Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Un siècle de tracasseries !

Les opérateurs suivront-ils le « rêve » du régulateur ?

Le régulateur du marché prépare une étude autour d' un plan national pour le haut débit. Réglementation, choix technologiques, infrastructures à mettre en place…tout y passe. Pour les opérateurs, c'est le paramètre rentabilité qui primera.

Les opérateurs suivront-ils le « rêve » du régulateur ?
«Nous avons une vision économique pour la fibre optique. Il n'y en aura pas pour aménager le territoire ou alors on ne peut pas le faire tout seul ». Cette déclaration de Frédéric Debord, directeur général d'Inwi, parue dans la presse, aurait fortement irrité les officiels chargés des destinées du secteur des télécoms au Maroc. Pour des observateurs, le patron d'Inwi s'est permis une sortie « franche » et loin du discours « politiquement correct » observé par les deux autres opérateurs de la place.

Mais le contexte ne s'y prête pas, selon cet observateur du marché. Le régulateur du secteur, l'Agence nationale de réglementation des télécoms (ANRT), s'apprête en effet à lancer une étude qui devrait aboutir à un Plan national pour le développement du haut débit au Maroc, tel que prévu par la note d'orientations à l'horizon 2013. L'étude devrait identifier les infrastructures nécessaires au raccordement des nouvelles zones d'habitation ou à usage industriel au réseau du haut débit et revoir de fond en comble la réglementation en place concernant l'installation d'infrastructures télécoms. Selon ce haut cadre de l'Agence, le Maroc est « décidé à ne pas rater le virage de l'Internet très haut débit » et le gouvernement n'hésitera pas à activer les leviers dont il dispose pour y arriver. « Il n'est pas du ressort des opérateurs de fixer les objectifs socio-économiques du pays. Cela relève des missions de l'Exécutif », laisse entendre ce haut cadre de l'ANRT.

Des visions opposées ?

Tout cela est bien « joli », mais il faudra que les opérateurs en place suivent l'Exécutif, et donc l'ANRT, dans ses ambitions affichées. Et loin du discours ambiant autour de la mobilisation des opérateurs pour ce faire, la déclaration du patron d'Inwi ne fait que confirmer ce que les professionnels pensent tout bas : les opérateurs ne vont investir que dans les endroits où il y a des clients. Logique commerciale oblige, qui découle d'un bon sens pragmatique. Un pragmatisme que partagerait aussi Méditel (qui dispose de 2500 km de fibres optiques, loin derrière les 20.000 km de Maroc Telecom). Pour ce haut cadre du deuxième opérateur, les politiques ambitionnent d'améliorer les raccordements des différentes régions du Maroc, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des professionnels « surtout si les business modèle s'avèrent coûteux et pas rentables ». Pour notre source, il faut que l'Etat propose des « solutions » ou des formules de financement public-privé à l'image du Fonds du service universel.

« L'étude en cours de lancement devrait justement apporter des éléments de réponse quant aux éventuels leviers à activer pour la mise en œuvre du plan national du haut débit », explique une source autorisée à l'Agence. Cette dernière préfère ne pas parler de « visions opposées » et annonce de prochaines consultations avec l'ensemble des opérateurs, dans le cadre de l'étude sur le plan national du haut débit. Seront abordés les modèles et les moyens de financement (public, privé…) pour le déploiement des infrastructures pour le haut débit, ainsi que les mesures d'accompagnement qui devraient être mises en place par les pouvoirs publics.

Un plan pour dix ans

L'étude relative au Plan national du haut débit, en cours de lancement par le régulateur, devrait proposer des scénarios qui couvrent une période de dix ans. L'objectif est d'identifier les besoins en termes de haut débit et les infrastructures essentielles de télécommunications (tant radio que filaires ou optiques, ainsi que les spécifications techniques -fourreaux, travaux de génie civil, canalisations, support de transmission…) à déployer dans les nouveaux lotissements et immeubles et dans les nouvelles zones d'activité économique.

Il s'agira aussi de programmer une mise à jour réglementaire afin d'examiner les différents textes régissant l'occupation du domaine public au Maroc et de proposer, en conséquence, les modalités pour leur clarification. Le régulateur, à travers cette démarche, dit vouloir disposer de référentiels nationaux en matière d'occupation du domaine public par les infrastructures des télécommunications (y compris pour le déploiement des sites et pylônes tant dans le domaine public que privé).

L'étude devrait aussi fournir une estimation des coûts de mise en œuvre et proposer les leviers (juridiques, législatifs et réglementaire, techniques, financiers…) à mettre en place. Il sera aussi question des meilleurs scénarios de raccordement des opérateurs aux infrastructures déployées ainsi que les spécifications techniques des points de mutualisation. Une attention particulière devra être accordée aux nouvelles villes et aux zones dédiées (économiques, touristiques, logistiques, industrielles, offshoring…). Pour l'ANRT, l'enjeu est de favoriser un environnement idéal pour un « déploiement rapide ». Encore faut-il que les professionnels suivent.

Des besoins pressants en télécoms

Pour l'ANRT, les plans de développement sectoriels, faisant appel à des besoins en télécoms sont légion et nécessitant un plan national pour le haut débit. On parle des projets d'aménagement du territoire et de production de logement, d'enseignement et d'éducation, de recherche, les métiers d'avenir, Plan Emergence, Maroc Vert, projets e-Gov…Le régulateur tente, à travers son étude, d'identifier et quantifier les besoins de ces plans en termes de capacités et de services de télécommunications.

Il s'agira aussi de proposer, au vu de la spécificité du marché marocain ainsi que de la topologie du pays et des zones, les technologies (filaires, optiques, radios, génie civil…) qui peuvent répondre et permettre la réalisation du plan d'actions national et d'identifier, le cas échéant, les bandes de fréquences qui seraient nécessaires pour le développement du haut débit au Maroc. Pour un expert en télécoms, même si son déploiement demeure cher, la fibre optique offre un débit d'information nettement supérieur aux autres technologies de partage de données.
Lisez nos e-Papers