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Le Matin : Quelle lecture faites-vous de la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Gabon ?
Ali Bojji : La visite officielle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI est un moment fort et privilégié dans nos relations bilatérales. Elle vise à imprimer un nouvel élan et une dynamique renouvelée à ces relations. C’est également une occasion appropriée pour les deux pays de magnifier l’amitié profonde qui lie Sa Majesté le Roi à M. Ali Bongo Ondimba ainsi que les deux peuples frères.
La visite royale constitue en outre une opportunité pour donner un contenu dense et varié à la coopération bilatérale. Les deux pays et les deux chefs d’État sont animés de la ferme volonté de bâtir un partenariat stratégique pour en faire un modèle de coopération Sud-Sud.
À quel niveau sont, aujourd’hui, les relations politiques entre les deux pays ?
Ces relations sont d’une qualité exceptionnelle et revêtent un caractère spécial. Comme je l’ai dit, elles sont imprégnées d’une profonde amitié et d’une volonté commune, bien affichée, de raffermir davantage les liens fraternels. Les deux pays et les deux peuples se sentent très proches l’un de l’autre. L’éloignement géographique n’a pas empêché une très grande proximité entre les deux peuples frères.
Le Maroc et le Gabon partagent des valeurs et des visions communes sur pratiquement toutes les questions africaines et internationales. Ils ont des appréciations et des analyses presque identiques.
En est-il de même sur le plan économique ?
Les multiples visites au Gabon de Sa Majesté le Roi ont constitué un catalyseur au développement des relations économiques et commerciales. Intervenant dans le sillage de ces visites, les groupes marocains manifestent un intérêt grandissant à l’investissement au Gabon. Parmi les groupes déjà présents sur le marché gabonais, il y a lieu de citer Maroc Telecom, Attijariwafa bank, Royal Air Maroc, Managem, Cema Bois de l’Atlas, la Caisse de dépôt et de gestion, Involys, sans compter les bureaux d’études marocains qui accompagnent les projets d’infrastructures. Le groupe Addoha est actuellement en phase de négociation pour la construction d’une cimenterie avant de se lancer dans celle de logements.
Que représente le marché gabonais pour les opérateurs économiques marocains ?
Le Gabon est un marché prometteur pour nos opérateurs. Il dispose de nombreuses richesses naturelles, minières et forestières. La politique audacieuse et ambitieuse de M. Ali Bongo Ondimba, tendant à faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025, constitue un véritable attrait pour l’investissement étranger au Gabon. Ce dernier est le mieux classé en Afrique centrale par rapport aux indices sur le climat des affaires.
Le Gabon pourrait également constituer un «hub» à nos opérateurs pour accéder à un marché régional de près de 70 millions de consommateurs. En effet, le Gabon forme, avec cinq autres pays de l’Afrique centrale, un marché commun susceptible d’inciter nos hommes d’affaires à investir au Gabon.
D’autre part, l’intérêt de plus en plus manifeste de nos opérateurs économiques pour le marché gabonais est illustré par l’organisation des Journées économiques et commerciales maroco-gabonaises qui se sont tenues à Libreville en 2010 et en 2012, sous le haut patronage du Président de la République et de la présidence effective du Premier ministre. Ces journées qui ont vu la participation de plus de 120 hommes d’affaires marocains opérant dans divers secteurs ont permis des contacts utiles et prometteurs.
Pour ce qui est des relations commerciales, le volume global des échanges a progressé de 42% entre fin 2009 et fin 2011. Les exportations marocaines vers le Gabon se sont élevées à 235,6 millions de dirhams en 2010, soit une progression de 7,3%. Les importations marocaines du Gabon ont atteint 220 millions en 2011, soit une légère progression de 3%. La balance commerciale enregistre un solde en faveur du Maroc de l’ordre de 16 millions de dirhams.
Quels sont les secteurs en expansion qui peuvent intéresser ces investisseurs ?
Depuis l’accession de M. Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême en 2009, le Gabon est engagé dans un ambitieux programme de développement, articulé autour du plan stratégique Gabon Emergent qui repose sur les trois piliers que sont : Gabon Vert, Gabon Industriel et Gabon des Services.
Ce programme offre de nombreuses opportunités d’investissement pour le secteur privé local et étranger. Nos opérateurs sont appelés à mettre à profit ces opportunités et saisir des parts de marché. Parmi ces opportunités, il y a lieu de citer les infrastructures, le logement (les besoins sont estimés à 200 000 unités), les mines, le bois, l’électricité, l’eau potable, les services, le tourisme, l’agroalimentaire, l’agriculture et la pêche, etc.
Lors de sa visite officielle au Maroc, en mars 2010, le Président de la République gabonaise avait tenu une rencontre importante avec les opérateurs économiques marocains. Il les a invités à soumissionner aux différents appels d’offres en spécifiant les secteurs des Bâtiments et travaux publics (BTP), les infrastructures de transport, l’éducation et la santé. Il a également appelé de ses vœux un partenariat gagnant-gagnant tout en louant l’expertise et le savoir-faire marocains.
Au plan juridique, le Maroc et le Gabon ont signé et ratifié deux accords importants, notamment ceux sur la non double imposition et la promotion et la protection réciproques des investissements.
Dans quel sens le Maroc représente-t-il à son tour un marché pour le Gabon ?
Le Gabon dispose d’un fonds souverain doté de moyens financiers importants, soit 762 millions d’euros, dont 10% proviennent d’un prélèvement sur les recettes pétrolières. Il permet à l’État des prises de participation dans les entreprises étrangères. Notre économie gagnerait à bénéficier de ce fonds.n
