«La nouvelle Rio n’a pas l’intention de faire de la figuration»

Le Matin Auto : Quelles sont les particularités les plus significatives de la nouvelle Rio ?
Hatim Kaghat : Trois principes ont guidé les concepteurs de la nouvelle Rio. D’abord, il fallait fabriquer une voiture dynamique avec une âme sportive, une voiture qui doit briller par un faible niveau de consommation et d’émissions polluantes, une voiture qui offre un haut niveau de sécurité. Cette voiture doit avoir une âme européenne, comme c’était le cas de la deuxième génération. Et le résultat a été au rendez-vous.
La nouvelle Rio, qui est désormais disponible au Maroc en sa version 1,2 l essence, n’a pas l’intention de faire de la figuration dans
son segment, mais de jouer un vrai rôle.

Quelles sont les avancées par rapport à l’ancienne génération ?
Par rapport à sa devancière, la nouvelle Rio marque une réelle rupture, essentiellement au niveau du style. Comme souligné auparavant, cette citadine a résolument opté pour un design agressif et plus sportif, signe de sa volonté de séduire une clientèle de jeunes. Côté dimensions, elle est plus longue, plus large, mais plus basse. Quant à l’empattement, il a gagné 7 centimètres pour le plus grand bonheur des passagers. Sur le plan technique, la nouvelle Rio se distingue par un faible niveau de consommation et d’émissions polluantes, et ce, grâce au tout nouveau moteur 1,2 litre développant 85 ch. En sa version disponible au Maroc, elle peut atteindre 4,3 litres/100 km pour une conduite à 90 km/h. Ce qui va certainement séduire notre clientèle de Picanto qui désire monter en gamme et rester fidèle à Kia…

Quelle carrière a menée l’ancienne génération ?
La Rio est, selon les dernières statistiques du constructeur, le modèle le plus vendu de la marque sur les marchés de l’export. Au niveau national, je rappelle que la précédente génération n’a été
vendue qu’en sa version 4 portes-diesel. Elle avait d’ailleurs souffert d’un positionnement à mi-chemin entre citadine et compacte. En ce moment, l’effet de cannibalisation avec la Cerato 4 portes a joué en sa défaveur. Aujourd’hui, la Rio est en phase avec son segment et se dote de grands atouts pour s’imposer et jouer les premiers rôles.

Quels sont vos objectifs pour cette troisième génération de la Rio ?
Sur notre business plan, nous avons prévu d’en écouler près de 350 unités sur les 8 mois qui restent de l’année 2012, soit environ 5% du marché des citadines essence. L’année prochaine, et avec la montée en cadence de la production, nous serons capables d’atteindre les 10% de parts de marché.

La non-disponibilité de la motorisation diesel ne réduit-elle pas vos horizons en termes de ventes ?
La Rio existe bel et bien en version diesel, mais seulement en spécifications européennes. En d’autres termes, il n’a pas encore été avéré que la qualité de notre diesel ne perturbera pas le tout nouveau 1,4 litre diesel.

Pour le moment, cette limite technique nous conduit à positionner la Rio sur le marché avec sa seule motorisation essence. Ce qui ne déplaira pas à notre clientèle Picanto qui verra en cette voiture une parfaite alternative.

Depuis deux années, la marque Kia est sur un trend baissier. Quelles sont les raisons de cette régression sur le marché marocain, alors que le constructeur cartonne ailleurs ?
La baisse dont vous parlez est essentiellement à mettre sur le dos de l’indisponibilité de certains modèles, mais aussi du fait d’un manque de compétitivité due au différentiel des droits de douane par rapport aux marques européennes.

La régression de Kia au Maroc n’est-elle pas la conséquence logique d’une stratégie basée au début sur un seul modèle, la Picanto ?
La Picanto a toujours été notre cheval de bataille et notre porte-drapeau dans le cadre de la conquête du marché marocain. La forte notoriété de Kia est due à sa performance. Sur les 7 années passées, la proportion de la Picanto se situait entre 55 et 65% du total des ventes. Sur certaines périodes, le manque de disponibilité de ce modèle nous a fait perdre quelques points en parts de marché. Mais je vous rappelle que les problèmes de disponibilité ont concerné aussi d’autres modèles comme le Sportage et le Sorento. Aujourd’hui, et avec un modèle comme la nouvelle Rio et une fluidité au niveau de l’approvisionnement des SUV Sportage et Sorento, la part de
la Picanto dans le gâteau pourra être inférieure à 50%.

La marque peut-elle faire mieux sur le marché national ou tout simplement les résultats actuels sont un retour à la normale après une embellie basée sur le best-seller qu’était la Picanto ?
Depuis 3 ans, Kia est dans un cycle de forte demande de ses produits à l’international, ce qui engendre des délais d’attente qui ne sont pas toujours acceptés par les clients. Nous ne sommes pas les seules à en souffrir, mais le développement de nouveaux produits comme la Rio et la Cee’d, dans des segments aussi importants promettent un avenir meilleur.

Outre les avancées techniques et technologiques, le design de la marque a connu une grande amélioration. À quel degré le grand designer Peter Schreyer a-t-il contribué à l’essor de la marque ?
Il est indéniable que Peter Schreyer a largement contribué à rajeunir la marque et à la positionner avec une forte identité unique et différente des autres généralistes. Son génie réside en sa grande capacité à synthétiser les travaux des différents bureaux de style dont il assure la direction à savoir en Corée, au Japon, en Allemagne et aux États-Unis. Sa signature est désormais reconnaissable comme un label. On peut dire que sa volonté de faire de Kia une marque jeune avec un esprit sportif est aujourd’hui un objectif atteint, grâce à une gamme renouvelée à 90%.