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«En tant que Représentant suprême de la nation, S.M. le Roi a toujours œuvré pour garantir les pleins droits politiques aux MRE»

Dans l’objectif de faire valoir les droits des Marocains du monde (MDM) à la participation et à la représentativité politiques au Maroc, les représentants de huit formations politiques marocaines à l’étranger (Istiqlal, MP, PAM, PJD, PPS, RNI, UC et USFP) se sont constitués dans le cadre d’une structure baptisée Coordination partisane à l’étranger. Celle-ci mène au Maroc, depuis le début de ce mois de janvier, plusieurs rencontres afin de faire entendre la voix des MRE auprès des décideurs politiques. Dans cet entretien, Hadj Chafiq, cheville ouvrière de la Coordination, explique le contexte, les objectifs et les actions menées par cette nouvelle structure.

«En tant que Représentant suprême de la nation, S.M. le Roi a toujours œuvré pour garantir les pleins droits politiques aux MRE»
Hadj Chafiq, coordinateur du Parti de l’Istiqlal en Europe.

Le Matin : Pourriez-vous nous parler de votre démarche actuelle en faveur d’une représentativité politique des MDM ?
Hadj Chafiq : Notre démarche s’inscrit tout d’abord dans le droit fil de nos anciennes revendications et qui se sont renforcées depuis l’adoption de la Constitution de 2011. Elle tient aussi compte des Discours Royaux appelant à associer de manière effective les MDM dans la gestion politique, économique, sociale et culturelle du pays. À cette occasion, nous tenons à remercier chaleureusement S.M. le Roi Mohammed VI pour Son affection constante et pour toute l’attention qu’Il porte à l’égard de cette partie intégrante de son peuple. Il n’est pas inutile de rappeler l’attachement indéfectible des MDM au Trône Alaouite et à leur marocanité où qu’ils se trouvent, comme cela a été démontré, très récemment, dans toutes les grandes villes à travers le monde après la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis d’Amérique. En tant que Représentant suprême de la nation, S.M. le Roi a toujours œuvré pour garantir les pleins droits politiques aux MDM. La création du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l’étranger) s’inscrit d’ailleurs dans cette optique, quand bien même elle ne reste qu’une étape en attendant la mise en application sur le terrain du Discours Royal à l’occasion de la création de cette instance, c’est-à-dire à travers des élections démocratiques.

Quel a été le programme de vos rencontres dans le cadre de la Coordination ?
La délégation a entamé, du 5 au 9 janvier, son premier tour de rencontres avec les leaders des partis politiques, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs marocains (UGTM), ainsi qu’avec la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Ayant pour objectif d’aboutir à des solutions réalistes et réalisables en mesure d’obtenir l’adhésion du plus grand nombre, ces rencontres ont été déterminées par une volonté de dialogue et de concertation. C’est ainsi que tous les protagonistes de ces rencontres ont affirmé leur engagement à défendre le droit des MDM à la représentativité politique dans les différentes institutions élues du Royaume dès les élections de cette année et ne pas remettre aux calendes grecques leurs promesses et la réalisation de ces doléances légitimes.
Par ailleurs, la délégation compte poursuivre son deuxième tour de rencontres, du 25 au 31 janvier, avec les présidents de la Chambre des représentants, de la Chambre des conseillers, ainsi que les présidents des groupes parlementaires des deux Chambres. À l’issue de ces rencontres, un mémorandum signé, relatant l’engagement des partis politiques à accorder la participation et la représentativité des MDM, sera déposé auprès du ministre déléguée chargé des Marocains résidant à l’étranger, du ministre de l’Intérieur et du Chef du gouvernement. Puis ce mémorandum sera déposé au Cabinet Royal. À cet égard, il importe de noter que ce mémorandum comportera les différentes formules susceptibles de concrétiser ces désidérata, en s’inspirant notamment des expériences des pays européens ou des pays de la région ayant des représentants à l’étranger. S’ensuivra une conférence de presse pour informer l’opinion publique nationale et faire le bilan général de cette visite.

