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Que nous enseigne le passé récent ?

Dans sa nouvelle note de recherche, la Direction des études et des prévisions financières, relevant du ministère de l'Économie et des Finances, s'est attelée sur les introductions en bourse depuis 1993.

Que nous enseigne le passé récent ?
Objectif, trouver, entre autres, les facteurs explicatifs derrière ce choix stratégique. Il se trouve qu'ils sont de différents ordres et leur importance diffère selon les cinq phases distinguées par l'étude. Synthèse.

Quels sont les déterminants des introductions des entreprises en bourse ? Voilà une question à laquelle il faut absolument trouver une réponse pour identifier les pistes de réanimation du marché boursier de Casablanca, en « sommeil » depuis presque deux ans. Revisiter son histoire récente est une des choix possible, méthodologiquement parlant. Et c'est ce qu'ont fait les analystes de la Direction des études et des prévisions financières, relevant du ministère de l'Economie et des Finances, dans leur dernière note de recherche. Cinq phases d'évolution de la bourse de Casablanca ont été identifiées.

1993-1999, merci la privatisation

La première phase débute en 1993, année de la grande réforme, et s'étale jusqu'à 1999.

C'est durant cette période que la bourse de Casablanca a commencé peu à peu à sortir de sa longue léthargie. La privatisation était pour beaucoup de chose. Car « entre 1993 et 1997, 10 opérations ont été réalisées à travers la Bourse de Casablanca. Elles ont drainé un montant global de 3,6 milliards de dirhams, soit 22,7% des recettes de privatisation au cours de la même période. Parmi ces sociétés privatisées, 6 ont rejoint la cote pour la première fois », lit-on dans la note. Ce qui « a contribué à la dynamisation du marché boursier en introduisant de nouvelles sociétés et en suscitant l'intérêt du public pour le boursicotage ». En effet, 14 entreprises privées se sont introduites en bourse entre 1993 et 1999. Toutefois, « au cours de cette période les radiations ont touché 34 sociétés, dont essentiellement celles ne respectant pas les conditions fixées par la loi de 1993 ». Conséquence, le nombre de sociétés cotées est passé de 68 en 1992 à 54 en 1999. A partir de cette année, la Bourse de Casablanca s'est inscrite dans une tendance baissière impactant négativement le rythme des introductions à partir de 2000.

2000-2003, années de vaches maigres

Pour faire face à cette situation, l'entreprise gestionnaire de la bourse de Casablanca « a entrepris une vaste campagne de promotion et de prospection afin de convaincre les PME des avantages d'une introduction en bourse ». Elle a procédé également en 2001 à la création d'un troisième compartiment, dédié aux PME à fort potentiel de croissance. Même le budget de l'Etat a été mis à contribution, en accordant dans la Loi de Finances 2001 une réduction temporaire au titre de l'IS au profit des sociétés qui s'introduisent en bourse entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2003. Toutefois, les entreprises cotables, aussi nombreuses soient-elles, n'ont pas répondu présentes. Seulement trois sociétés ont rejoint la cote entre 2000 et 2003. « Compte tenu de la radiation de 5 sociétés, le nombre de sociétés cotées est passé de 54 en 1999 à 52 en 2003 ».

2004-2005, la reprise… lente

Face à ce manque patent de réactivité, les autorités monétaires et la bourse des valeurs de Casablanca n'ont pas restées les bras croisées. Les mesures d'incitation instituées en 2001 ont été prorogées par la Loi de Finances 2004, les trois compartiments de la Bourse de Casablanca ont été réaménagés et les conditions d'éligibilité à la cotation ont été revues pour qu'elles soient moins contraignantes. Et deux nouvelles privatisations via la bourse ont été effectuées. C'est dans ce contexte que les introductions privées ont repris à partir de 2005 avec trois introductions, favorisées par la reprise du marché boursier observée depuis 2003. L'introduction d'une PME durant cette période a montré que le marché boursier n'est plus l'apanage des grandes entreprises. « Compte tenu de la radiation de la cote de 3 sociétés, le nombre de sociétés cotées est passé de 52 en 2003 à 54 en 2005 ».

2006-2007, la vitalité recherchée enfin trouvée

Ce nombre est porté à 73 en l'espace de deux ans, car entre 2006 et 2007, la Bourse de Casablanca a enregistré un nombre record d'introductions, 20 opérations émanant toutes de sociétés privées, et une seule radiation. Pour soutenir la dynamique des introductions, la carotte fiscale a été gardée par la Loi de Finances 2007, pour trois autres années, soit jusqu'au 31 décembre 2009. Ce regain d'engouement est attribuable, selon la note, à plusieurs facteurs : la conjoncture économique favorable, la progression soutenue du marché boursier, l'attractivité des placements boursiers comparativement aux autres produits financiers, le regain d'intérêt des particuliers pour la bourse et le retour progressif de la confiance des investisseurs institutionnels marocains et étrangers dans le marché.

2008-2009, revirement de tendance

En 2008, le dynamisme des introductions à la Bourse de Casablanca s'est essoufflé. Seulement 5 nouvelles sociétés ont rejoint la cote. Le climat d'incertitude qui s'est installé dans le marché après qu'il ait atteint, au 13 mars 2008, des niveaux de valorisation jugés élevés est pour quelque chose. Sans oublier d'autres facteurs comme l'effet psychologique de la crise financière internationale, l'arrêt de certains programmes de rachat ayant atteint le seuil bas de la fourchette autorisée et la diffusion d'informations non publiques relatives au carnet d'ordres de la Bourse de Casablanca.

« Ainsi, pour la première fois depuis 2003, la Bourse de Casablanca a clôturé l'année 2008 sur un repli de 13,5% pour le MASI et 13,4% pour le MADEX. Ce contexte a dissuadé certaines entreprises de procéder à leurs introductions à la Bourse». Pour 2009, aucune introduction n'a eu lieu et les contreperformances annuelles des deux baromètres de la bourse ne cessent de se creuser.
Que faire ? Faut-il procéder à des privatisations via la bourse comme pour la première phase, d'autant plus que dix sociétés sont sur la liste des entreprises privatisables et que le processus de privatisation sera relancé en 2010, après s'être stoppés en 2009? Ou reconduire les incitations fiscales, qui vont arriver à échéance ce 31 décembre ? Difficile d'avoir une réponse ferme. Mais, une chose est sûre, le dynamisme d'un marché ne dépend pas seulement d'un seul facteur. Plus d'une condition doivent être remplies.
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