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«Ne pas hypothéquer l'avenir»

«Ne pas hypothéquer l'avenir»
LE MATIN : Au-delà des conférences internationales, Rio, Copenhague, Mexico, il y a une prise de conscience des citoyens du monde d'une forte dégradation de l'environnement. Comment vous en tant que scientifique expliquez-vous cet état ?

Driss Bouami :
Il est indéniable que l'environnement de notre planète connaît une dégradation incessante du fait des nombreuses pollutions que l'homme provoque par son industrialisation irrespectueuse de la Terre et par son mode de vie générant une multitude de déchets de toutes sortes : liquide, solide et gazeux. La découverte du trou d'ozone, qui ne cesse de s'élargir, a fait prendre, à l'homme, conscience que son développement effréné et irréfléchi contient aussi les germes de sa destruction et de celle des générations futures. Les bouleversements climatiques nombreux et dévastateurs ont montré combien l'effet de serre que l'homme génère particulièrement par son industrie et ses moyens de transport est en train de dégrader irrémédiablement et dangereusement notre environnement. Un large éventail d'actions a été adopté par plusieurs pays afin de limiter les nuisances que subit notre globe. Ces actions visent à éliminer les rejets polluants ou tout au moins à en réduire les impacts néfastes. Les entreprises sont tenues de limiter leurs rejets ou les traiter afin d'en réduire les effets. Les déchets sont recyclés ou traités pour une autre utilisation. Les constructeurs de voiture font preuve de plus en plus de créativité afin de trouver les solutions technologiques pour limiter la toxicité des gaz d'échappement et aussi pour diminuer la consommation de carburant. Des voitures hybrides ont déjà vu le jour alliant intelligemment énergie électrique et énergie provenant de la combustion. Désormais, les exigences de la protection de l'environnement sont prises en compte au stade de la conception de machines, des installations et des constructions de toutes sortes. On parle d'éco-conception. Il est important aussi de souligner que les hommes s'évertuent de plus en plus à trouver les solutions idoines afin de leur permettre de vivre et de se développer sans pour autant porter atteinte à l'environnement et hypothéquer ainsi la vie des générations futures. Ils sont, désormais, tenus de pratiquer sans relâche « le développement durable ». Sur un autre plan, toutes les nations tentent, avec plus ou moins de volonté, avec plus ou moins de réussite, de remplacer l'énergie à base d'exploitations de pétrole ou de charbon, fort polluantes, et utiliser le plus largement possible les énergies renouvelables dont principalement la solaire et l'éolienne.

Au Maroc, l'École Mohammedia d'Ingénieurs a été l'établissement précurseur dans le domaine de la formation et de la recherche sur l'Environnement. Pouvez vous nous en retracer la genèse ?

