Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next Un combat nommé indépendance

Le Maroc décidé à booster ses relations avec l'Allemagne

De nombreuses entreprises, à cause de la crise financière, sont en quête d'opportunités d'affaires dans la région du Maghreb et de l'Afrique.

Le Maroc décidé à booster ses relations avec l'Allemagne
Le Maroc recèle un réel potentiel qui est une occasion les investisseurs allemands dont les intérêts sont principalement fixés sur l'automobile, l'environnement et les énergies renouvelables.

Plus que jamais, le Maroc est décidé à booster les relations économiques avec l'Allemagne dont beaucoup d'entreprises, à cause de la crise financière, sont en quête d'opportunités d'affaires dans la région du Maghreb et de l'Afrique. Le Royaume, qui constitue déjà une plate-forme d'investissement et d'exportation pour un grand nombre d'entreprises étrangères, n'a qu'à saisir cette opportunité en s'approchant davantage des opérateurs allemands. C'était l'objet de la journée économique, organisée, à Munich, le 26 mars 2010 par l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI) en collaboration avec l'Ambassade du Maroc en Allemagne et la Chambre de commerce Bavaroise, et qui n'est que le début d'une série de rencontres programmées dans un proche avenir. Une forte délégation allemande est, d'ailleurs, attendue septembre prochain au Maroc. De quoi donner de l'élan à une coopération économique qui demeure en deçà des aspirations des deux parties surtout que les potentialités à exploiter de part et d'autre sont importantes. Le niveau général des échanges n'a, en effet, pas encore atteint un niveau satisfaisant. En 2008, les importations allemandes s'élevaient à 1,479 milliards d'euros, alors que les exportations marocaines s'établissaient à uniquement 533 millions d'euros. En 2009, les exportations marocaines et allemandes ont flanché de respectivement 3,2 % et 13,6 % par rapport à 2008. Certes le redressement de la balance commerciale reste difficile vu que le marché allemand n'est pas facile à pénétrer par les entrepreneurs marocains, il n'en demeure pas moins que l'investissement des entreprises allemandes au Maroc ne peut qu'être bénéfique surtout sur le plan de l'emploi et de la formation. A souligner que trois pistes d'investissement sont à saisir par les entreprises allemandes. Primo, la possibilité de participer aux appels d'offres lancés pour la réalisation des investissements publics ayant passé de 4 milliards d'euros en 2002 à 8 milliards d'euros en 2007 et 16 milliards d'euros en 2010. Ils sont ouverts aux nationaux et aux étrangers. Secondo, l'opportunité de répondre à une demande locale de plus en plus croissante (ordinateurs, électroménager, ...), notamment avec l'amélioration du pouvoir d'achat et des habitudes de consommation. Tertio, la chance de pouvoir renforcer sa compétitivité globale, en installant une partie de la chaîne de production au Maroc. Ceci grâce à la réalisation d'économie sur les coûts salariaux, les coûts logistiques (stockage, transport...) en s'installant à Tanger sans perdre de vue les différentes incitations fiscales et sociales (formation,....). A vrai dire, un réel potentiel serait à prendre par les entreprises allemandes. «Le Maroc ne figurait pas dans les plans stratégiques des Allemands, mais avec le plan 2015, il y a un potentiel énorme à exploiter.

Dans les 10 années à venir, le Royaume deviendra un centre industriel régional», s'est prononcé Larbi Belarbi, vice-président de la Confédération des entreprises du Maroc (CGEM) lors de la journée économique à Munich. Aujourd'hui, les intérêts des investisseurs sont principalement fixés sur l'automobile, l'environnement et les énergies renouvelables. « Les Energies renouvelables (ER) sont bien sûr un sujet qui intéresse. Cependant, ce ne sont pas les ER qui drainent le plus d'investissements mais les secteurs de l'automobile et de l'environnement. Les ER prendront plus d'importance dès que « plan solaire » au Maroc sera lancé où il sera question de plusieurs appels d'offres concernant des centrales solaires thermiques », a expliqué Marco Wiedemann, Directeur général de la Chambre allemande de commerce et de l'industrie au Maroc. Le plan solaire national a été, d'ailleurs, au cœur des discussions. A souligner que l'appel à manifestation d'intérêt pour la réalisation du site de Ouarzazate, un des cinq projets du Plan Maroc solaire portant sur un investissement de 9 milliards de dollars, a été lancé le 30 mars 2010. Même le projet Desertec augure d'une belle opportunité de coopération entre le Maroc et la Bavière. La création du cadre et des conditions nécessaires en prime aujourd'hui.

