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La crise de la confiance

Les journées noires de cotation se succèdent, accentuant la panique des épargnants qui donnent l'impression de ne pas croire aux messages rassurants des analystes et des autorités de tutelle. Le mouvement de la correction était, certes, prévisible par une communauté souvent interpellée à s'expliquer sur des niveaux de cours sans aucune mesure avec les fondamentaux des sociétés cotées.

La crise de la confiance
Mais à ce rythme de baisse et en si peu de temps, il n'y a qu'une seule explication. En temps réel, la contagion de la crise américaine a gagné la Bourse marocaine à travers le seul lien émotionnel et psychologique. Sinon, comment justifier une chute pareille dans une ambiance marquée globalement par l'annonce de très bonnes nouvelles semestrielles? Comment justifier la réservation du titre Alliances à la baisse le jour même où ce promoteur immobilier annonce une prise de participation dans le capital de la société aménageuse de la station touristique du port Lixus à Larache? Si les analystes et les conseillers financiers des places occidentales risquent de perdre leurs emplois à cause des développements de la crise des subprimes, leurs homologues marocains risquent de perdre leur crédibilité sous l'effet d'une crise de confiance prononcée par les épargnants. Le vent de panique souffle dans le sens inverse de la raison économique et financière.

Il est difficile de trouver des liens directs et immédiats entre, d'une part, la plongée des indices de la Bourse marocaine et, d'autre part, la crise financière internationale. L'historique des échanges montre clairement que la place de Casablanca a été et reste encore animée essentiellement par les institutionnels (compagnies d'assurances, caisses de retraites…) et les organismes de gestion de l'épargne collective. Quant aux investisseurs étrangers, de part leur présence relativement faible, et même en admettant le scénario d'un éventuel retrait massif, leur impact sur les indices ne sera pas d'une ampleur assez conséquente telle qu'observée sur le marché aux cours des dernières semaines. La crise internationale ne pourra impacter l'économie ou la finance marocaine que dans une perspective moyen termiste, sous l'effet du spectre de la récession qui plane sur les économies américaine et européenne.

Le ralentissement de la croissance chez les principaux partenaires du Maroc pourrait effectivement provoquer une baisse de demande étrangère et donc de production domestique. Mais pour le moment, aucun indice de baisse, en relation avec la récession, n'a été détecté au niveau de la balance commerciale. Sur le plan financier, notamment bancaire, le dispositif de supervision adopté par Bank Al-Maghrib a permis au système de se prémunir des phénomènes de faillite.
Mieux encore, les éléments déclencheurs de la crise internationale ne se vérifient pas sur le sol marocain. Comme l'a bien rappelé le ministre des Finances, S. Mezouar, les banques ne détiennent pas de titres ou de créances sur des institutions financières ou des fonds d'investissement internationaux affectés par la crise. On n'est pas dans un schéma d'attente d'un quelconque plan de sauvetage versus Paulson ou Merkel. Voilà ce qui constitue la spécificité de cette crise de confiance qui s'intensifie à la Bourse de Casablabnca et qui ne ressemble absolument pas à celle des principales Bourses internationales.

Preuve en est aussi la décision prise récemment par le conseil de BAM en révisant à la hausse le coût de l'argent au même moment où d'autres Banques centrales ont opté, elles, pour une baisse de leurs taux directeurs.
La conjoncture boursière actuelle appelle à revisiter certaines insuffisances marquant le fonctionnement du marché. L'absence d'un encadrement spécifique aux petits porteurs, notamment auprès du réseau bancaire, a accentué la panique à un moment où cette catégorie d'investisseurs, devenus faiseurs de marchés grâce à la force multiplicatrice des grosses introductions, avait besoin surtout d'être rassurée par des gestionnaires avertis. La Bourse de Casablanca souffre également d'un manque de liquidités. En ces temps de crise, ce n'est pas l'amendement apporté à la loi sur la SA, autorisant la réduction du nominal des actions cotées de 100 à 10 DH, qui résoudra cette lacune. La concentration des échanges autour d'un nombre restreint de valeurs condamne le marché à suivre le chemin des mastodontes et à minimiser, voire négliger les performances réelles des petites capitalisations. Dans un environnement pareil, l'attrait de la cote perd de sa pertinence.

Pour sa part, la fiscalité boursière n'est pas neutre dans cet environnement de crise. La suppression de l'abattement sur les plus-values réalisées par les compagnies d'assurances et les Caisses de retraites a contraint celles-ci à réajuster leur comportement boursier. Au lieu de placer leurs fonds sur le long terme, elles préfèrent ouvrir et boucler leurs positions au cours de la même séance. La nouvelle donne fiscale a fait de ces institutionnels des ‘'daytraders'' au lieu de faiseurs et stabilisateurs du marché. Comment parvenir à endiguer cette crise de confiance? Telle est la question qui taraude les esprits. Une chose est sûre: récupérer la confiance des épargnants est une mission délicate mais possible. De l'avis de certains professionnels, trois pistes apportent de l'espoir au marché. D'abord ces premières pluies, enregistrées cette année en septembre au lieu de novembre, augurent d'une belle saison agricole. Il faudra juste du temps avant qu'elles ne ‘'laissent des traces sur le terrain sous forme de transactions économiques''. Puis, il y a le levier du papier frais.

Il faudra désormais accélérer le rythme des introductions. Car toute IPO est en soi une marque de confiance à l'égard des perspectives du marché boursier. Enfin, la troisième piste invite à remonter le cours de l'histoire pour revenir quatre ans plus tôt. Après avoir entamé l'année 2004 à 3.945 points, le Masi a pu marquer son pic le 10 septembre à 4.649 points, soit une performance annuelle de 17%. S'ensuivit un fort mouvement de baisse jusqu'à toucher un plus bas niveau au seuil de 3.806 points, soit une contre-performance annuelle de 3%. Les deux mois restants de l'année ont redonné des forces au marché. In fine, le Masi a pu clore l'exercice à 4.521 points, soit une belle performance de l'ordre de 14%. Espérons que ce ‘'feuilleton sera rediffusé le mercredi 31 décembre prochain!''
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Un mois pas comme les autres

Au cours du mois de septembre, la Bourse de Casablanca a effacé tous les gains accumulés depuis le début de l'année. Le Masi a perdu 12% à 12.487 points. Parmi les 76 valeurs traitées, 59 ont accusé des baisses allant jusqu'à -31% pour le cas de la nouvelle recrue Alliances. Une sévère correction d'autant plus qu'elle fut accompagnée par des volumes considérables. Le rythme de la baisse a dépassé 20% également chez Delta Honding, Managem, Addoha et la minière Touissit. Le volume total échangé sur le Marché central en septembre est de 14,4 milliards DH. Environ 60% de ce montant ont été ‘'animés'' par seulement quatre valeurs dont trois immobilières: Maroc Telecom (2,1 MM DH), CGI (1,5 MM DH), Alliances (1,7MM DH) et enfin Addoha a été la plus active avec un peu plus de 3 MM DH.
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