Menu
Search
Samedi 20 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 20 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Solutions à l'équation MRE

Les patrons cherchent du concret

Face à la persistance du non-Maghreb politique, les entrepreneurs ont décidé de prendre leur destin en main.

Les patrons cherchent du concret
Le premier forum des hommes d'affaires maghrébins aura lieu du 10 au 11 mai prochain à Alger. Une délégation de la CGEM, composée de 100 chefs d'entreprise, fera le déplacement.

L'économique est censé réussir là où le politique a échoué. L'Union maghrébine des employeurs (UME), structure prévue par le Traité constitutif de l'UMA, a de grandes ambitions. Elle lance le pari de créer à terme un groupement économique régional, une force de négociation de plus en plus renforcée face aux ensembles économiques extérieurs. Créée le 17 février 2007 à Marrakech (même lieu où fut signé l'acte de naissance de l'UMA), l'UME se veut un moyen de capitalisation au profit des entreprises maghrébines. Elle jouera son rôle d'impulsion d'une nouvelle dynamique entre les économies des cinq pays membres. Le chemin est encore long pour réaliser le rêve du regroupement mais, au moins, il est déjà entamé.

Jusque-là l'effort a été concentré sur l'étude des mécanismes qui pourraient enclencher et accélérer le processus de coopération économique. Il est temps maintenant de passer à l'étape des initiatives concrètes. C'est dans ce cadre qu'on pourra situer l'évènement du premier forum des hommes d'affaires maghrébins, prévu du 10 au 11 mai prochain à Alger. La manifestation promet de réunir 700 opérateurs économiques. Elle témoigne de la volonté du secteur privé de se lancer dans des actions concrètes à même de saisir les opportunités offertes par des trentaines de conventions et d'études sectorielles d'ores et déjà réalisées.

Lors d'une conférence de presse organisée mardi dernier au siège de la CGEM, en présence du président My Hafid Elalamy, du secrétaire général de l'UME et du vice-président du patronat algérien, l'assistance a pu mesurer l'importance des attentes exprimées par les animateurs d'une économie régionale qui peine à optimiser les liens et à exploiter son potentiel coopératif. Le premier forum régional fera appel à la conscience des employeurs, mais c'est aussi un message aux politiques, ceux qui bloquent les frontières et empêchent les populations de savourer les avantages comparatifs des voisins. Une étude chapeautée par l'UME précise d'ailleurs la nature des projets habilités à émerger dans un cadre de coopération régionale. Le potentiel touche plusieurs secteurs d'activités : la construction navale, les industries chimiques, le transport maritime, les industries pharmaceutiques, les énergies renouvelables, les industries mécaniques…
Du côté marocain, d'après la CGEM, 100 patrons d'entreprise feront le déplacement à Alger.

La thématique de la crise internationale sera au centre du programme prévu pour la première journée du forum. Trois conférenciers de renom viendront apporter des éclairages sur « les voies pour dépasser la crise » : Amartya Sen, prix Nobel d'économie en 1998 qui enseigne aujourd'hui à Harvard, Muhammad Yunnus, prix Nobel de la paix et créateur de la première banque de micro-crédit et Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE. Un deuxième panel, animé par le directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) pour la région Mena, Angel Gurria, sera consacré aux réponses maghrébines aux effets de la crise. Le président de la CGEM animera, de sont côté, un troisième panel axé sur les success stories des champions maghrébins. L'expérience réussie d'Attijariwafa bank est un parfait exemple d'une belle coopération maghrébine.

L'effet de son implantation en Tunisie a été clairement bénéfique aussi bien pour la clientèle que pour l'ensemble du système bancaire tunisien. Un modèle pareil crée une sorte d'émulation saine entre les opérateurs économiques de la région. Finalement, ce sont les peuples du Maghreb qui en sortiront gagnants.
-----------------------------------------------------

Le coût du non-Maghreb

Les échanges commerciaux régionaux représentent à peine 2,5% des 105,7 milliards d'euros des échanges globaux des pays membres de l'UMA. C'est dire que le potentiel de coopération ne manque pas, le non-Maghreb, par contre, a un coût exorbitant : au moins deux points de croissance et 200 mille emplois par an sont perdus pour les pays de la région! L'intégration économique du Maghreb serait de nature à lever les obstacles qui freinent la diversification des échanges. Une étude récente du ministère des Finances (DEPF) a constaté qu'hors hydrocarbures, le volume des échanges réalisé par l'Algérie avec les pays maghrébins demeure marginal. Le Maroc est faiblement présent sur le marché tunisien des produits pour lesquels il dispose d'un avantage comparatif, notamment les produits de la mer qui sont quasi exclusivement importés d'Italie. Entre 2000 et 2006, malgré la proximité géographique, les produits énergétiques importés d'Algérie n'ont représenté, en moyenne annuelle, que 5% des importations marocaines de ces produits et seulement 0,5% des exportations totales algériennes de ces produits. L'étude a noté aussi que l'essentiel des achats algériens de textile s'effectue auprès de la Turquie, de la Chine et de l'Espagne. Le Maroc et la Tunisie ne sont que faiblement présents sur le marché algérien.

Selon la DEPF, pourvu que les conditions politiques et réglementaires soient réunies, le relèvement de l'intensité bilatérale des échanges entre ces pays à un niveau comparable à celui observé dans certains regroupements régionaux des pays en développement, notamment l'ASEAN, fait ressortir, toutes choses égales par ailleurs, un manque à gagner en termes d'échanges commerciaux estimé à presque 980 millions de dollars par an (hors hydrocarbures) et à 2,1 milliards de dollars, soit 1% du PIB, si on prend en compte les importations de produits énergétiques en provenance de l'Algérie et de la Libye.
Lisez nos e-Papers