Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

Le Président Kaïs Saïed redistribue les cartes

Le Président tunisien Kaïs Saïed a annoncé dimanche soir avoir suspendu les travaux du Parlement et démis le chef du gouvernement Hichem Mechichi de ses fonctions. Le Président tunisien a affirmé avoir gelé toutes les activités du Parlement, levé l’immunité de tous les députés, révoqué le chef du gouvernement et assuré la présidence du ministère public, selon l’agence officielle TAP.

Le Président Kaïs Saïed  redistribue les cartes

Après une journée particulièrement tendue dans toutes les régions du pays, ponctuée de manifestations au cours desquelles plusieurs appels ont été lancés pour la dissolution du Parlement et le changement du gouvernement, d’attaques contre les locaux de certains partis dont Ennahdha (islamiste), le Président de la République Kaïs Saïed a créé la surprise le soir du dimanche 25 juillet, jour de célébration de la fête de la République, en décidant lors d’une réunion d’urgence avec des dirigeants sécuritaires et militaires, d’appliquer l’article 80 de la Constitution. Cela implique directement le gel des travaux du Parlement pendant 30 jours, la levée de l’immunité sur tous les députés, la dissolution du gouvernement et l’assurance par le Président de la République en personne du parquet afin de suivre toutes les affaires soulevées contre les députés. Ces mesures, annoncées tard dans la soirée de dimanche et qualifiées de conformes à la Constitution, ont certes surpris mais provoqué en même temps une explosion de manifestations de joie un peu partout dans le pays de populations qui ont bravé le couvre-feu. Manifestement, ces décisions, attendues depuis un certain temps, conduisent à une concentration de tous les pouvoirs exécutifs par le Président de la République qui lui revient de désigner le nouveau chef du gouvernement.

Sur ce plan, les propos du Président de la République ont été sans équivoque, soutenant que «le chef du gouvernement dirigera le gouvernement et sera responsable devant le Président de la République. Il présidera le Conseil des ministres sur ordre du Président de la République qui est le président du Conseil. Le Président de la République désignera les membres du gouvernement, proposés par le chef du gouvernement». Le Président de la République a annoncé la préparation d’autres arrêtés pour assurer le retour à la paix sociale. En revanche, il ne sera pas procédé à la suspension de la Constitution. Kaïs Saïed a assuré que d’autres mesures vont suivre et seront annoncées à travers des décrets-lois, et ce conformément aux dispositions de la Constitution. En actionnant l’article 80 de la Constitution de 2014 en pleine période de pandémie, de crise politique, économique et sociale, le Président de la République a pris à court notamment le mouvement Ennahdha, parti islamiste majoritaire au Parlement dont la présidence est assurée par Rached Ghannouchi, grande figure de ce mouvement.

Cet article prévoit «qu’en cas de péril imminent menaçant la Nation ou la sécurité ou l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le Président de la République peut prendre les mesures requises par ces circonstances exceptionnelles après consultation du chef du gouvernement, du président de l’Assemblée des représentants du peuple et après avoir informé le président de la Cour constitutionnelle. Ces mesures doivent avoir pour objectif de garantir le retour dans les plus brefs délais à un fonctionnement régulier des pouvoirs publics». En attendant l’évolution de la situation dans les prochains jours, les interprétations des mesures décidées et les réactions de certains partis politiques se sont illustrées par leurs divergences. En l’absence de la Cour constitutionnelle, seule habilitée à statuer sur ce genre de questions, certaines parties ont accueilli favorablement ces mesures qui, à leur sens, permettent d’éviter la déliquescence de l’État, la paralysie des institutions, de lutter efficacement contre la corruption et l’instauration d’une véritable paix sociale dans le pays. La députée Samia Abbou du parti «Ettayyar» a assuré que ces «mesures quoi que venues tardivement vont dans le bon sens pour sauver l’État tunisien et l’expérience démocratique tunisienne».

En attendant la réaction des organisations nationales, notamment l’UGTT (organisation syndicale) et des autres partis politiques, la seule réaction de rejet est venue du mouvement Ennahdha. Son président Rached Ghannouchi a qualifié ces mesures d’un «complot» contre l’État, contre les institutions du pays. 

Lisez nos e-Papers