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Le warning du FMI sur le risque d’insolvabilité des entreprises

L’abondance de liquidités octroyées sous forme de prêts, de garanties de crédits et de moratoires sur les dettes a protégé de nombreuses PME du risque immédiat de faillite. Mais, en accumulant des pertes et en empruntant pour poursuivre leur activité, les entreprises risquent de devenir insolvables. Cette insolvabilité entraînerait également des pertes considérables pour les banques, selon le FMI. Pour l’institution comme pour le wali de Bank Al-Maghrib, les mesures de soutien ne devraient pas être généralisées mais cibler les entreprises viables.

Le warning du FMI sur le risque d’insolvabilité des entreprises
Dans les pays les plus durement touchés par l’insolvabilité des PME, les ratios de fonds propres de base des banques (mesure clef de leur solidité financière) pourraient baisser de plus de 2 points de pourcentage.

Face à la crise Covid-19, la majorité des pays ont instauré des mesures de soutien aux entreprises. L’abondance de liquidités octroyées sous forme de prêts, de garanties de crédits et de moratoires sur les dettes a protégé de nombreuses PME du risque immédiat de faillite. Mais cette aide ne saurait être le remède aux problèmes de solvabilité. En accumulant des pertes et en empruntant pour poursuivre leur activité, les entreprises risquent de devenir insolvables, car leurs dettes dépasseront largement leur capacité de remboursement. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude du Fonds monétaire international. Les conclusions de l’institution de Bretton Woods sont préoccupantes. Du fait de la pandémie, la part des petites et moyennes entreprises insolvables devrait passer de 10 à 16% en 2021 dans les pays objet de l’étude. «Cette augmentation serait d’une ampleur similaire à la hausse des liquidations observée pendant les cinq années qui ont suivi la crise financière mondiale de 2008, mais elle interviendrait sur une période beaucoup plus courte», estiment des experts du FMI, dont Chiara Maggi, économiste au département Moyen-Orient et Asie centrale, où elle est chargée du Maroc.
Selon ces experts, être dans l’incapacité d’honorer les obligations financières immédiates, signifie aussi qu’il faut continuer à octroyer des liquidités à ces structures. Les répercussions sur les banques inquiètent également. L’insolvabilité des PME entraînerait des pertes considérables, épuisant ainsi leurs fonds propres.
Dans les pays les plus durement touchés, les ratios de fonds propres de base des banques (mesure clef de leur solidité financière) pourraient baisser de plus de 2 points de pourcentage. Pour le FMI, les pays disposant d’un espace budgétaire suffisant et de mécanismes de transparence et de responsabilisation efficaces pourraient envisager d’injecter des quasi-fonds propres dans les petites et moyennes entreprises. Par exemple, accorder des «prêts avec participation aux bénéfices», dont le remboursement pourrait être partiellement indexé sur les gains de l’entreprise. Mais là aussi, il est très difficile de cibler les bonnes entreprises, c’est-à-dire celles qui sont insolvables en raison de la pandémie mais qui ont un modèle économique viable. 

Quatre fois plus de résultats avec un programme ciblé
C’est pourquoi les pouvoirs publics pourraient envisager de subordonner leur aide à l’injection de capitaux par des investisseurs privés (comme les banques), ce qui permettrait au marché de jouer un rôle majeur dans l’identification des entreprises viables. Rappelons que le wali de Bank Al-Maghrib est également en faveur d’un soutien étatique bien ciblé qui privilégie les entreprises viables, notamment pour le produit de garantie Damane Relance. S’exprimant à l’issue de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib du 23 mars dernier, Abdellatif Jouahri a souligné «qu’il faut laisser mourir» les entreprises, structurellement, en grande difficulté financière, et qui souffraient déjà bien avant la crise Covid-19, pour soutenir les entreprises viables.
C’est également l’avis d’Euler Hermes. En février dernier, l’assureur-crédit a indiqué que les mesures de soutien ont largement facilité la possibilité pour les entreprises en grande difficulté financière, surnommées «entreprises zombies», de poursuivre leur activité tout en étant techniquement insolvables.
Même si ces mécanismes d’aide étatique sont justifiés à très court terme, plus le processus naturel de la faillite est retardé, plus les distorsions de concurrence sont pénalisantes et plus les dommages pour l’économie ressortent élevés à moyen terme. 
Pour le FMI, l’aide pourrait également être échelonnée dans le temps : de nouvelles tranches ne seront décaissées que lorsque la viabilité des entreprises concernées se confirme. «Il serait bien plus utile et efficace d’injecter des quasi-fonds propres dans certaines entreprises plutôt que d’aider toutes les entreprises», estime l’institution. Selon elle, un programme d’appui ciblé produirait un résultat quatre fois supérieur à une stratégie globale de soutien à toutes les PME sans distinction.

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