Ce forum était également une occasion pour les investisseurs de la Bavière d'exprimer leur inquiétude par rapport au climat des affaires notamment les relations avec l'Administration et la transparence des processus de passation des marchés. Pour dire que beaucoup reste à faire pour que ces inquiétudes se dissipent. Certes, la multiplication des rencontres d'affaires entre les deux parties est primordiale, n'empêche que l'installation d'antennes économiques s'impose avec acuité.

C'est en 2011 qu'est prévue l'ouverture de bureaux de représentation en Allemagne, sachant que pour l'année courante, l'AMDI va commencer par la France, l'Espagne, l'Italie et la Grande-Bretagne. «Ces antennes, qui seront financées par AMDI, seront chargées de la promotion des différents Plans économiques tracés par le Maroc, du démarchage des entreprises, ainsi que du développement des relations B to B.

Elles seront séparées des ambassades même si elles vont coordonner pour réussir cet objectif», a précisé Aziz Najeb, directeur de la promotion des investissements au sein de l'AMDI. Rien ne devrait être laissé au hasard. Le transport aérien est une autre variable à intégrer dans l'équation d'une relation économique plus épanouie. Le 4 avril prochain, Royal Air Maroc va ouvrir une ligne régulière Munich-Marrakech à raison de deux vols par semaine. La ligne Berlin-Casablanca sera opérationnelle à partir de juin 2010 à raison de trois vols par semaine.
-----------------------------------------

Question à Larbi Belarbi, Président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et président de l'AMICA.

«Les grandes entreprises allemandes ne connaissent pas bien le Maroc»

Quels sont les secteurs qui intéressent le plus les investisseurs allemands ?

Il y a un intérêt particulier pour les énergies renouvelables ainsi que pour l'automobile. Seulement, aujourd'hui, les grandes entreprises allemandes ne connaissent pas bien le Maroc. Les PMI, même intéressées par des projets marocains, n'ont pas encore de guichets uniques pour être capables de se présenter et d'investir. Le problème de la langue, lui, est secondaire. Ce qui prime aujourd'hui, c'est un travail de coordination des efforts en Allemagne pour faire connaître le Maroc. La journée du 26 mars 2010 à la Chambre de commerce et d'industrie de la Bavière s'est inscrite dans cette logique. Le représentant permanent qu'AMDI compte installer en Allemagne ne pourrait également que permettre aux entreprises allemandes aussi bien les grandes que les PMI de mieux connaître le potentiel du Royaume. Les retombées sur la formation dans le domaine de l'industrie seraient également bénéfiques. C'est une force que l'on veut intégrer dans les programmes de formation que nous avons au niveau technique et industriel au Maroc, que ce soit dans le domaine de l'enseignement public ou de la formation au niveau des entreprises privés.

Par rapport aux exportations de la Logan, cela se passe comment ?

Par rapport à l'Egypte, les choses avancent bien, avec la Tunisie, ça avance timidement, il y a toujours ce problème de quota qui n'est pas encore réglé. Cela fait trois années qu'on négocie avec les Tunisiens. N'empêche qu'on a commencé, le véhicule est bien accepté. C'est le plus important. Avec la Jordanie, il se pose la problématique de la logistique, mais il y a du potentiel sur lequel on travaille.
-----------------------------------------

Question à Ahmed Reda Chami, Ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies.

«Il est temps de se rapprocher des entreprises et des investisseurs allemands»

Le renforcement de la coopération avec l'Allemagne est aujourd'hui au cœur des priorités. Quelle sera votre démarche ?

