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Maroc-Nigeria : Les deux futurs moteurs de la croissance de la CEDEAO

Après une décennie 2011-2020 plutôt atone, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) renouera avec la croissance à la faveur de plusieurs facteurs. Certes, il y a l’espoir de la reprise de l’économie nigériane pour 2021-2030, mais il y a aussi l’engagement de l’OCP dans des pays de la sous-région qui a déjà permis de booster le secteur agricole. Si on ajoute à cela les retombées attendues du Gazoduc Maroc-Nigeria, on se rend compte que Rabat et Abuja seront les principaux moteurs de croissance de la Cédéao. C’est ce qu’explique le Policy Center for the New South dans son étude «Forces et faiblesses de la Cédéao en 2021».

Maroc-Nigeria : Les deux futurs moteurs de la croissance de la CEDEAO

«Forces et faiblesses de la Cédéao en 2021». Tel est l’intitulé de l’étude menée dans le cadre des analyses du think tank marocain Policy Center for the New South (PCNS). Elle est réalisée par Henri-Louis Védie, docteur en sciences économiques de l’Université Paris Dauphine et licencié en droit de l’Université Paris I. L’auteur, qui est également professeur émérite à HEC Paris, où il enseigne sur le campus de Paris ainsi qu’à Moscou, Varsovie, Belgrade et Abou Dhabi, Rabat...  évoque dans cette analyse, publiée par le Policy Center fin mars, la diversité géographique, démographique et économique de la Cédéao, montrant ce que ces États ont en commun, mais aussi ce qui les différencie.  

L’étude relève les forces de cette Communauté qui bénéficie de ressources naturelles diverses et abondantes, souvent non exploitées ou sous-exploitées. Elle soutient que deux périodes sont à distinguer, «celle de 2000-2009, pendant laquelle le géant africain nigérian ainsi que le Ghana tirent la croissance de la Communauté vers le haut. Celle, ensuite, de 2010-2019, où les difficultés d’une économie nigériane avec une croissance moyenne de moins de 1%, sur la période, ne vont pas empêcher la croissance de la Cédéao de dépasser celle de la période précédente sous l’impulsion de la Côte d’Ivoire, du Ghana, et de la Guinée», souligne l’étude. Il est également mentionné que la décennie 2021-2030, (pour des raisons liées à la Covid-19, l’année 2020 n’a pas été prise en compte), est celle de l’espoir. Car l’auteur explique que les difficultés économiques du Nigeria ne peuvent perdurer. Il évoque également le recentrage du Groupe OCP sur le continent décrit comme une opportunité pour la Cédéao pour améliorer rapidement la valorisation de son agriculture. Il fait le même constat dans le domaine de l’énergie, avec la réalisation des premières tranches du Gazoduc entre le Maroc et le Nigeria. 

Ainsi l’auteur explique que le recentrage du groupe OCP en Afrique constitue une opportunité que la Cédéao a su saisir. «En recentrant son activité en Afrique, le Groupe OCP s’est appuyé sur l’évolution démographique, mais aussi sur une autre réalité, celle des terres arables africaines par habitant de moins en moins nombreuses, avec un taux d’application de nutriment fertilisant parmi les plus faibles de la planète : 12 kg par hectare par exemple en Afrique subsaharienne, à comparer aux 393 kg par exemple observés en Asie de l’Est», explique-t-il.
L’étude met en avant l’ampleur des filiales du Groupe OCP mises en place sur le marché ouest-africain, à partir du port d’Abidjan, suivies d’un accord passé avec l’État guinéen, garantissant à ce dernier l’approvisionnement de la totalité de ses besoins d’engrais phosphatés. «Très rapidement, la consommation d’engrais devrait être multipliée par 5. Enfin, une usine de fertilisants sera construite au Nigeria, suite à l’accord entériné en 2017 entre le Nigeria et le Maroc, accord qui prévoit d’utiliser le gaz nigérian et les phosphates marocains», rappelle Henri-Louis Védie.

Ainsi, il qualifie de «projet pharaonique» celui du gazoduc pensé sur 5.000 kilomètres de long, dans la continuité de celui du West African Gas Pipeline, reliant depuis 2010 le Nigeria au Ghana, passant par le Bénin et le Togo. «À terme, cela concernera quelque 300-350 millions d’habitants, leur permettant d’améliorer leur accès à l’électrification, très à la traine depuis toujours en Cédéao. Et ce en leur proposant un marché de l’électricité compétitif. Enfin, ce projet répond également à un besoin croissant de diversification, en Europe, des sources d’énergies gazières, mettant fin au monopole algérien de l’exportation du gaz qui caractérise la situation actuelle», souligne l’étude. Avec ce projet, est-il rappelé, ce sont onze des quinze pays de la Cédéao le long de la côte ouest-africaine qui sont concernés par ce gazoduc traversant les pays suivants : Nigeria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Gambie, Sénégal, Mauritanie et Maroc.

Il précise ainsi que ce gazoduc «maroco-nigérian» permettra aussi d’alimenter en gaz l’Europe via Gibraltar. Par ailleurs, l’auteur rappelle que S.M. le Roi Mohammed VI et le Président Buhari ont réitéré leur engagement vis-à-vis de ce projet, confirmant les résultats d’une étude de faisabilité de 2019 d’un projet qui pourrait s’étaler sur 25 ans, et dont la première tranche de travaux commencerait durant la décennie 2021-2030. Il affirme ainsi que les initiatives engagées pour améliorer la situation de la Cédéao, sont venues du Maroc et du Nigeria. «Du Maroc, via le Groupe OCP, ou via la diplomatie économique engagée avec les Visites Royales sur le continent africain, pas moins de 26 États africains visités entre 2000 et 2018. Du Nigeria, leader naturel de la Cédéao, avec les grands projets rappelés, initiés dès les années 2015-2016», est-il souligné.
Outre le Nigeria, l’étude rappelle les accords de collaboration entre le groupe OCP et la Guinée et avec la Côte d’Ivoire. «Cela ne peut que continuer et se généraliser sur le plan agricole au cours de la décennie 2021-2030. Décennie qui devrait également être celle d’une ère nouvelle de l’électrification de la Cédéao, avec la première phase de la construction du Gazoduc “maroco-nigérian”», affirme l’auteur. 

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