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Nouveau Modèle de développement : Il faut renforcer la protection des droits des femmes, selon Abdessalam Jaldi

D’après une analyse du Nouveau Modèle de développement menée par Abdessalam Jaldi, spécialiste en Relations internationales, le Maroc a réalisé d’importants progrès en matière de consécration des droits des femmes et d’élimination des formes de discrimination envers ces dernières, mais des inerties juridiques et sociétales continuent de restreindre l’effectivité de ces droits.

Nouveau Modèle de développement : Il faut  renforcer la protection des droits des femmes,  selon Abdessalam Jaldi

La Commission spéciale sur le Nouveau Modèle de développement (CSNMD) a consacré tout un axe au rôle et la place des femmes marocaines dans le Maroc contemporain. Dans un Policy Brief de Abdessalam Jaldi, publié par le Policy Center for the New South (PCNS), le spécialiste en Relations internationales affirme que le Nouveau Modèle de développement, élaboré dans la perspective de répondre aux besoins de la nouvelle société marocaine, est perçu au regard du droit des femmes comme une forme de révolution copernicienne.
Dans cette analyse intitulée «La femme marocaine dans le Nouveau Modèle de développement», l’expert indique que la politique en faveur des droits des femmes s’est imposée, durant les vingt dernières années, comme une politique d’égalité entre les sexes, outrepassant la vocation protectrice du droit à l’égard de la femme comme partie juridiquement vulnérable. «Il ne s’agit pas seulement de reconnaître des droits spécifiques à la femme marocaine, mais aussi de mettre fin aux discriminations dont elle est victime. Quatre réformes confirment cette tendance : le Code de la famille de 2004, la Constitution de 2011, la loi de 2018 sur les violences faites aux femmes et, enfin, la jurisprudence du tribunal de première instance de Tanger en 2019 relative au viol conjugal», a souligné Abdessalam Jaldi.

Cependant, selon le spécialiste en Relations internationales, en dépit des réalisations en matière de consécration des droits des femmes et d’élimination des formes de discrimination envers ces dernières, des inerties juridiques et sociétales continuent de restreindre l’effectivité des droits des femmes au Maroc. «S’agissant de l’application des dispositions du Code de famille de 2004, et bien que ce dernier ait été porteur d’un nouveau souffle socio-juridique dans le pays, il ne semble pas tellement répondre aux espoirs qu’il avait suscités, presque 20 ans depuis sa codification. Le mariage des mineurs, la polygamie, la tutelle des enfants et le divorce bénéficient de nombreuses dérogations, reconduisant le débat sur une éventuelle révision du Code de la famille. En outre, l’égalité en droit dans la vie professionnelle, politique et sociale demeure très approximative au Maroc, portant atteinte à la matérialisation de la notion de l’égalité de traitement, qui vise à passer d’une égalité formelle au sens de l’article 19 de la Constitution de 2011 vers une égalité réelle», indique Jalti dans son analyse. Et d’ajouter que «S’agissant de la parité politique, et bien que l’amendement de la loi électorale numéro 04-21 en février 2021 a permis d’augmenter la présence féminine au sein des instances élues de 21 à 25%, dans la perspective de renforcer leur représentativité politique, l’accès de ces dernières aux fonctions électives est encore loin de la moyenne mondiale. Notons que la nouvelle Chambre des représentants du Parlement issue des élections législatives du 8 septembre 2021 compte 96 députées sur 395 sièges, soit 24% au total, contre 14 sur 120 sièges dans la Chambre des conseillers qui sera renouvelée le 5 octobre 2021. Enfin, l’égalité sociétale des femmes continue à défrayer la chronique tellement elle ravive les tensions récurrentes entre les deux camps conservateur et progressiste qui constituent le paradigme du paysage sociétal marocain».
Enfin, Abdessalam Jaldi rappelle que le Nouveau Modèle de développement s’inscrit dans un effort du Royaume de redresser la situation du pays et d’observer les lacunes des efforts précédents dans le domaine des droits des femmes. Ainsi, malgré l’évolution incontestable de la situation de la femme qui figure 43 fois dans le rapport de la Commission chargée du Nouveau Modèle de développement, notamment à travers les changements juridiques, l’égalité des genres reste à parfaire. «La situation, telle qu’elle est décrite dans le rapport, montre une situation inégale qui ne profite pas nécessairement desdits changements et qui n’inclut toujours pas les femmes dans les sphères politiques, économiques et sociales dans lesquelles elles devraient être intégrées. Ainsi, même s’il est nécessaire de renforcer la lutte contre les violences à l’égard des femmes, réviser le Code de la famille et renforcer l’autonomie politique et économique des femmes, il faut également comprendre que la femme n’existe pas en tant qu’entité disparate et qu’elle est une part entière de la société marocaine», a-t-il détaillé. Et de conclure que «Les recommandations formulées sont, dès lors, simplement un début, une lueur d’espoir qui permettra au Maroc d’amorcer sa transition vers une société réellement égalitaire, sans quoi le message d’égalité qui constitue le ciment de toute société démocratique risquerait de se perdre dans les réformes proposées». 

 

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