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Un défi de taille

La rationalisation de l'eau d'irrigation est l'un des défis majeurs auxquels est confronté le Maroc.

Un défi de taille
En effet, les experts internationaux prévoient une baisse drastique des rendements des cultures alimentées par les eaux pluviales dans le Royaume, à causse de la sécheresse. L'enjeu est de taille. La sécurité alimentaire est en jeu.

La question de la sécurité alimentaire au Maroc, au même titre que dans d'autres pays de la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord, revient au devant de la scène. Les institutions internationales intéressées par la question alimentaire qui n'en finissent pas d'émettre des mises en garde contre le laxisme à ce sujet, reviennent à la charge. En fait, la Banque mondiale, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (IFAD), a publié une nouvelle étude intitulée «Renforcer la sécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord». Ce nouveau travail a focalisé, entre autres, sur le problème de la rareté de l'eau. Selon cette étude, l'utilisation croissante de l'eau, combinée à l'accroissement de la population, a contribué à la raréfaction de la ressource hydrique dans les pays arabes, dont le Maroc. Le constat est alarmant, d'après les auteurs de l'étude. Dès les années 50 à aujourd'hui, les ressources renouvelables en eau par habitant ont diminué d'environ 75%. Et ce n'est pas fini.

En effet, ajoutent-ils, ces ressources devraient diminuer de 40% de plus par rapport aux niveaux actuels d'ici 2050, sous l'effet des changements climatiques.
Pour y faire face, ils recommandent aux pays concernés d'adopter des approches différentes pour aborder la rareté d'eau quant à leur accès à l'irrigation. Ces experts ont donné l'exemple des pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Libye, Mauritanie et Tunisie), où la proportion de terres irriguées varie de 7 à 18% du total des terres cultivées.

Ils relèvent un constat contradictoire. En fait, expliquent-ils, malgré la prédominance du climat sec, de nombreux pays arabes dépendent principalement des cultures alimentées par les eaux pluviales. Que ce soit au Maroc, en Algérie, en Iraq, en Jordanie, au Liban, en Libye, en Mauritanie, au Soudan, en Syrie, en Tunisie et au Yémen, la culture sèche (culture alimentée par les eaux pluviales) est pratiquée sur plus de la moitié des terres arables, relève l'étude. Or, d'après celle-ci, les prévisions sur les changements climatiques indiquent que la moyenne annuelle des précipitations pourrait diminuer de 10% au cours des 50 prochaines années. La sécheresse et les vagues de chaleur seront plus fréquentes avec l'accélération du cycle des saisons. Par conséquent, conclut-on, « la production des cultures sèches fluctuera de plus en plus au fil du temps et la moyenne des rendements commencera à baisser. On prévoit une diminution de 20% dans les pays arabes en général et près de 40% en Algérie et au Maroc».

Le défi est donc de taille pour le Maroc, tout autant que les autres pays de la région. Heureusement que le Royaume a déjà commencé à prendre à bras-le-corps ce défi, avec le lancement, il y plus d'un an du plan «Maroc Vert ». Celui-ci vise à doter le pays d'un secteur agricole moderne, bien structuré et performant. Surtout que cette ambitieuse stratégie se propose, entre autres, de moderniser le secteur de l'Irrigation, moyennant un programme d'investissement qui porte sur près de 50 milliards de DH, soit 50% de l'enveloppe dédiée au plan Maroc Vert sur les 10 prochaines années. Ce programme vise notamment l'économie d'eau, la résorption du décalage entre les barrages et l'équipement des superficies en infrastructures d'irrigation ainsi que l'extension de la petite et moyenne hydraulique. Pour ce faire, l'Etat marocain finance à peu près 60% des coûts de l'irrigation localisée dans l'objectif d'atteindre 550.000 hectares. Il est à noter que la superficie totale équipée pour l'irrigation est actuellement estimée à près d'un million et demi de ha, dominée par l'irrigation de surface avec plus de 80%. Ce qui engendre d'énormes gaspillages et pose de sérieux problèmes de rationalisation de l'utilisation de cette ressource.

Selon bon nombre d'observateurs, la résolution de cette problématique de la rareté de l'eau est un préalable à la sécurité alimentaire qui devra être renforcée dans les pays arabes par la prise de certaines mesures, selon cette étude.
Il s'agit notamment de renforcer les filets de protection sociale, améliorer l'accès aux services de planning familial et promouvoir l'éducation ; privilégier les denrées alimentaires produites par les agricultures nationales et améliorer les conditions de vie en milieu rural. De même, il appelle à réduire l'exposition à la volatilité du marché par l'amélioration de l'efficience de la chaîne d'approvisionnement et par une utilisation plus efficace des instruments financiers de couverture des risques.
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Faire face au choc des prix

Les gouvernements des pays arabes font face au choc des prix en optant pour une combinaison de politiques commerciales, augmentations de salaires et programmes de protection sociale qui seront difficiles à diminuer par la suite, selon l'étude.

Ainsi, le Maroc a réduit de façon substantielle le barème de prix du blé et a octroyé des subventions aux importateurs de blé. Il a également maintenu le contrôle des prix sur le blé, la farine et le pain, tout en réduisant les taxes sur les céréales. La Tunisie a réduit les taxes sur le blé et maintient actuellement le contrôle des prix sur les produits de base stratégiques.

L'augmentation de la population contribue aussi à la nécessité croissante d'importer des aliments, d'après les auteurs de l'étude. Les pays arabes ont les taux de croissance démographique les plus élevés au monde. La population des pays arabes s'élevait à 73 millions en 1950 et a quadruplé, atteignant 333 millions aujourd'hui. Elle doublera pratiquement d'ici 2050, passant à environ 600 millions d'individus.

La population croissante des jeunes doit avoir accès à suffisamment de ressources pour pouvoir maximiser sa contribution à la société.

Les tendances démographiques et la généralisation de l'accès à la planification familiale ont déjà des répercussions significatives sur la réduction des taux de croissance démographique dans plusieurs pays arabes comme la Tunisie, le Liban, le Maroc, l'Algérie et l'Égypte, relève l'étude.
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