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Des acquis et des défis

Un nouveau rapport de la Banque mondiale met en relief l'efficacité du modèle adopté par le Maroc en matière de subventions au profit des pauvres pour les services d'eau.

Des acquis et des défis
Une avancée certes mais les défis sont énormes. La rareté de l'eau est une donne structurelle qui risque de s'accentuer à l'avenir.

L'expérience marocaine dans le domaine de la gestion de l'eau, basée sur les subventions au profit des pauvres, est jugée par la Banque mondiale (BM) comme un modèle réussi. En fait, une nouvelle étude de cette institution financière internationale sur "l'eau dans le monde arabe" a réservé un chapitre à «l'efficacité d'un projet hautement ciblé » de subventions pour les pauvres pour les services d'eau au Maroc. "Le gouvernement marocain a été en mesure d'offrir des services d'approvisionnement en eau fiables, au moyen de subventions ciblées, qui ne modifient en rien les mesures incitatives destinées aux fournisseurs de services pour qu'ils permettent à une communauté plus vaste de bénéficier d'un approvisionnement sûr et fiable en eau", dit Vijay Jagannathan, responsable de l'équipe du secteur de l'eau, région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), à la Banque mondiale.

Toutefois, le Royaume a encore des efforts à faire, étant donné que la rareté de l'eau est une donne structurelle qui risque de s'accentuer à l'avenir au Maroc, au même titre que les autres pays de la région Mena. En fait, selon cette étude, les modèles du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) prévoient que la température et la variabilité de l'eau augmenteront dans plusieurs pays de la région et que les précipitations vont également diminuer de 30% d'ici 2050. Ainsi, ajoute-t-on, de récentes conclusions du GIEC confirment les tendances observées au cours de la dernière décennie en Algérie, au Maroc et en Tunisie : les données historiques sur la configuration des pluies ne permettent plus de faire des projections exactes pour les précipitations futures.

Ce problème a été, d'ailleurs, traité par une autre étude intitulée "Renforcer la sécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord", publiée récemment par la BM, en collaboration avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (IFAD).

Selon cette étude sur la sécurité alimentaire, l'utilisation croissante de l'eau, combinée à l'accroissement de la population, a contribué à la raréfaction de la ressource hydrique dans les pays arabes, dont le Maroc. Le constat est alarmant, d'après les auteurs de l'étude. Des années 50 à aujourd'hui, les ressources renouvelables en eau par habitant ont diminué d'environ 75%. Et ce n'est pas fini. En effet, ces ressources devraient diminuer de 40% de plus par rapport aux niveaux actuels d'ici 2050, sous l'effet des changements climatiques.

Ce qui amène les auteurs de la nouvelle étude de la BM sur "l'eau dans le monde arabe" à insister sur la gestion intégrée des ressources en eau qui est, selon eux, particulièrement vitale dans la région, étant donné que l'infrastructure hydraulique "joue un rôle économique essentiel".

"Ces pays sont situés dans une zone aride ou hyperaride, dépendent des pluies saisonnières, ont très peu de cours d'eau (certains étant d'ailleurs pollués par les écoulements des autres pays) et sont souvent dépendants de réservoirs d'eau souterraine fragiles (et parfois non renouvelables)", constatent-ils. Par conséquent, leurs économies sont beaucoup plus sensibles à la manière dont l'eau est extraite, transportée et consommée que ne le sont les économies d'autres régions.

Que faire alors ? Pour M. Jagannathan, qui a coédité ce rapport avec d'autres experts de la BM, étant donné que l'eau est rare et qu'elle est utilisée à diverses fins concurrentes, la région a besoin d'une stratégie qui va au-delà des simples solutions techniques pour revoir le régime des droits, le cadre réglementaire et les partenariats public-privé dans le domaine de l'eau.

De même, ajoute-t-il, pour améliorer la gestion de l'eau dans la région, il est nécessaire de "promouvoir délibérément" la responsabilisation (des utilisateurs de l'eau, des financiers du secteur et des décideurs politiques) et de partager pleinement l'information relative à l'eau.

En somme, concluent les auteurs du rapport, une partie de la solution pour la région consiste à mettre au point un ensemble de réformes qui s'attaquent tant aux problèmes de demande en eau (mesures incitatives pour encourager les agriculteurs à passer à des récoltes avec une meilleure productivité de l'eau) qu'aux problèmes d'approvisionnement (conservation de l'eau par la modernisation de l'irrigation et un meilleur suivi du cycle eau/évapotranspiration).
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Pour une irrigation rationnelle

Parmi les solutions prônées par les experts pour faire face à la rareté de l'eau, figure l'adoption des approches différentes en matière d'irrigation. Les auteurs de l'étude sur la sécurité alimentaire ont donné l'exemple des pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Libye, Mauritanie et Tunisie), où la proportion de terres irriguées varie de 7 à 18% du total des terres cultivées. Ils relèvent un constat contradictoire. En fait, expliquent-ils, malgré la prédominance du climat sec, de nombreux pays arabes dépendent principalement des cultures alimentées par les eaux pluviales. Que ce soit au Maroc, en Algérie, en Iraq, en Jordanie, au Liban, en Libye, en Mauritanie, au Soudan, en Syrie, en Tunisie et au Yémen, la culture sèche (culture alimentée par les eaux pluviales) est pratiquée sur plus de la moitié des terres arables, relève l'étude. Or, d'après celle-ci, la sécheresse et les vagues de chaleur seront plus fréquentes avec l'accélération du cycle des saisons. Par conséquent, concluent-ils, « la production des cultures sèches fluctuera de plus en plus au fil du temps et la moyenne des rendements commencera à baisser. On prévoit une diminution de 20% dans les pays arabes en général et près de 40% en Algérie et au Maroc». Le défi est donc de taille pour le Maroc, tout autant que les autres pays de la région.
Heureusement que le Royaume a déjà commencé à prendre à bras-le-corps ce défi, en prévoyant, dans le cadre du plan « Maroc Vert », de moderniser le secteur de l'irrigation, moyennant un programme d'investissement qui porte sur près de 50 milliards de DH, soit 50% de l'enveloppe dédiée au Plan Maroc vert sur les 10 prochaines années.
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