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«La situation de Fadesa n'a aucune incidence sur Addoha»

Interview • Anas Sefrioui, président-directeur général du Groupe Douja Promotion, a été l'invité du ‘'Matin Forum'' du 15 juillet 2008.

«La situation de Fadesa n'a aucune incidence sur Addoha»
Le Matin : Quelles sont les vraies raisons de la polémique qui a marqué le secteur et en particulier la fédération et qui s'est traduite par des attaques directes publiques de la part de Miloud Chaabi à votre égard?

Anas Sefrioui :
Pour moi, il n'y a aucune raison qui justifie ces déclarations que vous venez de citer. Nous avons d'ailleurs vécu la même situation il y a près d'une année. A ce moment, nous avons tenu une réunion avec nos confrères de la fédération. Lors de cette réunion, nous avions expliqué qu'il y avait des procédures à respecter et dans le cadre desquelles tout le monde peut travailler pour développer son groupe. Nous avons également souligné que la porte est ouverte à tous les investisseurs. Et si vous vous rappelez, à cette époque, la fédération avait publié un communiqué pour appeler les promoteurs marocains à s'unir pour ne pas laisser la place aux étrangers. Le message était clair et tout le monde a commencé une nouvelle page. Pour nous, c'était une affaire close, mais voilà qu'après une année, nous revivons le même scénario. Honnêtement, j'ignore les raisons qui poussent Miloud Chaabi à s'en prendre à notre groupe. La porte des investissements est ouverte à tous les promoteurs nationaux ou étrangers qui présentent des projets intéressants pour le pays et ‘'qui tiennent la route''.

Qu'en est-il du choix du timing?

Si je connaissais la raison, je pourrais vous répondre sur le choix du timing. Mais sincèrement, j'ignore pourquoi. Il n'y a aucune raison valable pour qu'une telle polémique existe entre deux confrères vu qu'il y a encore beaucoup de projets à réaliser et beaucoup de choses sont encore à faire.

Récemment, Salaheddine Mezouar a évoqué un règlement de comptes entre vous et Chaabi. Pouvez-vous nous donner plus de détails sur la cession du terrain du zoo de Témara?

Pour le zoo de Témara, il y avait, au départ, deux appels d'offres infructueux, les propositions, qui étaient faites n'étant pas intéressantes pour cette ville et le CRI de Rabat. Suite à cela, il y a eu des promoteurs, notamment un Emirati qui a présenté un projet qui consistait à déménager le zoo derrière le stade Moulay Abdellah et réaliser une opération immobilière à sa place. Nous aussi nous avons contacté des spécialistes, dont des architectes de Singapour qui ont réalisé plusieurs zoos dans le monde. Le coût d'estimation du zoo était arrêté autour de 420 millions DH, sans prendre en compte ‘'les lignes de haute tension'' qu'on doit enterrer avec un coût qui tourne autour de 100 millions DH. Sans oublier la nourriture des animaux. In fine, le prix de base de l'opération a augmenté pour s'établir à près de 550 millions DH.
Du coup, le prix dont a entendu parler et qui est évoqué dans la presse par M. Chaabi est inacceptable. Quand on annonce un prix de 20.000 DH/m2 brut, il faudra s'attendre à débourser le double pour équiper le terrain, alors que nous vendons des lots de 600 m2, entièrement équipés, entre 6.000 et 6.500 DH/lot. Ce qui est important de savoir, c'est que pour viabiliser un terrain, il faut compter 50% de perte en foncier entre les aménagements, la voirie et les espaces verts.
Pour le terrain du zoo, nous avons présenté un dossier très sérieux qui a été retenu par la ville de Rabat. Nous avons payé la totalité du foncier pour que l'Etat puisse avoir les fonds nécessaires pour financer une partie de la construction du zoo, tout en sachant que près de 60% du lot ne vont être mis à notre disposition qu'après la fin des travaux du nouveau zoo, soit dans trois ans et demi. On ne reçoit donc que 40 à 45% du terrain objet de la transaction. Imaginez donc les fonds mobilisés pendant cette période de transition.

