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L'incontournable rectification

L'un des principes que la politique budgétaire devrait pleinement respecter reste sans conteste celui de la gouvernance. Galvaudée à tout-va, et sans pour autant que l'on puisse en cerner la portée, cette règle cardinale, quand bien même sacro-sainte, n'a pas, loin s'en faut, voix au chapitre.

L'incontournable rectification
Dire maintenant que cette démarche a été portée sur les fonts baptismaux, c'est aller vite, assez vite en besogne. La preuve en est cette nonchalance, voire cette lenteur dans la détente dont continuent à faire montre les pouvoirs publics pour opter pour une Loi des finances rectificative. Alors qu'il aura été concocté dans un contexte notoirement différent de celui que prévaut, actuellement, le BGE (Budget général de l'Etat), au titre de l'exercice 2008, il ne semble pas, du moins pour le moment, faire l'objet d'un tantinet de correctifs.
Figées outrancièrement, ce sont toujours les mêmes hypothèses qui sont retenues, avançant une inflation modérée, et dixit maîtrisée aux alentours de 2%, alors que la pression sur les prix ne cesse d'être ravivée, avec un ICV (Indice du coût de la vie) se payant le luxe de caracoler en hausse à plus de 3,7% (en avril dernier). Sans parler de «l'inflation sous-jacente» qui, reflétant l'avant-goût de ce qu'est la cherté de la vie, aura, elle aussi, fini par prendre, une hauteur pour le moins remarquée.

Pourtant, l'option de continuité dans le budget semble toujours être dans l'air du temps dans un contexte économique et social, à la jonction du ralentissement palpable de l'activité dans les principaux foyers de croissance et les perturbations que connaissent les marchés de l'énergie, des matières premières et même des produits alimentaires incitent à une démarche budgétaire plus anticipative.
Et rien ou presque ne laisse augurer ou présager que, dans un futur très proche, une inflexion dans le sens d'une légère détente sur les prix, puisse s'opérer. Au train où vont les choses, cela relèverait beaucoup plus de l'utopie. Les cours du pétrole, et en filigrane, la facture énergétique, prise dans sa globalité, continueront à jouer les «bruts». Et puis faute de voir la réalité en face, le prix du pétrole frôlant, d'ores et déjà, la barre des 135 dollars le baril, tout en lorgnant celle des 140 dollars, les autorités de tutelle persistent et signent en ne retenant que les prévisions des 90 dollars.

Toujours est-il que l'économie nationale subit des pressions et le joug des cours des matières premières importées. Or, l'on assiste à renchérissement considérable du cours des matières premières dont le Maroc est fortement dépendant au niveau de son approvisionnement. Incontestablement, les effets domino joueront pleinement dans le cas de figure, avec tout leur lot néfaste sur le pouvoir d'achat des ménages. Déjà que groggy par l'érosion de leur bas de laine et ayant délié les cordons de leur «bourse», taraudés, de surcroît, par le spectre d'un surendettement qui dépasse tout entendement, ces agents économiques, dont la contribution à la demande globale reste indéniable, risquent, cette fois-ci, de faire faux bond et ne plus jouer ce rôle de ressort pour tirer vers le haut la consommation finale. Ou du moins la conforter un tant soit peu. On le sait, toujours au niveau des recettes ordinaires qu'escompte le fisc, le pactole devrait provenir par les ponctions effectuées sur les revenus des salariés qu'ils relèvent du privé et ou du public.

Certes, toujours sur ce registre, on sait que l'administration a concédé une «carotte fiscale» en baissant l'IS de 5%. Mais à y voir de près, ce ne sont certainement pas les PME et encore moins les TPE (Très petites entreprises) qui vont tirer profit de l'aubaine. Ce sont les grosses pointures et autres mastodontes qui bénéficieraient du jackpot.
En le domaine, la stratégie retenue s'appuie sur une amélioration des recettes. Les mesures entreprises dans ce sens résident dans la modernisation du système fiscal, la restructuration de l'Administration fiscale. Dans cette perspective, il est prévu des hausses s'échelonnant entre 20% pour les impôts directs et les taxes assimilés et 27-28% pour les droits d'enregistrement et de timbre et les impôts indirects collectés par la Direction générale des impôts. Au sein des impôts indirects, les hausses de la TVA sont les plus soutenues : 27% pour la TVA prise en charge par la DGI, 24% pour la TVA à l'importation.

Même dans cette configuration qui ménage une place importante pour la progression des recettes, les risques d'un dépassement d'un déficit supérieur à 3% PIB (y compris 3 MMDH au titre des recettes de privatisations contre 2,6% du PIB en projet de Loi de finances) ne sont pas à exclure.
Voilà pourquoi, d'aucuns estiment qu'il serait peut-être opportun de revoir les copies et puis, pourquoi pas, rectifier le tir surtout si l'on veut que l'importante composante, qu'est la demande interne, puisse sauver, une fois encore, les meubles. L'heure n'est, de toute évidence, pas à l'expectative, encore moins au regain d'attentisme ; comportements qui, au demeurant, nourrissent viscéralement des attitudes de fatalisme. En restant de marbre, en se regardant en chiens de faïence, les pouvoirs publics, sans qu'ils soient mal intentionnés, alimentent bien des goulots d'étranglement.

Une Loi de finances rectificative n'est pas, en soi, une récurrence. A contrario, cela corrobore que le pragmatisme a bien droit de cité. Et surtout cela prouve, de la manière la plus soft qui soit, qu'une telle approche est bien «synonyme» de rupture des démarches belliqueuses d'antan.
Car qui dit gouvernance, dit aussi et surtout propension à ne pas camper sur des positions d'orthodoxie financière, de préservation des grands équilibres macro-économiques. Mais que, par les temps qui courent, les uns et les autres ont bel et bien cette capacité à pouvoir se «lover» dans cette texture économique et sociale. Celle dite «sphère sociale» réelle. Celle aussi qui est dans l'air du temps. Rectifier la Loi de finances, c'est gérer, avec un certain doigté, soubresauts d'ordre exogène.
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Des effets mitigés

Les tendances globales qui ressortent du budget 2008 présentent des configurations assez différenciées selon les secteurs d'intervention. On relève en particulier qu'au chapitre des charges de fonctionnement, le montant des dépenses allouées aux départements ministériels en charge des secteurs productifs (agriculture, mines, énergie, industrie, tourisme, etc.) a connu une hausse appréciable avec un accroissement global de 14,6%. Il en est de même des départements en charge des secteurs sociaux dont les allocations budgétaires de fonctionnement ont augmenté de 9,5%. De leur côté, les départements en charge des infrastructures de base (équipement et transport principalement) ont observé une hausse relativement plus réduite avec un accroissement de 6,5% des dotations budgétaires de fonctionnement. La répartition du budget d'investissement a, en revanche, davantage profité aux infrastructures et aux secteurs sociaux qu'aux départements en charge du système productif ou à caractère administratif.
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