Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next les managers optimistes malgré la crise

Une dynamique de partenariat

Coopération. Les opportunités d'affaires entre le Maroc et l'Espagne couvrent autant de secteurs d'activités, particulièrement l'énergie, l'immobilier et le tourisme. Dans la conjoncture actuelle, la démarche du co-développement prend toute sa force.

Une dynamique de partenariat
La 17ème session du Comité mixte des patronats marocain et espagnol, tenue lundi dernier à Madrid à la veille de la 9ème réunion de haut niveau entre les chefs des deux gouvernements, revêt un caractère spécial. L'économie espagnole a été sévèrement affectée par la récession de l'économie mondiale. Les niveaux faibles des taux d'intérêt, le poids du secteur de la construction (25% du PIB), la forte dépendance au financement extérieur aux ressources énergétiques fossiles externes, le niveau d'inflation le plus élevé en Europe…, autant de facteurs ayant contribué à la fragilité du système économique espagnol.

Lors d'une séance de travail, au siège du patronat espagnol (CEOE), consacrée aux perspectives de coopération entre les deux pays, le directeur général de l'institut des études économiques, Juan Iranzo, n'y va pas par quatre chemins. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le déficit de la balance courante atteint déjà 10%.

Le déficit public ne cesse de se creuser. La crise immobilière accentue le chômage. «Lorsqu'on arrête de construire dix appartements, on force 17 personnes à chômer», souligne-t-il. Bref, la situation est préoccupante, encore plus celle des Etats-Unis où les taux d'intérêts réels deviennent structurellement négatifs. «Je pense que la BCE va ramener son taux directeur à 2% au mois de février», prévoit l'économiste ibère qui rappelle que «ce ne sont pas les politiques économiques et fiscales qui ont permis au monde de sortir de la crise de 1929». La solution selon lui, c'est que «le cœur de la finance doit continuer à pomper de l'argent, mais il faut d'abord régler nos problèmes de compétitivité ».
La sortie de crise d'après J. Iranzo, par les investissements productifs en infrastructures, la baisse de l'impôt, la réforme de l'emploi et last but not least, l'économiste plaide pour « un prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires».

S'agissant de l'économie marocaine, le tableau de bord affiché et explicité par le président du groupe Attijariwafa bank, Mohamed El Kettani, s'inscrit dans le sens inverse de celui de l'économie ibérique. Comme l'a d'ailleurs souligné le dernier rapport de la Banque mondiale, le Royaume bénéficie d'une situation budgétaire consolidée, une position extérieure solide, un secteur financier capable de résister aux chocs…La crise internationale a eu pour seul effet une stagnation du niveau des IDE, des recettes touristiques et des transferts MRE, laquelle stagnation est balancée par la croissance de la demande interne et par la baisse des cours de pétrole. Voilà ce qui amène M. El Kettani à inviter les patrons espagnols à saisir les 50 programmes socio-économiques lancés par le Maroc. En ces temps de crise, le Royaume, précise-il, est «une lucarne physique et stratégique de l'ensemble méditerranéen».

Du côté marocain, parmi les autres interventions programmées dans cette séance matinale, on retient surtout celle du secrétaire général de la fédération des promoteurs immobiliers. Après avoir énuméré une série de données statistiques et de mesures incitatives à l'investissement (notamment le déficit énorme en immobilier au Maroc, alors que l'Espagne, elle, compte un stock d'un million de logements invendus), Saïd Sekkat n'a pas manqué de lancer sa boutade : « C'est malheureux de ne pas pouvoir exporter vos logements». Pour sa part, le président du Centre marocain de production propre a invité les Espagnols, dont l'expertise est reconnue dans le domaine de l'énergie verte, à saisir les opportunités que présente le Maroc dans la perspective du Statut avancé avec l'UE et du plan solaire de l'Union pour la Méditerranée. «Si on fait l'énergie éolienne au Maroc, on pourrait vendre l'électricité verte en Europe au tarif du kilowatter vert. Ce qui change complètement l'économie de la chose», explique Saïd Mouline.

Les opportunités du co-développement entre les deux pays couvrent d'autres secteurs d'activités, notamment l'eau, les services financiers, l'agro-industrie, les matériaux de construction, la pêche, le textile, le tourisme, la logistique, les télécoms. Les représentants espagnols des fédérations professionnelles de ces secteurs n'ont pas manqué de relever les points forts de la technologie et du savoir-faire développés par l'industrie espagnole. Sauf celui représentant la fédération de l'énergie éolienne. A la surprise générale, son intervention prouve qu'il existe encore une race d'entrepreneurs nordiques soucieux d'empocher des marchés. Juan Mayoral, le directeur du département international de Nucleo – Eliop, par ailleurs adjudicataire à l'appel d'offres international lancé par l'ONE pour le compte du projet éolien de la région de Tarfaya, s'est reconverti en donneur de leçon en remettant en cause le système des appels d'offres au Maroc qui selon lui s'avère «restrictif et ne favorise pas l'implantation des entreprises espagnoles».

Une attitude somme toute bizarre, d'autant plus que les plis déposés par les soumissionnaires au projet concerné ne sont pas encore ouverts. La mise au point du président de la CGEM a été ferme à ce sujet. «Le Maroc ne souhaite pas changer la démarche de l'appel d'offres. Si vous avez un problème de non transparence, je suis à votre disposition ». Autrement dit, le gré à gré, soit le système de compétition recherché par J. Mayoral, n'existe plus au Maroc. S'il tient à développer son business de cette manière, il n'a qu'à voir du côté des républiques bananières. Le choix est encore large et diversifié.
-------------------------------------------------------

Les coulisses de l'audience royale

Les patrons espagnols étaient impressionnés. Une délégation de patrons d'entreprises reçue, le jour même, par le chef de gouvernement et par le Roi d'Espagne, c'est une première. Si le Premier ministre, J.L. Zapatero, a dû annuler sa présence après avoir reçu un appel en urgence au Parlement (la CGEM a été reçue par le chef de son cabinet au palais de Moncloa), le Roi d'Espagne, Juan Carlos, a reçu les patrons marocains de manière royale. « C'est un homme qui adore le Maroc.

Il est profondément marocain, Juan Carlos croit fortement au potentiel et à l'évolution de l'économie marocaine », commente un membre de la délégation marocaine reçue au palais de la Zarzuela. Et d'ajouter: «Il nous a dit que l'Espagne sera toujours prête à nous accompagner, que son pays a des choses à nous apprendre, par exemple dans le tourisme ». Pour rappel, après la mort de Franco, l'Espagne est devenue la deuxième destination touristique au monde après la France. D'après l'Organisation mondiale du tourisme, plus de 52 millions de touristes par an se rendent en Espagne.
Lisez nos e-Papers