Et la dérogation dont vous êtes accusé d'avoir bénéficié pour ce terrain?

Tout promoteur, en fonction de son programme d'investissement, peut demander une dérogation. Pour notre part, nous avons proposé de construire des tours pour marquer l'entrée de Rabat. Nous avons fait une demande pour des immeubles R+17, sachant que déjà le siège de Maroc Telecom, qui est à côté, est un R+20. Donc, toute l'entrée de Rabat va être animée de la sorte car c'est un choix de la ville afin de donner du caractère à son entrée.
En termes de hauteur dans le sol, vous devez vous écarter pour respecter les règles d'urbanisme (coefficient d'occupation du sol…). Que ce soit en largeur ou en hauteur, nous devons construire le même nombre de logements sur une superficie déterminée. Et pour nous, c'est plus facile et plus rapide de construire des immeubles que des tours. En revanche, si un autre investisseur veut demander un R+17, c'est possible vu que c'est le type d'architecture retenu désormais pour cette partie de Rabat.

Et qu'en est-il pour celui d'Agadir abritant le projet Islane?

Le Premier ministre, Driss Jettou, à cette époque, avait deux objectifs: réduire le déficit en logements qui était de 1,2 million d'unités et accompagner le plan ‘'Azur'', donc pour y arriver l'Etat devait mobiliser le foncier pour faire face à ces besoins. Dans ce cadre, Al Omrane avait mobilisé le foncier et initié le partenariat public- privé. Nous étions 18 promoteurs immobiliers, marocains et étrangers, et nous avons signé tous des conventions. Une fois ces conventions signées, le mot d'ordre de la fédération était de dire que le foncier devait être acquis au prix de revient. Le holding public était catégorique en disant qu'il devait reloger les bidonvillois en déboursant 50.000 DH/unité pour VSB et il a mis en place une grille de prix. La fédération a dit que nous devons ‘'bouder'' Al Omrane qui spécule sur le terrain. Le holding public, de son côté, nous a laissé tomber et a commencé à finaliser les partenariats avec les étrangers, notamment les Malaisiens et les Espagnols et c'est à ce moment-là que nous sommes passés à l'action et tout le monde a fini par accepter les prix et les conditions d'Al Omrane et à concrétiser les projets sauf Miloud Chaabi. A noter qu'Al Omrane ne vend pas le foncier sans faire le suivi, pour ne pas retomber dans les problèmes vécus dans le passé. Le groupe public ne libère le foncier qu'en fonction de l'avancement des travaux et après paiement accompagné d'une caution bancaire. Il a verrouillé le système de manière très stricte pour pouvoir agir au cas où un promoteur qui ne réaliserait pas le projet fixé, il pourrait lui reprendre le foncier.
Dans le cas d'Al Omrane, soit vous rétrocédez des logements à 120.000 DH l'unité dans le cadre d'une convention, soit vous lui payer une partie des résultats de l'opération, près de 10% des bénéfices, en plus du prix du foncier. Ce qui dépasse de loin le prix annoncé au départ, c'est à dire 30 à 40% de plus.

Quelle lecture faites-vous du rôle d'Al Omrane ?

Al Omrane joue un rôle de régulateur. Il va dans des zones où nous, en tant que promoteurs, nous nous sommes pas capables d'y aller. Pour nous, ce n'est pas un concurrent mais un partenaire avec lequel nous travaillons et avec qui nous avons 5 conventions. Il gère en tout 135 conventions avec le privé, c'est pour vous dire que Al Omrane est ouvert et qu'il suit la politique tracée par le gouvernement.
Au lieu de le féliciter pour le travail, on vient le critiquer, ce qui est dommage! Aujourd'hui, Al Omrane propose un partenariat gagnant-gagnant, ce qui n'était pas le cas le temps des ERAC.

Vous êtes accusé par M. Chaabi de bénéficier des terrains à des prix avantageux. Qu'est-ce que vous en dites?

