Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next les managers optimistes malgré la crise

«L'économie de l'Oriental est en passe de devenir moderne et compétitive»

L'Oriental sort lentement mais sûrement de son isolement. Cette région qui représente 11% du territoire national et 6% de la population et qui ne manque pas de potentialités à faire prévaloir a été jusqu'ici victime de son emplacement.

«L'économie de l'Oriental est en passe de devenir moderne et compétitive»
Elle a été, de ce fait, un terrain de prédilection de la contrebande qui a déstructuré sa physionomie socioéconomique. Actuellement, elle est en train de se redresser pour se bâtir une économie organisée et saine, mettant à contribution tous les atouts et tous les leviers de développement qui s'offrent à elle. Il s'agit notamment de l'investissement public, de la mobilisation des MRE, de la coopération internationale dans toutes ses formes, de l'initiative privée… Tout cela déclenché et encadré par l'Initiative royale pour le développement de l'Oriental et orchestré par l'Agence de l'Oriental. Ce qui permet à la région de se préparer à entrer de plain-pied dans le grand et ambitieux projet de la régionalisation qui se profile à l'horizon, tel que décliné en novembre dernier par Sa Majesté le Roi dans le discours royal commémorant le 33ème anniversaire de la Marche Verte. Pour se faire davantage connaître sous son meilleur jour, l'Agence vient de se doter d'un nouveau portail d'information. Développements avec Mohamed M'barki, directeur général de l'Agence de l'Oriental.

MATIN ÉCO : L'Agence de l'Oriental vient de lancer son portail d'information. Il semble que les objectifs assignés à ce portail dépassent son rôle de simple outil d'information. Qu'en est-il de son rôle ?

Mohamed M'barki :
Le site oriental.ma est effectivement d'une autre nature. Il porte les avancées et les réalisations nées de la volonté royale de transformer cette région et aspire à être au service du public. Avant que Sa Majesté le Roi lui-même n'en assure la notoriété, notre région souffrait d'un déficit d'image, lié en partie à un manque de connaissance et de valorisation, une sorte d'enclavement médiatique, avec trop peu de lieux de capitalisation des données, surtout vis-à-vis de l'étranger. Pour un Marocain originaire de l'Oriental et vivant à l'étranger ou dans une autre région du Maroc, pour un investisseur, où et comment évaluer l'attractivité et la compétitivité renouvelées de l'Oriental ? A travers le monde, toute personne intéressée par l'Oriental va débuter sa démarche par une consultation dudit portail. Et la première image de la région est décisive : on n'a pas plusieurs fois l'occasion de se faire une première impression.
Notre site souhaite donc répondre à ces questions. C'est un site pour la région, avec la proximité et la convivialité attendues. Il sera le média des médias sur la Région. On y trouve aussi bien l'actualité que la revue de presse ou des publications sur la région. La revue éponyme Oriental.ma peut y être consultée, ainsi que les adresses des sites partenaires ou des liens et les coordonnées utiles. C'est sa fonction de portail.
Enfin, le site est participatif. Les forums et blogs sont appelés à animer le débat sur tous les aspects du développement régional et, bien sûr, à favoriser l'expression des points de vue.
J'ajoute, comme simple internaute moi-même, qu'il y a une dimension ludique à surfer sur Internet et que fidéliser, c'est aussi donner du plaisir et de l'envie aux internautes. Voilà pourquoi le site se veut agréable, ergonomique et séduisant. La praticité est grande, avec des parcours dédiés à certaines familles d'internautes, comme la presse d'ailleurs, avec un moteur de recherche interne et bientôt quatre langues (arabe, français, anglais et espagnol). Ce site est donc une composante stratégique de la communication régionale et nous en attendons beaucoup.

Dans le cadre du projet de Loi de Finances 2009, la région de l'Oriental devra recevoir plus de 5 milliards de DH d'investissement public. Quels sont les projets auxquels cet investissement sera destiné ?

En effet, la région de l'Oriental devra bénéficier d'un peu plus de 5 MMDH en termes d'investissement public, au titre de l'exercice 2009, selon le projet de Loi de Finances. Il convient de noter au passage l'innovation de cette Loi de Finances, qui permet une ventilation régionale des finances publiques, et cela représente un progrès conséquent vers le projet de régionalisation avancée par Sa Majesté le Roi. Cet investissement touche plusieurs secteurs : l'agriculture, la santé, l'éducation, l'habitat, la justice, les transports et équipements, etc. Il traduit l'effort public de développement de la région.

Pouvez-vous nous donner une idée sur les autres grands projets de développement prévus dans la région et, éventuellement, les montants d'investissement et les porteurs de ces projets?

