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La mise à niveau du système de santé, un préalable incontournable

Pour mener à bien son projet de généralisation de la protection sociale, le Maroc peut tirer profit des expériences des pays européens. Mais auparavant, des défis en rapport notamment avec l’actuel système de santé doivent être relevés pour permettre la mise en œuvre de ce chantier d’envergure. C’est l’objet de la conférence organisée mercredi sur le thème «La nouvelle politique européenne de voisinage post-Covid-19 : quel appui de l’UE au Maroc dans la généralisation de la couverture maladie ?»

La mise à niveau du système de santé, un préalable incontournable

Mener à bien le chantier de la généralisation de la protection sociale, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 14 avril 2021, nécessite l’implication et la mobilisation de tous les acteurs nationaux. Et le soutien des partenaires internationaux du Royaume ne serait pas de trop. C’est dans cette optique que le Policy Center for the New South (PCNS) a ouvert, mercredi à Rabat, les débats autour de l’appui de l’Union européenne (UE) à la généralisation de la couverture maladie, notamment dans le cadre de la nouvelle politique européenne de voisinage post-Covid-19.  
Prenant part à cette rencontre organisée en partenariat avec l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed), l’ambassadrice de l’UE au Maroc, Claudia Wiedey, a assuré que la question de la protection sociale était au cœur du partenariat avec le Royaume depuis plusieurs années. En tant que partenaire, nous apportons notre appui au niveau de la mise en œuvre et du financement des stratégies élaborées par le Maroc, a-t-elle relevé,  soulignant que le soutien européen à ce projet prendra plusieurs formes. Affirmant que le défi de la gouvernance est le plus important pour la réussite d’un tel chantier, la diplomate européenne a rappelé que plusieurs programmes sociaux avaient été lancés et que le problème de la cohérence restait posé.  
Modératrice de cette conférence, la Senior Fellow au PCNS et ancienne ministre et diplomate Nouzha Chekrouni a rappelé les nombreux acquis réalisés sur le plan social ces 20 dernières années, notamment avec le lancement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et le régime Ramed. La chercheuse a rappelé, par ailleurs, l’appui de l’UE à travers l’accompagnement de l’AMO, notamment sur le plan technique. Mettant en avant la prise de conscience actuelle de l’importance d’une prise en charge des secteurs sociaux, Mme Chekrouni a affirmé que le droit à la santé était fondamental.  

Prononçant, de son côté, l’allocution inaugurale de cette rencontre, l’ancien ministre de la Santé, Anas Doukkali, a affirmé que la généralisation de la protection sociale restait la réponse la plus forte et la plus pertinente à la pandémie qui a mis à rude épreuve tous les systèmes de santé dans le monde. La réussite de ce grand chantier est toutefois tributaire de la prise de plusieurs mesures, a relevé l’ancien ministre. Il a cité dans ce sens la poursuite de la réforme fiscale et de la compensation afin d’assurer, de manière durable, la contribution solidaire de l’État ainsi que la révision profonde de certains textes relatifs notamment à l’AMO. La généralisation de l’AMO exige d’ailleurs une réforme profonde au niveau du système de santé, a insisté M. Doukkali. Combler le déficit en ressources humaines, consacrer la dimension régionale, ériger les CHU en véritables locomotives du système de santé et assurer la convergence des politiques publiques sont autant de prérequis a remplir pour assurer la réussite de ce chantier qui concernera 22 millions de personnes, a souligné l’ancien ministre de la Santé.  
 
Des défis à relever pour une généralisation dans les temps !
La généralisation de la couverture médicale, composante fondamentale du chantier de la généralisation de la protection sociale, devra être effective fin 2022. Le temps presse et les défis sont nombreux. Selon le directeur de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS), Abdelaaziz Adnane, il faut se mettre à l’ouvrage vite si l’on veut atteindre les objectifs à temps. Le haut responsable a affirmé que «le mot clé dans la mise en œuvre est la gouvernance, car aujourd’hui cette gouvernance a montré de sérieuses limites au point qu’on peut dire qu’on est dans l’impasse».  
Appelant à la mise en place d’une «Task Force» dédiée pour assurer la mise en œuvre de ce chantier dans les délais, M. Adnane a plaidé également pour l’élaboration d’une loi pour la protection des malades. Un tel texte est à même de garantir les droits des patients et de rompre avec certaines pratiques, a-t-il souligné, précisant que le Maroc doit faire face à des défis de taille, notamment le vieillissement de la population et la prévalence croissante des maladies lourdes et chroniques.    
 Revenant sur la problématique des prix des médicaments au Maroc, le DG de la CNOPS a appelé à un travail en profondeur pour trouver une solution à la cherté des médicaments au Maroc. Sur une liste limitée de médicaments, le manque à gagner pour la CNOPS est de près de 300 millions de dirhams par an si on compare les prix d’achat au Maroc avec ceux pratiqués en Europe, a confié le responsable. «L’écart entre le prix de vente et le prix déclaré en douane est de 20, voire 40 fois pour certains médicaments», a-t-il relevé.  

 Appelant, de son côté, à tirer des leçons des expériences européennes en la matière en évitant les mêmes erreurs commises ailleurs, le Senior Fellow chez le Policy Center for the New South, Larabi Jaïdi, a appelé à s’inspirer de l’expérience de l’Europe «qui a géré la régulation de la diversité des systèmes, la régulation médicalisée, la régulation financière ainsi que l’implication des partenaires de l’assurance maladie dans cette dynamique de généralisation de la couverture médicale». Insistant également sur le volet gouvernance pour la réussite de ce chantier important, le chercheur a affirmé qu’«Il faut corriger les dysfonctionnements actuels en privilégiant la cohérence des systèmes en place». Il a appelé par ailleurs à l’ouverture des débats sur la réduction des inégalités des offres de soin entre les régions, la place des patients en termes de droits et responsabilités ainsi que la qualité des soins et la qualité du service public. 

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