Addoha ne bénéficie jamais d'un prix avantageux. Il y a une lettre royale datée du 9 janvier 2002 adressée au Premier ministre relative à la gestion déconcentrée de l'investissement qui stipule que tout investissement dépassant 200 millions DH doit passer par une commission interministérielle à Rabat présidée par le Premier ministre. Pour les projets inférieurs à 200 millions DH, ils peuvent être traités au niveau des Centre régionaux d'investissement sous la présidence du wali de la région. Au départ, il y a une commission qui se tient à la wilaya, avec le CRI et les différents représentants des ministères concernés, qui définit les prix en fonction de ceux pratiqués, récemment, dans le quartier et élabore une première estimation. A ce moment-là, le dossier est transféré à la commission interministérielle qui parfois rejette le prix proposé en fonction de ce qui se passe sur le marché. Mais le point sur lequel je veux insister, c'est que ce qui est intéressant pour l'Etat, c'est le contenu du projet présenté car derrière il y a des milliards DH d'investissements et des milliers d'emploi à créer. L'Etat ne cherche pas à spéculer sur le foncier mais préfère les projets qui créeront de la richesse au détriment de ceux destinés à la construction de logements uniquement.
In fine, le prix est celui du marché, mais le plus important, ce sont les réalisations prévues sur ce terrain. Cette politique n'est pas uniquement appliquée dans le secteur de l'habitat, on a vu la même chose se produire pour l'automobile avec Renault qui a reçu le terrain, gratuitement, pour l'offshoring, l'aéronautique…
Par ailleurs, aucun foncier n'est vendu sans le cahier des charges et un timing à respecter, donc tout est ficelé dès le départ. De plus, lorsqu'on signe la convention avec l'Etat, le transfert du terrain ne se fait qu'au fur et à mesure de la réalisation du projet et en cas de non respect du délai fixé au départ, on est obligé à rétrocéder à l'Etat la partie du terrain qui n'aurait pas été développée pour le prix auquel nous l'avions acquise, alors que nous l'avions, entre-temps, viabilisée. Donc, certains acceptent ces conditions, tandis que d'autres non.

Nous voudrions vous demander votre opinion sur les perturbations que traverse le secteur immobilier en ce qui concerne le volet technique des normes de construction, le volet financier (le noir) et les tractations avec l'administration fiscale?

Je dois vous dire que le groupe Addoha a été le premier promoteur immobilier à être certifié ISO 9001 version 2000 et cela fait déjà 8 ans. Pour être certifié, il faut avoir ‘'l'assurance décennale''. Et pour obtenir cette dernière, vous passez par la réception des laboratoires à chaque ‘'coulée dans les dalles'', des inspecteurs qui vérifient si les prix sont respectés et s'il n'y a pas de pratique de dessous-de-table, l'attestation des procédures d'acquisition de tel ou de tel terrain, les raisons du choix de cette entreprise et non pas une d'autre…Nous sommes également en train de travailler sur la certification de notre système d'information à travers 20000 et nous serons parmi les cinq premiers au Maroc à l'avoir obtenue.
Nous allons aussi faire basculer notre système comptable vers les normes IFRS. Cela veut dire que nous allons toujours de l'avant, et qu'à chaque fois qu'il y a des innovations ou de nouvelles méthodes de gestion, nous n'hésitons pas à les adopter. Nous avons signé un accord de partenariat avec la Caisse d'Epargne et nous recevons des experts indépendants qui viennent de France pour vérifier si Addoha respecte toutes les normes de sécurité, de qualité… La Caisse met en jeu sa signature en commercialisant nos produits en France, elle a une obligation de résultat par rapport à ses clients. Les experts sont repartis entièrement satisfaits.
En ce qui concerne le «noir», le fait juste d'être une société familiale qui a choisi d'être cotée en Bourse prouve, si besoin est, que nous ne transgressons pas la loi. Nous opérons dans une transparence totale. Vous pouvez à n'importe quel moment vérifier cela. C'est un défi que nous avons lancé dans le secteur. Avant, qui disait logement disait «noir». Nous sommes fiers de ce que nous avons réalisé. Je pense que l'image du secteur n'est plus autant ternie.
Pour ce qui est de la fiscalité, je vous avouerais honnêtement que je n'ai assisté à aucune réunion avec l'administration fiscale. Nous respectons les dispositions de cette administration depuis 1995 et je ne me sens pas personnellement concerné.