Comment était votre rencontre avec le secrétaire général de votre parti, l’Istiqlal ?
Les discussions se sont déroulées dans un excellent climat d’écoute et de coopération, avec des échanges extrêmement cordiaux de part et d’autre. À titre d’exemple, le secrétaire général Nizar Baraka a attiré l’attention sur le poids ô combien important de la «jaliya», cette partie intégrante des citoyens marocains, dans la vie économique, sociale, associative et culturelle du pays. Il n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que, déjà en 2014, le Parti l’Istiqlal avait été derrière une démarche identique à celle d’aujourd’hui, allant jusqu’à soumettre une proposition de loi concernant la représentativité politique des MDM en proposant 60 sièges, après une étude approfondie de la question prenant en considération les 6 millions de Marocains résidant à l’étranger. Il nous a promis de tout mettre en œuvre pour nous aider en vue de la réalisation de cet objectif légitime. Je tiens à rappeler, à cet égard, que la position de notre secrétaire général a toujours été favorable aux MDM par rapport à cette question, comme il l’avait souligné lors d’une réunion à distance, organisée par la coordination des MDM en Europe il y a quelques mois, devant les nombreuses compétences marocaines présentes lors de cette réunion.
Il importe de signaler au passage que notre parti a toujours été précurseur dans la défense du droit des MDM à la représentativité politique, comme l’a si bien rappelé aussi Noureddine Moudiane, membre du comité exécutif et président du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants, lors du meeting du Parti de l’Istiqlal qui s’est tenu dans la ville de Leiden, aux Pays-Bas, au printemps 2019. En effet, il avait profité de cette occasion pour exhorter la coordination des MDM en Europe à intensifier les efforts en ce sens, mais aussi à nouer des contacts avec les autres représentants des partis politiques pour y parvenir. Il a par la suite réitéré ses dires lors du meeting de Toulouse, où il a réaffirmé avec force cette idée, et ce lors de la création de l’Alliance des économistes istiqlaliens à l’étranger en présence de Abdellatif Maazouz, président de cette Alliance au sein du parti et ancien ministre des MRE, lequel soutient également l’idée.

Concrètement, quelle est la teneur exacte de vos propositions ?
Nous demandons tout simplement que les six millions de Marocains de l’étranger puissent être représentés dans toutes les instances représentatives et constitutionnelles du pays, car ils sont les plus à même de défendre la «jaliya», en même temps que les intérêts supérieurs de la nation, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. De manière un peu plus poétique, on peut parler d’un idéal, d’un rêve que la «jaliya» caresse depuis très longtemps, celui d’avoir une représentativité pleine et entière, conformément à l’article 17 de la Constitution de 2011, qui n’est autre chose que la traduction effective du Discours Royal de 2006 sur le même sujet. Et comme je l’ai dit auparavant, les secrétaires généraux des partis soutiennent tous, sans exception, les revendications exprimées par la délégation. Chacun d’eux a suggéré des pistes à suivre. Par exemple, ils sont tous d’accord pour une liste régionale dans laquelle la «jaliya» serait représentée. Si la majorité est d’accord pour que la liste des jeunes soit remplacée par celle des femmes, on pourrait inclure la «jaliya» féminine dans cette liste, notamment avec des jeunes compétences dynamiques. Une charte d’honneur sera proposée aux secrétaires généraux en vue de s’engager à ce que parmi les 90 sièges qui seraient dévolus aux femmes, un tiers reviendrait à la «jaliya», à condition qu’au moins un représentant de la «jaliya» soit parmi les trois premiers de la liste à chaque fois.
De la même manière, si l’on considère que les MDM peuvent représenter «la région 13», ils pourraient par exemple avoir une trentaine de siège, répartis pour représenter tous les continents. Sinon, une partie du quota dans la liste nationale, toujours autour d’une trentaine de sièges, pourrait leur être dédiée. Si cette proposition ne convient pas, qu’ils accordent a minima deux sièges par région, ce qui ferait 24 parlementaires. Cela peut se faire en respectant le principe de parité, qui renforcerait dès lors la présence de la femme au Parlement. Sachant que les jeunes compétences seront bien sûr privilégiées afin d’injecter du sang neuf dans les rouages politiques. Sinon, à titre personnel, je pourrais aller encore plus loin et demander l’attribution des 24 sièges qui seraient proposés exclusivement aux femmes de la diaspora et ainsi renforcer par là même leur présence au sein du Parlement.

