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Un secteur en pleine expansion, mais…

Faisant partie des métiers mondiaux du Maroc, identifiés par le Plan Émergence, l’industrie automobile
nationale ne cesse de se développer.
Chiffres à l’appui, une étuderéalisée par l’Observatoire de l’entrepreneuriat (ODE) vient de confirmer cette réalité. Pourtant, des lacunes devraient être comblées.

Un secteur en pleine  expansion, mais…

«Maroc : l’industrie automobile sous ses meilleurs jours» : un titre qui ne pourrait qu’enchanter plus d’un, surtout en ces temps troubles où plusieurs secteurs souffrent toujours des retombées de la crise. Ce titre se veut le résumé de la partie réservée au Maroc, d’une étude sectorielle relative aux équipementiers automobile, initiée par l’Observatoire de l’entrepreneuriat (ODE) et publiée la semaine dernière.
Selon l’étude en question, l’industrie automobile s’en sort plutôt bien malgré son jeune âge, comparée à d’autres secteurs d’activités (la Somaca, première unité de production automobile, a été créée en 1959 et les équipementiers automobiles se comptaient à cette époque sur les bouts des doigts).
Lancé par le gouvernement en 2005 et revu en 2009, le Plan Émergence, a déjà porté ses fruits. Il a permis à plusieurs sous-traitants étrangers de s’installer au Maroc. Il a également favorisé l’émergence de nouveaux équipementiers marocains.
Par la suite, l’usine de Renault à Tanger a été un vrai «boosteur» de l’industrie automobile. En effet, ce site a créé tout un écosystème autour de lui, et depuis son inauguration, les équipementiers automobiles internationaux continuent d’affluer au Maroc. Leurs confrères marocains s’y sont également fait une place.

Retombées positives
Grâce à ce contexte favorable, les résultats sont plutôt concluants. Selon l’étude de l’ODE, qui cite le ministère du Commerce et de l’industrie, la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev), l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale ainsi que la presse et Internet, les exportations de l’industrie de l’automobile continuent d’évoluer sur un trend haussier. En effet, et après le pic de 53% enregistré en 2010, elles ont réalisé une hausse de près de 21% en 2011 pour atteindre 22,2 milliards de DH, soit 13,3% des exportations globales du Royaume.
Cette bonne performance s’explique en partie par le positionnement du Maroc sur la gamme «Entry» qui continue de faire preuve de résistance face à la crise actuelle. Ce segment génère des marges tout aussi importantes que celles réalisées par le haut de gamme
(6-10%).
La mise en œuvre de la stratégie Émergence a contribué favorablement à l’amélioration des investissements dans le secteur automobile au Maroc. Ainsi, l’annonce de l’implantation d’une usine Renault à Tanger a suscité l’intérêt de plusieurs équipementiers aussi bien nationaux qu’internationaux. En 2010, les investissements (hors Renault) ont atteint 7,4 milliards de DH, réalisant une croissance annuelle moyenne de +35,9% depuis 2005, date du lancement du premier plan Émergence par le gouvernement.
La création d’emploi n’est pas en reste. Entre 2009 et 2011, l’emploi dans le secteur secondaire a été tiré principalement par les composants automobiles et le projet Renault. En effet, l’industrie automobile a créé près de 31 500 emplois sur les 70 000 postes prévus à l’horizon 2015, soit une croissance annuelle de +32%, portant le nombre total des employés du secteur à 54 589 personnes.

Cadre incitatif
Tout comme d’autres secteurs stratégiques tels que l’aéronautique, l’offshoring ou encore l’artisanat, l’industrie automobile figure parmi les priorités de l’État. En effet, une stratégie tout entière a été déclinée afin d’attirer les équipementiers et les constructeurs étrangers et de mettre à niveau les opérateurs locaux, tout ceci ayant pour effet de renforcer la compétitivité industrielle du Maroc tout en saisissant l’opportunité de servir les 28 sites d’assemblage en France, en Espagne et au Portugal.
Cette stratégie demeure basée sur un cadre incitatif et attractif, une infrastructure dédiée dans le cadre de plateformes industrielles intégrées, ainsi qu’un plan de formation de qualité, focalisé sur les métiers prioritaires du Maroc (câblage, emboutissage, traitement de surface, construction automobile et de spécialité…). «Il convient également de souligner que les pouvoirs publics marocains s’étaient très fortement impliqués dans la construction de l’usine Renault-Nissan à Tanger, avec la prise en charge de la moitié de l’investissement», rappelle l’étude.

Sur le plan financier, les opérateurs internationaux implantés au Maroc et leurs homologues locaux font preuve de logiques bien différentes. Alors que les équipementiers étrangers sont sur un marché de masse, les industriels marocains sont dans une logique de niche. Dans le même temps, les entreprises étrangères sont globalement plus performantes, et ce, tant en termes de moyens que de résultats. Ceci s’explique par la longue expérience et le savoir-faire dont ils disposent, de la bonne maîtrise des coûts de production ainsi que du support de la maison mère.

Développement, mais beaucoup reste à faire
Pour les professionnels, les chiffres sont globalement positifs, mais on peut aller plus loin. «Notre pays dispose d’atouts exceptionnels, et nous devons mettre l’accélérateur. Nous devrions développer plus de métiers, accroître les investissements et augmenter la valeur ajoutée. Il faut également continuer à travailler et mettre l’accent sur la création des centres d’ingénierie et de conception-développement», souligne un professionnel. Et d’ajouter : «Il faut également continuer à accompagner les constructeurs et travailler avec eux dans le cadre de partenariats. D’autres pourront suivre si nous continuons à soutenir ceux déjà présents».
Aussi, l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica), vient de reconnaître que malgré le grand potentiel dont il dispose, le secteur de l’équipement automobile n’a pas encore réalisé les résultats escomptés (www.lematin.press.ma ou lire notre édition du 20-02-2013).
Toujours selon l’Amica, la performance du secteur est principalement due aux unités de production des faisceaux de câbles et coiffes des sièges ainsi que la montée en cadence de Renault Tanger Med. Le secteur est appelé à développer plusieurs dizaines de nouveaux métiers, et ce, afin de renforcer aussi bien l’intégration locale que de générer de nombreuses nouvelles offres exportables.

Aussi, en 2009, une vingtaine d’équipementiers marocains et sous-traitants ont été identifiés par Renault pour un projet d’accompagnement afin de fournir les chaînes de Tanger et Somaca.
Ce nombre devait constituer un point de départ pour l’industrie locale, et s’étendre dans le futur pour former un tissu plus développé. Toutefois, les résultats escomptés n’ont pu être obtenus en raison, selon l’Amica, d’un manque de temps dû au démarrage rapide de la première et la deuxième vague de production. «Il faut surtout se préparer au nouveau train qui arrive», nous avait confié Hakim Abdelmoumen, président de l’Amica.

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