Quelle est votre lecture de la flambée des prix de l'immobilier? Et que proposez-vous pour remédier à cette situation ?

Le problème majeur du secteur reste la difficulté de la mobilisation du foncier. Il n'y a que sa dynamisation qui peut faire reculer les prix. De plus, l'équation offre/ demande n'est pas équilibrée. Il faut présenter une offre plus importante puisqu'on a un besoin de 1,2 millions de logements. Même si le pays comptait dix entreprises comme Addoha, nous n'arriverons pas à faire face à cette demande! Quant nous ouvrons la ‘'palissade Addoha'', 30 à 40% des projets se vendent sur plan. Tout le monde veut travailler et la seule solution susceptible de satisfaire la demande et de faire baisser les prix, c'est le déblocage du foncier.

Continuerez-vous à produire les logements sociaux? Et allez-vous vous diversifier davantage sur les autres segments ?
Nous continuerons à bâtir des logements de 200.000 dirhams l'unité car nous avons une clientèle pour ce segment. Nous en ferons même dans le moyen et le haut standings.


Pourquoi avez-vous proposé de relever l'aide du Fogarim à 250.000 dirhams ? Comptez-vous participer au programme des logements à 140.000 DH l'unité?
Dans des villes comme Casablanca ou Tanger, le foncier coûte cher. De ce fait, nous ne pouvons pas réaliser des logements à 200.000 dirhams l'unité. A contrario, dans d'autres villes comme Fès, Meknès ou Kénitra, nous avons encore la possibilité de le faire. Mais dans les années à venir, les réserves foncières vont s'avérer de plus en plus rares.
L'offre Fogarim est valable pour les logements de deux cents mille dirhams l'unité. Si cette aide s'élève à la hauteur de 250.000 DH, elle permettra à un ensemble de personnes d'acheter leurs foyers. L'Etat veut construire des logements à 140.000 DH l'unité. Mais techniquement, cela est difficile, cependant, il y a le partenariat et la péréquation proposés par l'Etat, ce qui nous renvoie aux accords gagnant- gagnant entre le public et le privé.

Les logements sociaux construits par Addoha souffrent de quelques lacunes dont notamment le manque d'espaces verts…

Le domaine du logement social fait la fierté d'Addoha. Aujourd'hui, nous construisons 20.000 appartements par an. Dans le premier programme de 100.000 logements/an lancé par Driss Jettou, tout le secteur produisait à peine 30.000 unités alors qu'à présent, à nous seuls, nous fournissons 20.000 unités et nous logeons 100.000 personnes.
De plus, Addoha a été le précurseur de Fogarim, on a accompagné ce programme et on a ciblé les gens qui ne pouvaient pas accéder au logement mais qui ont fini enfin par en acheter un. Nous avons également instauré le guichet unique qui a connu un grand succès et qui a réduit énormément le temps d'achèvement des procédures administratives. D'ailleurs, la Caisse d'Epargne française a dépêché des représentants chez nous pour s'imprégner de notre modèle du guichet unique et l'appliquer en France. D'autres opérateurs d'autres pays ont également sollicité notre expertise dans ce domaine.

Quand allez-vous dévoiler le nouvel organigramme et la nouvelle organisation de votre entreprise ?