Les entreprises allemandes ont été toujours principalement tournées vers la Turquie et dans une moindre mesure vers la Tunisie. Avec le Maroc, si les relations politiques et diplomatiques sont au beau fixe, la coopération économique est à renforcer surtout que le potentiel à exploiter est énorme. A ce jour, aucune délégation de haut niveau économique ne s'est rendue au Maroc. C'est pourquoi, on a décidé de prendre les choses en main et rattraper le retard. Il est temps de se rapprocher des entreprises et des investisseurs allemands et de leur expliquer les potentialités du Maroc. Le statut avancé nous donne aussi cette possibilité, c'est une bonne porte d'entrée pour nous.
L'idée est de commencer à travailler avec les différents landers. On a commencé par la Bavière, l'un des principaux landers en Allemagne, en passant par le canal de la Chambre de commerce et de l'industrie qui constitue la deuxième chambre européenne après celle de Paris avec 350.000 entrepreneurs.
La démarche adoptée consiste à faire un road show en Allemagne en visitant les différents Lander tout en faisant participer les chambres de commerce. Ceci pour un double objectif. D'abord, faire connaître le Maroc et les différents plans sectoriels. Il s'agit de susciter l'intérêt des investisseurs allemands pour certains secteurs qui attisent de plus en plus les convoitises des entrepreneurs, comme celui de l'énergie. La deuxième étape consiste en la programmation de visites de délégations économiques allemandes au Maroc. C'est dans ce cadre que s'inscrit, d'ailleurs, l'événement économique organisé en septembre prochain au Maroc. On va recevoir une délégation de la Chambre de commerce allemande de la Bavière. En même temps, Bertelsmann institut, l'un des plus grands thinc tanc européens, va organiser sa convention annuelle au Maroc.

Ces roadshows sont-ils suffisants ?

En fait, à côté de ces road shows, l'AMDI (Agence marocaine de développement des investissements) a un rôle très important à jouer à ce niveau. D'ailleurs, elle a, déjà, prévu d'ouvrir des bureaux dans les différents pays. Cette année, on a programmé la France, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre. En 2011, on ouvre en Allemagne et aux USA. Il est primordial que des équipes, sur place, aillent à la rencontre des entreprises allemandes qu'on aura ciblées pour qu'elles véhiculent notre message et qu'elles travaillent vraiment sur des scénarii d'implémentation.

Quelles sont les principales opportunités à saisir par les investisseurs allemands ?

Les pistes à saisir sont au nombre de trois. La première concerne l'opportunité des infrastructures et des grands travaux que les investisseurs allemands peuvent exploiter. La deuxième est relative au marché local qui commence à avoir un pouvoir d'achat intéressant tandis que la troisième est liée à la plate-forme d'investissement et d'exportation que propose le Royaume. D'ailleurs, on commence bien. Siemens a décidé que son président pour l'Afrique soit basé à Casablanca. Cela prouve que le Maroc est une plate-forme d'investissement et une porte d'entrée pour l'Afrique.

Et le handicap de la langue, comment le surmonter ?

Il y a bien évidemment l'anglais. En outre, de plus en plus de personnes viennent étudier en Allemagne, qui est aujourd'hui, le deuxième pays après la France en termes d'étudiants marocains. On compte, en effet, plus de 8000 étudiants marocains en Allemagne. Un bon réseau qui peut nous aider à dépasser ce handicap.

Pour la journée économique du 26 mars en Allemagne, pourquoi vous vous êtes focalisés sur quelques secteurs, notamment les énergies renouvelables, l'automobile et l'aéronautique ?

En fait, il faut faire des choix. On ne peut pas parler de toutes les industries car le message n'est plus porteur. Il faut donc se focaliser sur deux ou trois secteurs. Quand on viendra l'année prochaine, on en ciblera d'autres.

Les premières Assises de l'industrie sont prévues le 7 avril. Doit-on s'attendre à des annonces ?

Cela fait presque un an qu'on a signé le contrat-programme relatif au pacte national pour l'émergence industrielle. Aujourd'hui, il faut rendre compte de ce qui a été fait et le comparer par rapport à ce qu'on a annoncé comme projets. Maintenant, il faut qu'on arrête de réfléchir à la limite, et qu'on exécute ce qu'on a promis au début. On a eu l'accord que c'est la bonne stratégie, maintenant on doit savoir comment procéder pour améliorer l'exécution.
Lisez nos e-Papers