Cet effort important de l'Etat vient en effet s'ajouter aux grands chantiers en cours, issus de l'Initiative royale pour le développement de l'Oriental, dont les plus marquants sont la création de zones industrielles à Selouane, Madagh et Oujda, le pôle touristique de Saïdia, le projet Mar Chica à Nador, la nouvelle voie ferrée Nador-Taourirt, la requalification du réseau des villes de l'Oriental, le nouvel aéroport d'Oujda, la rénovation du secteur de la santé publique, la création de la faculté de médecine, les activités génératrices de revenus dans le cadre de l'INDH, etc. Il faut également citer la station thermosolaire de Ain Beni Mathar (472 MW), la sécurisation de l'eau potable de la région, l'effort important sur le programme d'électrification rurale et le programme d'alimentation en eau potable du monde rural, les grands projets de requalification urbaine, la protection contre les inondations, etc.
Ces différents projets vont permettre à l'horizon 2010 de mettre la région à niveau et de poser les bases d'une économie régionale moderne et compétitive. Bien entendu, l'Agence de l'Oriental contribue dans la mesure de ses moyens à la plupart de ces projets en partenariat avec les départements concernés. Quant aux porteurs de projets, ils sont multiples et concernent outre les départements ministériels, les établissements publics et le secteur privé.

L'on s'accorde à considérer les MRE comme des acteurs potentiels importants pour le développement de la région de l'Oriental. Qu'est-ce qui a été fait pour les mettre concrètement à contribution en faveur de l'essor de la région?

Les MRE font partie des forces vives de la région que Sa Majesté le Roi a instamment invités, dans son discours du 18 mars 2003, à s'impliquer dans la promotion de leur région. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la mobilisation des MRE dans le processus de développement de la région est, en outre, une orientation clairement spécifiée du texte de la Loi 12-05 portant création de l'Agence de l'Oriental. En effet, de par sa position géographique proche du Maghreb et de l'Europe, son histoire, sa posture de carrefour culturel et commercial entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest, cette région constitue une plateforme d'accueil des populations et une source d'émigration.
Cette diaspora issue de l'Oriental – à l'instar des autres régions – demeure attachée à ses origines (nationale, régionale, locale). Parmi les initiatives engagées par l'Agence à ce sujet, figure l'examen des voies et moyens de convertir les flux financiers de la diaspora vers la région en investissements productifs (création de PME, transfert de compétences, partenariats d'entreprises, etc.).

A cet égard, un projet financé par l'Union européenne et exécuté par la GTZ, en partenariat avec l'Agence de l'Oriental et la Fondation Hassan II pour les MRE, a été lancé récemment : il a pour vocation de proposer des instruments concrets de promotion de l'investissement productif en faveur des MRE. Dans la région, beaucoup d'espoirs sont portés sur ce projet pilote qui est conduit de manière professionnelle et doté de moyens importants pour éclairer les acteurs locaux sur les mesures et instruments concrets à même d'améliorer la transformation des flux financiers en projets productifs.

En plus des MRE, la région compte également sur la coopération internationale. En fait, l'Agence a noué des relations de partenariat avec différents organismes de coopération multilatérale et bilatérale. Pouvez-vous nous donner quelques exemples réussis de cette coopération ?

Avant même la création de l'Agence, plusieurs coopérations étaient à l'œuvre dans la région (coopération décentralisée, aide au développement, université, etc.).
Suite à la création de l'Agence, il est apparu important de consolider la coopération internationale pour venir en appui à la stratégie de développement régional, sachant qu'il est recherché – à travers cette coopération – non seulement des expertises et des moyens financiers additionnels mais aussi l'insertion de l'Oriental dans le réseau d'intérêt des organismes internationaux.
Enfin, la coopération internationale est également un vecteur de promotion socio-économique de la région sur l'international, mais aussi au plan national.
A titre d'exemple, cette coopération est engagée avec le PNUD pour le développement local, avec la CNUCED pour la promotion des investissements dans la région, avec l'ONUDI pour la création de filières agro-industrielles basées sur les produits du terroir, avec l'UNICEF pour la création de maternités rurales et mutuelles de santé en milieu rural pour la protection de l'enfance, avec la GTZ sur l'émigration et le développement, avec l'Union européenne sur le jumelage de la région avec d'autres régions européennes dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage, etc.
Parmi les coopérations bilatérales importantes présentes dans la région, il convient de signaler le rôle important de l'AFD dans le financement des projets d'infrastructure, celui de la Coopération technique espagnole (AECI), celui de la Coopération technique japonaise (JICA) qui a financé le port de pêche de Sidi Hssaïn dans la province de Nador, la Coopération technique italienne (via l'ONG COOPI) qui a financé les projets de réhabilitation de l'ancienne médina d'Oujda et qui travaille actuellement sur les projets de réhabilitation de Figuig et sur l'artisanat à Nador.
Ce sont là quelques exemples de projets concrets et utiles à la promotion et au développement de la région.