Le nouvel organigramme va être rendu public en septembre. Tout est ficelé et mis en place. L'architecture va être basée sur la présence de deux directeurs généraux pour le groupe. L'un va diriger le pôle technique et l'autre s'occupera du développement. Mon compagnon de route depuis plusieurs années, Hassan Belbachir, sera toujours mon conseiller le plus proche. Noureddine El Ayoubi demeurera le vice- président du groupe, et Abderrazak Wali-Allah restera rattaché étroitement à la présidence. Nous avons créé Addoha Management qui appartient à 100% à Addoha et qui s'occupera de la maîtrise d'ouvrage déléguée. Elle est dirigée par Ali Chaqroun qui pilotera une soixantaine d'ingénieurs (une centaine en 2009), toutes spécialités confondues: hôtellerie, golf, haut standing…Les personnes qui vont prendre en charge la communication institutionnelle et la communication commerciale ont été déjà identifiées. Le secrétaire général du groupe sera Mehdi Belghiti. Un contrôleur de gestion rejoindra le groupe également dès la rentrée…

Au vu de cette réorganisation et des innombrables projets dans le pipe, vous avez l'air confiant en l'avenir du secteur…

J'ai toujours été optimiste. Lorsqu'on s'est lancé dans l'immobilier de luxe, l'idée de lui affecter une appellation autre qu'Addoha nous a effleuré l'esprit. Addoha fait du logement social et on se demandait si cette casquette n'allait pas jouer en notre défaveur. Nous avons alors fait une petite étude en envoyant des équipes spéciales à l'étranger. Les résultats de cette étude nous ont convaincus de garder notre nom de marque. Nous avons alors rajouté le mot «prestige» à notre nom de domaine initial. Les gens savent qu'ils peuvent avoir confiance en nous. On nous dit que l'immobilier à Marrakech est cher. Les prix tournent autour de 12.000 à 15.000 dirhams le mètre carré. L'équivalent de cette somme est 1.200 euros le m_. Dans les villes comme Londres, Madrid, Paris… le prix du m_ tourne autour de 10.000 euros dans des quartiers d'un certain standing. Les gens qui achètent des résidences secondaires trouvent que les prix au Maroc sont beaucoup plus abordables. Ils ne représentent que 10% des prix qu'ils retrouveraient ailleurs. Nous avons lancé dernièrement un projet à Tanger pour 3.000 appartements. Nous en avons vendu 1500 à des Anglais. Qui aurait pu imaginer cela? Quiconque aurait un problème de commercialisation, qu'il vienne me voir et je lui rachèterais son projet. Par ailleurs, l'évolution du prix du ciment a connu chez nous une ascension des plus fulgurantes dans le monde à côté de pays comme la Chine ou l'Egypte. Je considère que le ciment est le baromètre de l'économie d'un pays. Chez Addoha, nous avons 22.000 personnes dans les chantiers et nous avons besoin de 5000 supplémentaires. Nous manquons terriblement de corps de métiers. En 2009, on passera à 30.000 personnes sur nos chantiers. Faites un calcul simple : si on construit 100.000 maisons, il faudra les équiper de 100.000 télés, 500.000 fenêtres…55 secteurs profitent de la croissance de l'immobilier.

Pensez-vous que les difficultés financières de Fadesa pourraient influencer le cours d'Addoha au niveau de la Bourse ?

Fadesa Espagne et Fadesa Maroc sont deux structures complètement distinctes. Je voudrais préciser que la situation de Fadesa Espagne n'à aucune incidence sur le groupe Fadesa Maroc qui est une société de droit marocain et dont la totalité des actifs se situe au Maroc. Je tiens à ajouter également que Fadesa Maroc n'a aucun emprunt à l'étranger et que l'intégralité de son endettement lui est octroyée par les banques marocaines.

Quelle est la finalité d'avoir une filiale qui opère dans la même activité que la maison-mère ?

Qui aurait imaginé qu'Addoha allait un jour contrôler Fadesa? L'opportunité s'est présentée. Nous avons appris que Fadesa avait des difficultés il y a un an et nous avons tout de suite saisi l'opportunité. Nous avions les capacités de participer dans son capital, de la diriger, la mettre sur les rails et produire. Fadesa avait besoin de notre savoir-faire et de notre expertise pour pouvoir développer des projets beaucoup plus vite. De mon côté, je préfère acquérir des participations dans une société comme Fadesa avec son foncier et son réseau international que de la laisser opérer seule en tant que concurrent. Aujourd'hui, c'est moi qui la pilote. C'est une opération de croissance externe qui nous permet très vite de gagner des parts de marché et de toucher d'autres villes. J'espère que des opportunités similaires se présenteront. Je pense qu'il faut être fier des entreprises marocaines qui se mettent au même pied d'égalité que les étrangers. Tout ce que fait Fadesa vient compléter nos produits et enrichir notre offre.

