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Le flux commercial a doublé depuis 2006

L'ALE Maroc-USA a fait redémarrer les échanges bilatéraux. La balance commerciale reste toutefois excédentaire en faveur des États-Unis. Le Maroc mise aussi sur les investissements directs étrangers américains, qui représentent aujourd'hui une infime part dans ses flux globaux.

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Le Maroc est le premier pays arabe à avoir signé en 2004 un accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis. Depuis l’entrée en vigueur de cet ALE en janvier 2006, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays n’a cessé de croître. Les exportations américaines vers le Maroc ont, en effet, doublé un an après l’entrée en vigueur de l’accord, pour atteindre 1,29 milliard de dollars, alors que celles du Maroc vers ce pays ont totalisé 609 millions de dollars, selon les données du Département du Commerce des États-Unis. Depuis, les importations du Maroc en provenance du pays de l’Oncle Sam se sont inscrites en constante hausse. En 2012, le Royaume a acheté à son partenaire commercial l'équivalent de 2,17 milliards de dollars. Sur les 8 premiers mois de 2013, ses importations se situent à 1,74 milliard.

Coûts logistiques

Pour leur part, les exportations du Maroc ont connu, depuis la signature de l’accord, une évolution contrastée. Mais c’est en 2011 que le pays bat son record en acheminant vers les États-Unis l’équivalent de 995,7 millions de dollars. Ce qui le hisse parmi le Top 5 des marchés arabes les plus importants pour les Américains. Malgré le déficit de la balance commerciale en faveur des États-Unis, l'ALE a tout de même boosté les exportations marocaines. Alors qu'elles atteignaient à peine 400 millions de dollars au début des années 2000, ces exportations frôlent aujourd’hui le 1 milliard de dollars.

«C’est vrai que le Maroc enregistre des évolutions en termes d’exportations vers le marché américain, mais celles-ci demeurent timides comparées au volume exporté par les Américains. Vous savez, le marché américain est très difficile et demande beaucoup d’efforts de la part des opérateurs marocains», observe Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI). Selon lui, l'un des obstacles est la capacité de production limitée du Maroc. Celle-ci ne peut satisfaire un marché énorme, de surcroît très exigeant. Ici, il faut garder à l'esprit qu'un exportateur marocain ne peut prétendre s'attaquer au marché américain dans sa globalité, d'où la nécessiter de la segmentation.

Il y a également la barrière de la langue et de la distance. Ce qui implique des investissements supplémentaires de la part des entreprises marocaines en termes de recrutement de profils anglophones maitrisant le marché américain, en plus des surcoûts logistiques. De même, la faible diversification des produits freinerait le développement des exportations marocaines vers les États-Unis. «Nous sommes très réputés pour des produits comme la conserve de sardines, les olives, l’agroalimentaire en général et le textile. Nous ne sommes pas très concurrentiels comparés à des productions d'autres pays de certains produits à forte valeur ajoutée», regrette Kerdoudi.

Dans le détail, sur les 8 premiers mois de cette année, les principaux produits expédiés par le Maroc sont les minéraux et les minerais, les vêtements et les accessoires, les produits chimiques, les produits alimentaires et les produits informatiques et électroniques, selon le Département américain du Commerce. Les importations des États-Unis, elles, ont concerné principalement le pétrole et le charbon avec plus de 555 millions de dollars sur les 8 premiers mois de 2013, suivis du matériel de transport, des produits alimentaires et des minéraux.
Pour pallier la faible absence du Maroc sur ce marché, le président de l’IMRI recommande de fournir davantage d’effort sur les IDE américains. «Aujourd’hui, il faut jouer la carte des investissements. Il faut inciter les Américains à venir investir au Maroc, car notre pays dispose de plusieurs accords de libre-échange avec des pays qui intéresseraient les États-Unis, comme les pays arabes et surtout le marché européen, avec lequel les États-Unis ne sont pas encore liés par un ALE», nous déclare Kerdoudi.

Cap sur les IDE américains

Valeur aujourd'hui, les investissements en provenance des États-Unis occupent une petite part dans la totalité des IDE à destination du Maroc. «Les IDE en provenance des États-Unis ont représenté environ 0,3 milliard de DH durant le premier trimestre de cette année, soit 2% de la totalité des flux drainés par le pays», nous avait déclaré Ahmed Fassi Fihri, directeur général de l’Agence marocaine de développement des investissements (AMDI). Un volume en baisse par rapport à la même période en 2012 (0,7 milliard de DH). De même, les IDE américains ne représentent que 3% du cumul entre 2004 et 2012. Les secteurs susceptibles d’intéresser les investisseurs américains sont, à en croire M. Kerdoudi, l’automobile, l’aéronautique, l’industrie chimique et la logistique. Des activités que l’AMDI a d’ores et déjà intégrées dans ses secteurs prioritaires. D’ailleurs, dans son plan d’action, les États-Unis figurent parmi les marchés cibles.

Quoi qu’il en soit, depuis l’entrée en vigueur de l’ALE entre le Maroc et les États-Unis, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a plus que doublé. De 1,4 milliard de dollars en 2006, il est passé à 3,1 milliards en 2012. De même, «plus de 120 entreprises américaines opèrent au Maroc, avec des investissements estimés à environ 2,2 milliards de dollars. Les emplois directs et indirects créés grâce à ces investissements dépassent les 100 000», selon le ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération. Les deux pays travaillent actuellement sur plusieurs leviers pour tirer vers le haut leur coopération économique. Sur ce registre, notons l’organisation récente de la conférence maroco-américaine sur le développement des affaires par le Département d'État US ainsi que le budget alloué par les États-Unis pour assister les opérateurs désireux d'investir au Maroc, promouvoir le développement économique local et renforcer le cadre légal et réglementaire. Enfin, la Chambre de commerce américaine au Maroc (AmCham) a lancé, en collaboration avec l’OCP, le Prix du commerce et de l'investissement maroco-américain. Ce prix récompense les entreprises qui contribuent de manière significative aux échanges bilatéraux.

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