consolidation sur le plan économique –et sur le plan politique aussi – de l’émergence que nous avions initialement souhaitée lorsque le Maroc a reconnu l’indépendance des États-Unis», a-t-il précisé. Il a également assuré que l’AmCham est fermement déterminée à continuer sur sa lancée pour développer les relations économiques bilatérales, avec le concours des services de la Mission diplomatique américaine au Maroc et les différentes agences gouvernementales américaines.
Le représentant du ministère de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique, Abdelouahed Rahal, a pour sa part exprimé la satisfaction du Maroc qui a pu attirer plus de 120 entreprises américaines de renom couvrant divers secteurs stratégiques tels que l’automobile, l’aéronautique, l’énergie, la finance ou encore les technologies de l’information. Mais le haut responsable n’a pas manqué de souligner que leur part dans le total des investissements étrangers drainés par le Maroc n’a pas dépassé 2,4% en 2020, avec un montant de 68 millions de dollars, soit une forte baisse par rapport au niveau record de 433 millions de dollars enregistré en 2015. «Nous sommes convaincus que ce bilan ne reflète guère le potentiel offert par l’Accord de libre-échange et qu’un nombre important d’opportunités demeure largement inexploitées au vu de la qualité et de l’intensité du partenariat stratégique scellé entre nos deux pays à la veille de la Visite Royale effectuée par Sa Majesté aux États-Unis d’Amérique en 2013», a-t-il affirmé.
À cet égard, poursuit-il, il incombe aux deux parties de renforcer les investissements réciproques à travers l’encouragement non seulement des investissements américains au Maroc, mais également ceux d’entreprises marocaines aux États-Unis, sachant qu’en 2020 par exemple, les exportations du Maroc vers les États-Unis ont totalisé 1,04 milliard de dollars, contre 2,3 milliards de dollars pour les exportations des États-Unis vers le Maroc. «Le commerce bilatéral est appelé à doubler, voire tripler, si tous les maillons de la chaîne du commerce international et les organes d’appui maroco-américains consolident leurs efforts», a affirmé Rabia El Alama, directrice générale de l’AmCham. Un objectif jugé parfaitement réalisable à condition que les parties prenantes continuent leurs efforts visant à «démythifier» le marché américain, ses spécificités culturelles, réglementaires et techniques et à encourager les opérateurs à saisir les opportunités offertes par le marché américain en prenant part aux foires et expositions comme le Fancy Food show, WEFTEC, Cosmo Prof, CES, Select USA, et d’autres événements agréés par le département de Commerce américain. Mais aussi en s’inspirant des exemples de sociétés qui ont réussi sur ce marché comme Dari Couspate, Cartier Saada, Mutandis, Setexam, Siti, Kaya Tea et autres.
«Avec ces quelques exemples, on prouve qu’il est possible de réussir sur le marché américain si on adopte la bonne méthodologie commerciale, financière et d’approche de ce marché», a signalé Mme El Alama. Pour le chargé d’affaires à la Mission diplomatique américaine au Maroc, avec une bonne orientation et du dévouement, les entreprises marocaines peuvent tirer davantage parti de l’Accord de libre-échange afin de prendre une plus grande part du total des importations américaines.