Vous programmez des emprunts obligataires dans les mois à venir. Cet argent servira-t-il à renforcer votre participation dans Fadesa Maroc ? Cet emprunt ne risque-t-il pas d'alourdir votre passif ?

Addoha développe aujourd'hui plusieurs projets. Fadesa n'est qu'une partie de notre patrimoine. Nous n'achetons pas un foncier que nous allons thésauriser et d'ailleurs, je n'emploie jamais le mot « réserve foncière ». Qui dit achat de foncier dit autorisation et mise en chantier. C'est dans ce but que nous souscrivons à ces emprunts, pour accompagner notre développement et notre rythme de production. Grâce à Dieu, tout ce que nous produisons est vendu et nous payons tous nos fournisseurs au comptant. L'endettement ne doit pas être pris en valeur absolue. Il doit être rapporté au total du passif. Aujourd'hui, les fonds propres d'Addoha avoisinent les cinq millions de dirhams.

Depuis son introduction en Bourse, le titre Addoha a connu une croissance et un engouement sans précédent. Quel commentaire en faites-vous ?

Le débat sur la cherté du titre Addoha est complètement dépassé. Le marché a lui-même donné la réponse. Nous parlons toujours d'un business réel qui ne prend en compte que des données concrètes et non pas des prévisions. Aujourd'hui, quand vous voyez la liste de nos actionnaires, vous retrouvez les plus grands institutionnels étrangers, ce qui veut dire qu'Addoha est une valeur sûre. La meilleure preuve est à retrouver dans l'augmentation du capital. Tout le monde se posait la question si Anas Sefrioui allait suivre. J'ai vendu l'action à 585 DH et je l'ai racheté moi-même à 3180 DH. Et si demain il y aura une augmentation de capital, je serais le premier à y souscrire.

Pourquoi n'avez-vous pas encore communiqué un business-plan actualisé ?

Ce que j'expliquais souvent au CDVM, c'est que le foncier est notre matière première. On ne peut pas exister sans lui. De ce fait, nous ne pouvons pas communiquer sur chaque achat de terrain. Si Addoha achète une parcelle de terrain et que cela est très vite répandu, les prix des terrains avoisinants flamberont, ce qui va limiter notre capacité à agrandir le contour des projets. Quand il s'agit d'opérations stratégiques comme celles de Fadesa ou Biladi, nous nous faisons un devoir de communiquer, mais nous ne pouvons nous disperser en diffusant de l'information sur de petites opérations.

Peut-on s'attendre à voir Addoha investir dans d'autres pays?

Honnêtement, la seule et unique raison pour laquelle nous investissons juste au Maroc, c'est l'existence d'une forte demande sur ce marché. Nous avons une direction dédiée à la commercialisation à l'étranger pilotée par Yosr Tazi. Cette unité a un carnet de commandes important. Parmi nos prospects figurent le marché russe, le Moyen-Orient… Je préfère préserver nos efforts et notre énergie pour le bien du pays.

Au cas où la Commission d'enquête verrait le jour, seriez-vous prêt à l'affronter?

