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Accueil next Le coaching d'intérgation prend de l'ampleur

Quand le travail temporaire cultive la précarité

Avez-vous dit travail temporaire? Et si on changeait l'appellation. A mon avis, travail précaire ou esclavagisme moderne lui irait à merveille.

Quand le travail temporaire cultive la précarité
En fait, l'intérim qui est de plus en plus répandu chez nous aussi, ne fait pas que des heureux. Certes, il a résolu en quelque sorte la problématique du chômage et amélioré l'employabilité de certains, mais n'empêche qu'il reste un secteur où la surexploitation est de mise. Il y a sûrement des sociétés structurées qui oeuvrent pour assainir le secteur, mais la plupart sont des PME, voire des TPE qui veulent s'enrichir rapidement et facilement en faisant fi des dispositions du code du travail et des pratiques de bonne gouvernance. Malheureusement, nous ne disposons pas de chiffres exacts et officiels sur le nombre exact des travailleurs temporaires, mais ils doivent représenter des centaines de milliers de personnes.

En tout cas, il est devenu urgent que le gouvernement prenne les choses en main. Les pourparlers engagés du temps de Mustapha Mansouri sont poursuivis avec le nouveau ministre de l'Emploi, Jamal Rhmani. La nouveauté cette fois, c'est que la Commission tripartite, longtemps mise en veilleuse, a été réactivée. Rhmani vient d'en présider la première réunion, et selon lui, d'autres séances de travail suivront. (Voir Interview) En attendant le dénouement, le secteur connaît une grande anarchie. Une grande partie des entreprises y opérant sont hors la loi, soit elles ne déclarent pas les collaborateurs temporaires à la CNSS et ne payent pas d'impôts, soit elles sous-déclarent ou encore les déclarent sans s'acquitter des impôts, au vu et au su de tout le monde.

Résultat: ces fraudeurs se remplissent les poches et créent la précarité. A titre d'exemple : la société d'intérim paie les services d'une femme de ménage à 800 DH et les factures à 3.000 DH pour l'entreprise. Une aberration !!!
Pour contrer ces pratiques douteuses, les professionnels, conscients du danger qui guette la profession, multiplient les actions. L'UMETT travaille d'arrache-pied pour faire aboutir un projet de cahier des charges pour verrouiller l'accès à la profession et assainir le secteur. L'AETTO, présidé par Jamal Belahrach et l'AMTT, chapeauté par Alaoui M'daghri, œuvrent pour la mise en place d'une fédération pour faire avancer les négociations avec le gouvernement et renforcer la position de ses entreprises. Elle devrait voir le jour avant fin 2008.

Les préoccupations majeures des professionnels restent le renforcement du contrôle de la part des institutions publiques, telles la CNSS, la direction des Impôts et celle de l'Emploi. Et ce, pour rassurer les clients et les partenaires sociaux. Ces opérateurs sont de plus en plus confrontés à la réalité pour que le marché se régule, sinon c'est la fin pour bon nombre d'entre eux. Le secteur public a annoncé la couleur en annonçant que les sociétés qui veulent soumissionner aux appels d'offres doivent être en règle. Fini, la pagaille.
Même au niveau du secteur privé, certains employeurs exigent de la société d'intérim pour que les collaborateurs temporaires bénéficient de la couverture sociale, de l'assurance maladie et de la couverture contre les maladies professionnelles et les accidents de travail. Certes leur nombre est réduit, mais c'est une pratique qui devra être généralisée à grande échelle bientôt. Et ce, afin de combattre la précarité.

«Ces dernières années, les syndicats ne remettent plus en cause le travail temporaire, mais son application de la part des sociétés, et on ne peut que leur donner raison», nous a confié Jamal Belahrach, directeur général de Manpower.
Et d'ajouter «Maintenant, il nous appartient à nous, les opérateurs de travail temporaire à montrer l'exemple et à créer des conditions pour que cette confiance demeure. Mais pour cela, on a besoin de l'Etat, d'organismes sociaux et de la direction du travail pour faire le contrôle».
In fine, dans le monde entier, le travail temporaire tue le marché noir, créé de l'emploi, contribue à la croissance puisque les gens consomment plus.
C'est un élément structurant de la vie d'entreprise. Il développe la formation des intérimaires et améliore leur employabilité. On se demande pourquoi ce n'est pas le cas au Maroc.
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