L'idylle entre l'EMI et l'environnement est vieille de près de 40 ans. En effet, en 1970 sortit, de l'EMI, la première promotion d'ingénieurs spécialisés dans l'environnement.
L'École a aussi abrité depuis le début des années 70 le Centre International du Génie Sanitaire affilié à l'ONU qui avait pour mission de former des Africains francophones particulièrement sur l'eau potable et le traitement des eaux usées. Ce centre fut remplacé, par la suite, vers le milieu des années 80, sur grâce à un projet de coopération OMS-PNUD et le ministère de la Santé, par un autre ne dépendant que de l'EMI et qui fut appelé « Centre National du Génie Sanitaire et de l'Environnement». Par ailleurs, le Directeur de l'EMI de l'époque des années 70, décida, par la suite, pour pérenniser la formation en environnement, de créer une section dans le Département Génie Civil appelée « Génie de l'Environnement».. Suite à la Réforme mise en place à l'EMI en 2007, cette section a été transformée en option dénommée «Génie Urbain et Environnement» au sein de la filière «Génie Civil ». Deux autres option furent également créées en relation avec l'environnement: il s'agit de la section «hydraulique» en Génie Civil et de la section «Hydrogéologie» en Génie Minéral. Mais bien au delà de cette compartimentation réductrice, force est de souligner que l'environnement et le développement durable concernent en fait, outre le génie civil, toutes les autres spécialités d'ingénierie de l'École (Géo-ingénierie, Génie mécanique, Génie Électrique, Génie des Procédés, Génie informatique, Génie industriel et la modélisation et informatique scientifique). Il convient de noter, au passage, que plus de 300 projets de fin d'études furent réalisés sur l'environnement et ses différents aspects, dont l'eau, depuis l'apparition de cette formation à l'École en 1970. Toujours dans le cadre de la réforme précitée, l'École a introduit l'enseignement de l'environnement à travers le module « Qualité, Sécurité et Environnement» dispensé dans toutes ses filières de formation d'ingénieurs sans exception. L'École a également introduit, dès le milieu des années 80, où elle mit en place, la première au Maroc, le doctorat ès sciences appliquées, des équipes de recherche oeuvrant sur des thématiques diverses liées aux rejets polluants solides, liquides et gazeux. Elle a ainsi acquis une forte expertise construite au fil des ans et au fil des doctorats encadrés dont le nombre a dépassé 20. Depuis l'année 2008, l'École dispose d'un centre des études doctorales composé de 8 laboratoires et 35 équipes de recherche dont 5 d'entre elles travaillent sur des thématiques liées à l'Environnement et à l'eau et au sein desquelles oeuvrent une trentaine de doctorants. En matière de formation continue, l'École propose aujourd'hui deux mastères liés à l'environnement : «Efficacité énergétique et énergies renouvelables », d'une part, et «Hygiène, Sécurité et Environnement», d'autre part. Ce sont des cycles de formation spécialisée étalés, chacun, sur une année et destinés principalement au milieu socioprofessionnel. Il est à ajouter qu'un projet de Mastère sur l'environnement et le développement durable vient d'être déposé par un groupe d'enseignants de l'École en vue de sa validation pour son lancement en septembre prochain.

Au-delà de l'enseignement, il y a d'autres formes plus ludiques pour apporter les questions de l'environnement par les étudiants ?

Un club a été créé en septembre dernier avec pour mission de promouvoir au sein de la population des étudiants la culture et les réflexes de protection de l'environnement afin de contribuer à ce large mouvement que connaît notre planète pour le préserver et consacrer ainsi durablement le développement durable. Cette mission sera réalisée à travers des conférences, des ateliers de formation, une revue, un site web... Le Club vise aussi la réalisation d'actions techniques novatrices pour la préservation de l'environnement. Ce sont les membres de ce club qui se mobilisent avec l'AIEM pour l'organisation de la manifestation d'aujourd'hui au niveau de la logistique au sein de l'École.Un autre club vient de voir le jour, cette année, au sein du Département Informatique dans le cadre de ses projets Pro Act. Il se dénomme EMI-ACTIC et projette, cette année, de centrer ses activités sur l'environnement en organisant, entre autres, deux compétitions, l'une sur la conception d'affiches sur l'environnement et l'autre sur le développement d'un site web dédié à l'environnement.
Il faut préciser que le site primé sera adopté comme site officiel du Club de l'Environnement de l'EMI. Une équipe dynamique et créative d'élèves du Génie mécanique appelée « EMI Team » est en train de réaliser la deuxième version d'un prototype de voitures à consommation réduite avec lequel elle participera en Allemagne à la compétition « Shell Eco-Marathon Européen».
L'an dernier, EMI-TEAM avait été la première et la seule équipe africaine et arabe à participer à cette grande manifestation. Le club «Sife EMI» travaille quant à lui sur 3 projets pour participer à la compétition nationale, d'abord, puis internationale, ensuite, de l'Organisation Mondiale «Sife ».
L'un de ces trois projets est en relation étroite avec l'environnement puisque il porte sur la recherche de nouvelles utilisations des sacs usagés en plastique ; sacs fort préjudiciables à la nature et à notre cadre de vie. Ces clubs et leurs activités, on le voit, s'inscrivent dans une large dynamique. l'EMI compte, aujourd'hui, 17 clubs dont 5 ont vu le jour, cette année.. en 2010 !
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