Tous nos dossiers sont traités dans la plus grande transparence. Je dors tranquille et Addoha continuera son développement et à travailler dans le cadre de la politique arrêtée par le gouvernement de Sa Majesté et dans la dynamique qui est installée.
Chaque fois qu'il y aura un projet à réaliser, nous serons les premiers à y adhérer. Vous savez sans doute que les conventions sont régies par les commissions interministérielles présidées par le Premier ministre ainsi qu'une kyrielle de ministres. Cette commission reçoit des dossiers dûment vérifiés par la direction des investissements. Une fois les dossiers validés, les conventions sont signées. La charte d'investissement est bien claire: s'il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec la manière dont cela se passe, ils n'ont qu'à batailler pour changer le cours des choses. Quant à moi, au lieu de laisser un étranger venir et profiter de ces opportunités, je fonce pour le devancer. Il y a du travail pour tout le monde, que ce soit pour les étrangers ou les Marocains….

Pour quand la livraison finale du projet Saïdia ?

Quand j'étais à Saïdia il y a quatre ans, j'étais sceptique quant à la rentabilité d'un investissement de 12 milliards de dirhams dans cette ville. Le hasard a voulu que, quatre ans après, je sois à la tête de Fadesa Maroc. C'est pour vous dire à quel point je crois en mon pays. Quand vous voyez mille Anglais acheter des maisons à Saïdia, cela vous donne une idée sur l'engouement pour ce type de projets. Ce serait un gâchis de laisser les étrangers profiter de cette manne. Mais j'avoue que ces derniers nous ont vraiment transmis le goût du risque et de l'aventure. Le projet va très bien. Nous avons nommé deux nouveaux directeurs généraux et cette entreprise est gérée exactement comme Addoha. Il n'y a pas de retard, bien au contraire. Le projet a quatre ou cinq mois d'avance sur les échéances prévues.

Aujourd'hui, les grands groupes se mettent à l'associatif. Votre concurrent Chaabi s'est attaqué à ce domaine bien avant vous. Pour quand une Fondation Sefrioui ? Et quelle sera sa vocation?

Addoha faisait beaucoup de choses sur lesquelles nous ne communiquions pas. Dernièrement, nous avons pris la décision de créer la Fondation Anas Sefrioui. Sa première action serait la réhabilitation de plusieurs maisons en ruine dans l'ancienne médina de Fès et qui abritent entre 20.000 à 25.000 personnes.
Pour l'anniversaire du douzième siècle de la capitale culturelle, nous avons voulu réaliser un projet qui restera gravé dans la mémoire des habitants qui sont les véritables témoins de tout le patrimoine culturel de cette ville. Nous allons prendre en charge la totalité de ce projet pour un montant d'investissement de182 millions de DH.
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aides publiques

Qualifiées de levier pour la promotion de l'investissement, les aides publiques pourraient contribuer à faire du Royaume une plateforme d'exportation, à promouvoir l'emploi et à créer des pôles régionaux de développement. Car, ce soutien budgétaire qui est accordé au secteur privé pour tirer vers le haut les investissements productifs dans des domaines d'activité à fort potentiel de développement, contribue d'emblée à préserver le pouvoir d'achat des ménages et les soutenir en vue de leur accès à la propriété. Au Maroc, signale M.Bennani, les instruments budgétaires pour l'octroi de l'aide publique comprennent le Fonds II pour le développement économique et social, le Fonds de promotion des investissements, le Fonds de développement agricole, le Fonds de mise à niveau et le Fonds d'appui ouvert auprès de l'ANPME et de l'ONP…

Ainsi et concernant le Fonds Hassan II, bien des avancées auront été réalisées pour ne citer que le soutien à l'investissement (hors site, terrains, bâtiments, équipements), la prise de participation dans des projets structurants (autoroutes, chemins de fer, port de Tanger-Med et Vallée de Bouregreg) et les avances remboursables se rapportant aux routes et à l'habitat. A l'actif de cet instrument, l'investissement total généré est de l'ordre de 195 MMDH pour un engagement global de 17,9 MMDH. 97 programmes d'investissement ont été conventionnés avec un effet de levier consistant ayant créé 500.000 emplois. A noter aussi qu'il a été conclu une convention relative à l'appui à l'investissement industriel pour un montant de 500 MDH dans certains secteurs industriels. Les secteurs qui bénéficient d'un effet de levier important sont l'industrie (54 fois) et l'aménagement urbain (27 fois).
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