Connexion
À propos de la «Futuwwa», le docteur Faouzi Skali indique que celle-ci «est une voie spirituelle qui s’exprime à travers l’action et, plus particulièrement, dans notre rapport au travail et à ses valeurs. Elle a été traditionnellement derrière l’inspiration des métiers et leur conception de la recherche de l’excellence dans la réalisation des œuvres. Elle est aussi une recherche de la noblesse du comportement au quotidien (Ihsân)».
Rappelons que Faouzi Skali est docteur en anthropologie, ethnologie et sciences des religions. Il est le fondateur des Festivals de Fès de la culture soufie et des musiques sacrées du monde. En tant qu’écrivain francophone, Skali œuvre pour le dialogue interculturel. Dans cette troisième masterclass sur la Plateforme Sufi Heritage, le docteur Faouzi Skali a répondu, très en détail, à deux questions en rapport avec la «Futuwwa». Dans l’objectif de transmettre et partager le plus de connaissances, les intéressés sont sollicités à rejoindre le groupe WhatsApp dédié aux masterclass, pour de fructueuses collaborations, et ce via le lien «https://chat.whatsapp.com/JQoLG4ZMlR8CfNmTLxc3sr».
Ce programme riche et diversifié s’étend sur toute l’année, dans le but de promouvoir le patrimoine universel de cet héritage soufi, en mettant à son service les outils numériques actuels de la communication. Il contribuera ainsi à soutenir le rayonnement spirituel et culturel qui est au cœur du Maroc et de son histoire. Sachant que «Le Royaume du Maroc a toujours été sous les Auspices de la Dynastie Alaouite chérifienne et plus particulièrement sous la Guidance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI – que Dieu L’Assiste, une terre de spiritualité et de culture soufie florissante. Celle-ci est au cœur de son modèle de civilisation et de son influence spirituelle à une échelle internationale, notamment vers l’Afrique subsaharienne».
Questions à Faouzi Skali
«L’objet est de mettre les technologies de la communication au service d’un humanisme spirituel»
Dans quelle mesure cette voie de créativité et de noble agir peut-elle nous inspirer d’une façon pratique dans nos vies de tous les jours, nos entreprises, nos relations familiales ?
La «Futuwwa», terme qui renvoie à ce «noble agir» (Makârim al akhlâq) est une philosophe, ou une méthodologie, spirituelle de l’action qui a inspiré depuis des siècles l’esprit de nos corporations de métiers qui ont produit cette notion d’excellence (Ihsân) dans le travail, aussi bien sur un plan du comportement éthique que sur la valeur des objets produits. On peut en apprécier le résultat sur la production d’un art de vivre et d’une civilisation tout à fait remarquables. C’est un héritage dont le Maroc et les Marocains sont à juste titre très fiers aujourd’hui, car on a su les préserver et les transmettre à notre tour.
Mais vient se poser ensuite la question de la nécessité de revenir aux sources de cette spiritualité pour souffler ces mêmes valeurs et savoir-faire aux entreprises et au monde du travail actuels. C’est ce qui est mis à l’œuvre à travers un coaching spirituel qui se ressource dans ce patrimoine qui est l’expression d’une expérience et d’une sagesse accumulées à travers le temps. Mais cette fois en comprenant et en s’initiant aux mécanismes de spiritualité profonds qui sont en jeu dans cette transmission.
Comment cette «Futuwwa» pourrait-elle être aujourd’hui à la source d’une revivification des métiers et des arts traditionnels ?
Comme on dit dans les sciences expérimentales, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il faut revenir à ce corpus d’initiation spirituelle qui a produit notre civilisation, mais pas d’une façon répétitive. On confond souvent tradition et répétition, même si le processus de la répétition peut être extrêmement porteur et créatif s’il est fait avec le niveau de maîtrise nécessaire. Aujourd’hui, les grands chefs d’orchestre peuvent jouer indéfiniment une œuvre de Bach ou de Mozart ou, avec les grands maîtres de la Nouba andalouse, des registres précis et consignés, mais toujours, lorsque c’est le cas, avec un génie et une sensibilité remarquables qui nous font sentir la beauté et l’esprit qui habitent ces œuvres. Ça, c’est l’esprit de la transmission. Mais il y a aussi la possibilité de s’inscrire dans la continuité créative d’une tradition en y apportant de nouveaux cycles, de nouvelles séquences qui font que nous sommes dans la dynamique d’une civilisation vivante et créative. Cela suppose donc une formation et une initiation qui vont nourrir cette capacité créative qui tient ici toute sa force d’être à la fois individuelle et collective. C’est précisément l’objet de ces masterclass dans lesquelles les technologies de la communication se mettent au service d’un humanisme spirituel ou du développement d’une civilisation, à l’heure où le transhumanisme devient de fait un processus de plus en plus inquiétant de déshumanisation
