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Accueil next Les Tendances Du Marché En 2010

A quand l'automatisation du secteur financier ?

Le débat économique se focalise sur le taux de croissance qui devient une sorte de thermomètre, ceci encore davantage par tant de crise.

A quand l'automatisation du secteur financier ?
Mais les chiffres sont fluctuants et peu fiables, ce qui incite les statisticiens à chercher d'autres moyens pour mesurer le très large éventail des biens et services produits par une économie. Revues et corrigées, les données mettent en question le rôle économique des services financiers.

Fin juillet, le Bureau d'analyses économiques des USA a publié une étude critique du PIB américain depuis 1929. Elle montre que le PIB est bien plus volatil que ce que l'on croyait. Les données recalculées sont différentes de celles précédemment publiées. Selon cette analyse, la croissance durant les périodes fastes et la chute durant les périodes de ralentissement ont été beaucoup plus rapides que ne l'indiquent les chiffres connus. Entre 1997 et 2008, le taux de croissance était de 2,8% et non pas de 2,7%. En 2008, il a dégringolé jusqu'à 0,4% et non pas jusqu'à 1,1%. De même, la baisse du PIB durant le premier trimestre 2009 a été plus importante que ne l'indiquent les calculs antériers à cette étude.

La logique qui sous-tend ces variations est plus intéressante que les corrections relativement minimes des taux de croissance. L'objectif était surtout d'avoir des chiffres plus honnêtes. Les données se rapportant aux services financiers notamment ont été traitées différemment et avec davantage de transparence. A la lumière de ces nouveaux calculs, les dépenses de santé apparaissent plus faibles, parce que les coûts liés aux assurances médicales sont maintenant comptabilisés dans la rubrique "Services financiers et assurance".

Les nouvelles données mettent en évidence l'expansion spectaculaire des services financiers au cours de la dernière décennie. Les dépenses dans ce secteur ont pratiquement doublé entre 1998 et 2007, pour représenter aujourd'hui 8,2% des dépenses des ménages - un chiffre qui inclut l'argent des consommateurs qui a servi à financer les primes désormais notoires des banquiers et des traders.
La réaction à la crise actuelle ne va probablement pas mettre un coup d'arrêt à l'innovation financière, mais permettre de rationaliser et de réduire le coût des services financiers. Il y a des précédents historiques connus de mise sous contrôle des secteurs hyper-innovatifs qui avaient donné naissance à des bulles. Au 19° siècle, une orgie de construction de voies ferrées a conduit à dédoubler des lignes, avant que des ralentissements cycliques ne conduisent à la disparition de certaines compagnies et à un réseau ferré plus réduit et moins coûteux. De la même manière au début du 20° siècle, beaucoup d'entrepreneurs se sont lancés dans la production d'automobiles. Seule une poignée d'entre eux parmi les plus efficaces a survécu à l'éclatement de la bulle.

Dans beaucoup de pays, notamment aux USA, les systèmes bancaires sont encore beaucoup trop complexes. Il est maintenant évident que les produits financiers eux-mêmes étaient bien trop complexes, au point que la plupart si ce n'est la totalité des clients ne savaient pas ce qu'ils achetaient.

Traditionnellement, les banques étaient des "boîtes noires" dont le fonctionnement était inaccessible aux clients. Elles savaient bien mieux que leurs déposants et leurs bailleurs où allait leur argent. Les banques d'investissement non seulement conseillaient les entreprises en matière de fusion et d'acquisition, mais elles émettaient des titres et se lançaient dans du courtage pour compte propre (proprietary trading).

Si des garde-fous (les Chinese walls) séparaient ces différentes activités, en pratique les acteurs du marché comptaient sur des fuites et espéraient davantage de gains en traitant avec de grandes banques, avec leurs opérations à l'international à facettes multiples.

Aussi, chaque partie prenante de ces transactions croyait tirer avantage des informations que la banque avait accumulées du fait de ses différents secteurs d'activité, informations liées essentiellement à l'existence de conflits d'intérêt permanents. Le génie de la titrisation, la grande innovation financière des années 1990, a été d'autoriser - au moins en théorie - les investisseurs à court-circuiter les boîtes noires des banques.

Les titres prenaient la place des crédits bancaires traditionnels. Mais les banques utilisaient l'innovation pour placer des titres transparents dans des "véhicules d'investissement" des plus opaques.

Ainsi les banques ont conservé leur aspect de boîte noire et sont devenues un maillon encore plus vulnérable. Les boîtes noires sont bien plus dangereuses quand elles masquent les activités d'un requin de la finance ou d'un fraudeur.
On peut imaginer qu'à l'avenir, la finance sera moins affectée par les problèmes d'asymétrie de l'information qui supposent une grande confiance de la part des déposants et des investisseurs de manière à réduire les risques de panique ou de crise. Mais la finance ne pourra plus nous manipuler s'il n'y a plus besoin "d'initiés", ce qui suppose à la fois transparence et partage du savoir en matière financière. Dans l'avenir, les conflits d'intérêt seront peut-être traités au moyen d'algorithmes mathématiques qui autoriseront ou interdiront une transaction.

De la même manière que les mécanismes de payement automatisé ont rendu les salles des marchés obsolètes, beaucoup de fonctions bancaires deviendront simplement une interaction entre programmes informatiques.

Comme lors des précédentes phases de transition - quand l'innovation permet de réaliser des économies - les gens qui travaillent dans le secteur financier avanceront des arguments convaincants pour expliquer que leur activité repose sur l'intervention humaine. Pourtant, il y a des contre-exemples. Les machines à récolter n'ont pas entraîné une baisse de la qualité des récoltes parce qu'elles suppriment le filtre du regard humain. Quant à l'automatisation des usines automobiles, elle s'est accompagnée d'une amélioration de la qualité de la production. Un conseiller financier relève de l'affichage d'un statut social, mais il n'est en rien indispensable.Les voitures de mauvaise qualité en début de série appartiennent de plus en plus au passé, l'équivalent dans le secteur financier devrait suivre la même voie.
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