Vos rencontres ont suscité parfois la polémique, notamment dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ?
Oui, j’ai eu vent de quelques commentaires et déclarations ici et là, notamment lors d’une émission sur internet, mais nous restons sereins et positifs au sein de la délégation, car notre démarche est tout à fait constructive et surtout légitime, d’autant plus que les représentants ayant participé à ces réunions jouissent toutes et tous de la qualité pour le faire. Autrement, on n’aurait pas été reçus par les SG des partis et leurs hautes instances dirigeantes. De plus, ceux qui sont derrière cela ne disposent d’aucun titre officiel pour parler au nom de leurs partis. Ils ne s’expriment que pour assouvir des ambitions personnelles.

Quelle sera votre prochaine action au sein de la coordination de l’Istiqlal ?
La coordination des MDM du Parti de l’Istiqlal, à sa tête Mohammed Saoud, compte entamer début février une grande tournée en Afrique, puis le Canada et les États-Unis au mois de mars. Le but est de consolider la présence du parti dans ces continents, de même qu’affermir le rôle de la diplomatie parallèle à travers la création de nouvelles sections du parti. Vous n’êtes pas sans savoir que le parti compte aujourd’hui un nombre important de sections de par le monde, sur les cinq continents : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suisse, Canada, États-Unis, Mexique, Brésil, Australie, japon, Émirats arabes unis, Qatar, Mauritanie, Sénégal, Gabon, etc. Dans les prochains mois, ce chiffre va connaître une augmentation considérable grâce au travail et au dynamisme des militantes et militants du parti à travers le monde.

Pensez-vous que vos actions vont aboutir à du concret à partir des prochaines législatives ?
Nous savons tous que le sujet est complexe et les solutions envisagées peuvent très rapidement être balayées. Nous sommes aussi conscients qu’il y a pas mal de contraintes de différents ordres : organisationnel, financier, technique, la crise de la Covid, etc. Toutefois, nous savons tous aussi que ces élections sont faisables, pourvu qu’il y ait de la volonté politique et pour organiser les votes au Maroc sur la liste nationale ou régionale dans un premier temps. L’idée avancée par notre secrétaire général de faire une liste régionale comportant 90 sièges, dont les deux tiers seraient attribués aux femmes et un tiers reviendrait aux jeunes, aux MDM et aux compétences, constituerait un bon point de départ. Nous ne demandons pas que la représentativité politique soit pleine et entière du jour au lendemain, mais cela peut se faire progressivement, étape par étape, afin d’atteindre cet objectif. On peut à cet égard parler d’une représentativité symbolique dans un premier temps, qui serait une étape marquante dans le processus entamé il y a plus de 20 ans, même s’il s’agit in fine d’un objectif restreint. En tout état de cause, je reste optimiste et, pour la première fois, au vu de l’accueil favorable de nos propositions, je sens qu’on n’a jamais été si proche de l’objectif de la diaspora. De toute façon, nous restons ouverts au dialogue et l’idée de constituer une équipe entre les techniciens du ministère de l’Intérieur, les représentants des secrétaires généraux des partis et les représentants de la coordination des partis à l’étranger semble intéressante, et ce afin de trouver la meilleure formule possible pour l’organisation des élections concernant les MDM. 


Propos recueillis par Brahim Mokhliss

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