Il y a quelques années, c'était impensable de voir un hypermarché s'implanter dans la région à cause de la contrebande. Or, on constate dernièrement une ruée des grandes enseignes sur la région (Marjane, Aswak Assalam, Métro). Est-ce que ces hypermarchés sont en mesure de faire face à la contrebande ?

La contrebande, analysée d'un point de vue économique, est un dysfonctionnement de l'économie régionale, qui a toujours existé car la région est doublement frontalière. Ce phénomène s'est amplifié à cause d'une approche traditionnelle qui a restreint le développement de la région à ses liens frontaliers créant ainsi une dépendance de l'économie locale aux aléas frontaliers trop imprévisibles. Cette approche traditionnelle de l'économie régionale a malheureusement occulté les potentialités énormes de ce vaste territoire du Royaume (11% du territoire national, 6% de la population marocaine).
Nous constatons aujourd'hui -avec la nouvelle vision du développement régional de l'Oriental impulsée par l'Initiative Royale- qu'en se basant sur des politiques endogènes de valorisation des ressources humaines et territoriales de la région, stimulées par l'effort d'investissement public, la situation économique s'est inversée.
Les grandes enseignes commerciales et de distribution – en apportant une offre répondant aux besoins et attentes des consommateurs – sont surprises du succès commercial engendré par leur implantation dans la région. Il faut souligner, à cet égard, l'effort important déployé par les autorités locales dans tout le processus d'installation de ces entreprises.
En effet, la région dispose d'un pouvoir d'achat et d'un potentiel d'investissement qui méritent d'être reconnus et surtout valorisés. Nous sommes donc ravis du succès qu'enregistrent ces grandes enseignes, qui est aussi quelque part une marque de confiance pour la région et une manière positive de lutter contre la contrebande.

Dans le discours royal prononcé par Sa Majesté à l'anniversaire de la Marche Verte, le Souverain a réaffirmé sa détermination à faire aboutir le grand projet de la régionalisation. En tant que dirigeant d'une importante agence de développement régional, avez-vous quelques réflexions à faire partager à ce sujet ?

Effectivement, Sa Majesté le Roi Mohammed VI confirme et réaffirme sa volonté de faire du grand projet de régionalisation avancée l'une des réformes stratégiques du nouveau règne, à l'instar des autres réformes sociales, sociétales et économiques que connaît notre pays.
Toutes les approches de développement territorial modernes convergent vers le fait que la valorisation des potentialités d'un territoire est étroitement liée à l'implication et la participation effective des populations locales au développement de leur région.
Le Maroc a fait beaucoup de progrès à ce sujet, très souvent en solutionnant des problèmes ponctuels et urgents. Mais aller plus loin dans la mise en œuvre de ces principes conduit à interroger globalement tous les aspects du grand projet de régionalisation, et notamment celui de la gouvernance, du partage des pouvoirs - en termes de prérogatives s'entend - entre l'Etat, renforcé, et mieux présent, et la Région, promue, valorisée et responsabilisée. C'est à cette réflexion qu'a invité le discours royal. L'Agence, par son expérience, participera activement à ce grand et passionnant débat.
---------------------------------------------------

Ni chevauchement, ni redondance

Selon Mohamed M'Barki, l'Agence est arrivée à s'insérer efficacement dans le dispositif institutionnel existant pour promouvoir le développement socioéconomique de la région. « Il ne peut y avoir chevauchement, ni redondance (ndlr avec les partenaires l'Agence que sont la wilaya, provinces et préfectures, élus, etc.) car, explique-t-il, le législateur a clarifié le rôle et les missions de l'Agence – à l'instar des deux autres Agences, du Nord et du Sud – comme étant des missions d'appui, d'accompagnement et d'assistance aux acteurs locaux ( autorités locales, collectivités locales, société civile, etc.) ».

Elle n'est pas une agence d'exécution des projets, ajoute-t-il en soulignant que ceux-ci sont mis en œuvre aux plans local et régional par les opérateurs habilités (départements ministériels, autorités locales, élus, services extérieurs, acteurs économiques publics et privés).

L'Agence de l'Oriental intervient, précise-t-il, comme structure d'accompagnement œuvrant le plus souvent à la demande des acteurs locaux et comme organe de référence en matière de mobilisation d'expertises, de financements complémentaires et d'appui à la promotion socioéconomique de la région au plan national et international.

La valeur ajoutée de l'Agence réside essentiellement, selon son DG, dans sa capacité à créer des synergies fertiles et vertueuses entre les opérateurs, à veiller à l'implication de l'ensemble des forces vives de la région et à se constituer en interface entre opérateurs nationaux, internationaux, locaux et régionaux. « En ce sens, l'Agence se présente comme un catalyseur de synergies. Elle est objectivement un plus pour tous les opérateurs du développement économique, social et humain qui sont ses partenaires naturels », conclut-il.
Lisez nos e-Papers