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Des réajustements nécessaires

À l'instar de plusieurs autres accords de libre-échange (ALE) qui lient le Maroc à ses différents partenaires, celui conclu en 2004 avec la Turquie, entré en vigueur le 1er janvier 2006, profite beaucoup plus à ce partenaire du Royaume.

Des réajustements nécessaires
Ce qui nécessite d'apporter des réajustements à cet accord en prenant en considération plusieurs autres aspects.

L'accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie représente une étape importante dans la concrétisation du processus d'intégration à l'échelle méditerranéenne et contribue à la dynamisation des échanges économiques entre les deux pays. Toutefois, cet ALE est loin d'être optimisé par le Maroc. C'est ce que constate une récente étude de la Direction des études et des prévisions financières qui recommande, pour y remédier, des mesures d'accompagnement.

«Si la libéralisation des échanges avec le partenaire turc est de nature à insuffler un nouvel élan dans les relations bilatérales, force est de constater que la concrétisation du potentiel issu du libre-échange présuppose la prise en compte de plusieurs mesures d'accompagnement», estiment les auteurs de ce travail. Ainsi, pour eux, la réduction tarifaire ne suffit pas pour générer une dynamique commerciale à même de permettre aux opérateurs des deux pays d'exploiter les opportunités multiples offertes sur leurs marchés respectifs. Pour redresser la situation, ils recommandent, en premier lieu, le développement des flux d'investissements turcs vers le Maroc sous différentes formes (création d'entreprises mixtes dans les branches industrielles à forte croissance, mise en place d'entreprises de distribution et de transport…). De même, ajoutent-ils, la position géographique du Maroc le prédispose à jouer le rôle de plate-forme d'exportation pour les entreprises turques désirant opérer sur les marchés d'Afrique.

Parmi les autres recommandations de l'étude figurent la dynamisation du cadre réglementaire régissant les relations bilatérales maroco-turques, la résorption des entraves aux échanges bilatéraux et le relèvement progressif du niveau de la coopération entre les deux pays, pour en faire des partenaires à part entière afin d'assurer un partage équitable des gains issus du libre- échange. "Un meilleur positionnement de l'économie marocaine par rapport aux opportunités offertes par l'évolution de l'économie turque dans le cadre euro-méditerranéen restera l'élément déterminant et stratégique pour tirer profit des accords de libre-échange de manière générale", conclut l'étude.

En fait, relève cette dernière, les opportunités associées à l'accord de libre-échange Maroc-Turquie sont multiples. "Outre le potentiel d'augmentation des échanges commerciaux et la dynamisation des flux d'investissements directs turcs vers l'économie nationale, cet accord serait de nature à favoriser l'accessibilité des produits marocains à destination des marchés de l'Union européenne via le système pan-euroméditerranéen de cumul des règles d'origine". Cet ALE contribuera également, ajoute-t-on, à l'intégration méditerranéenne et constituera un bouclier face aux menaces suscitées par la montée en puissance de la concurrence asiatique, notamment chinoise. Toutefois, nuance-t-on, cet accord présente des menaces pour l'économie nationale, en dépit de précautions prises dans son élaboration au sujet des spécificités propres à chaque économie, relatives essentiellement au secteur agricole. Les deux pays risquent, en fait, d'être plus des concurrents que des partenaires en raison de la forte similarité qui caractérise leurs économies. Ce qui risque de créer un déséquilibre, estime-t-on, qui profiterait largement aux entreprises turques qui disposent d'une avancée substantielle en termes d'avantages compétitifs.

Ainsi, l'étude a relevé notamment à ce sujet que la structure des importations turques a subi une importante évolution. En fait, explique-t-on, les achats à l'étranger de ce pays portent de plus en plus sur les produits à forte intensité en capital, tels que les machines et équipements de transport et les produits chimiques. Or, l'offre exportable marocaine actuelle n'est pas en mesure de réponde à ce besoin.De même, ajoute-t-on, la Turquie dispose d'un confortable avantage comparatif au niveau des industries intensives en main-d'œuvre. Ainsi, la valeur ajoutée des industries de textile-habillement, du cuir, des produits alimentaires et des boissons et des tabacs représente près d'un tiers de celle (valeur ajoutée) manufacturière totale. Le secteur turc du textile monte progressivement en gamme, ses exportations continuent à évoluer vers des produits finis à plus forte valeur ajoutée. En 2004, la Turquie était le sixième exportateur mondial de vêtements, avec une part du marché mondial de 3,4%. L'Union européenne est traditionnellement le principal débouché de la Turquie, tant pour les textiles que pour les vêtements, suivie des États-Unis.
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Avantages comparatifs

Autre secteur exportateur turc important, l'automobile se fait petit à petit une place sur le marché mondial. En effet, explique l'étude, les investissements de Renault, Fiat, Ford et Honda ont transformé la Turquie en plate-forme exportatrice servant toute la région périphérique. Par contre, relève l'étude, le Maroc n'a renforcé ses avantages comparatifs que sur les biens finaux intensifs en travail non qualifié. Il est même en désavantage comparatif sur les biens intermédiaires intensifs en travail non qualifié puisqu'il continue encore d'importer des équipements et des produits textiles intermédiaires. «Ceci prouve que le Maroc n'a pas opéré une remontée de filière dans son principal secteur de spécialisation, perpétuant en conséquence des schémas de sous-traitance passive avec les donneurs d'ordres européens». En ce qui concerne les systèmes de protection douanière, le Maroc a globalement réduit ses droits de douane sur les matières premières et les semi-produits en faveur d'une augmentation de la protection effective des produits finis, alors que la Turquie protège davantage les matières premières plutôt que les produits finis.

Disposant d'un système d'aide publique robuste, l'industrie manufacturière turque bénéficie d'un avantage comparatif important. De plus, les exportations turques semblent mieux accompagnées et soutenues. Ce qui fait que les entreprises turques semblent mieux loties, l'accord pouvant leur conférer un avantage additionnel sur le marché marocain qu'il ne le permet aux entreprises marocaines sur le marché turc, conclut-on.
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