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Mieux bénéficier de la manne immatérielle

Fini le temps sous l'épithète « le beur et l'argent du beur ». Les MRE ne sont plus considéré comme ces pourvoyeurs de transferts qui ne faisaient, souvent, que dormir dans les banques. Les tendances ont changé, tout comme les profils.

Mieux bénéficier de la manne immatérielle
L'immatériel, qui peut se transformer en un estimable capital, est en train de prendre le pas. Le Maroc est appelé, plus que jamais, à bénéficier de ses compétences établies à l'étranger.

De génération en génération, le profil des MRE change en évoluant. Pas besoin de revenir sur la longue histoire, les premières grandes ruées et les appréciations que l'on se faisait sur l'émigration marocaine. Pas besoin non plus de subdiviser les générations pour se rendre à l'évidence que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts pour que l'on arrive à ce nouveau profilage qu'on découvre, carrément, à chaque opération de transit. Des mains qui ont bâti une partie des pays d'accueil, dont la France en particulier, nous sommes passés à la matière grise.

Celle qui est née sous les cieux européens, ou celle qui a choisi de poursuivre ses hautes études avant d'opter pour les certificats de résidence. Du coup, même le rapport à l'argent a changé. En fait, en lieu et place des générations qui misaient tout sur la pierre, on est en train d'assister à l'émergence de femmes et d'hommes qui investissent dans d'autres secteurs et créneaux. D'ailleurs, il est instructif de revenir sur une segmentation (qui remonte à cinq ans maintenant), pour mettre le doigt sur les paradigmes en changement. En effet, l'investissement des MRE dans l'immobilier représentait dans les 35%, talonné de près par le commerce où le taux était de plus de 27%. Un peu plus loin, avec un peu plus de 12%, arrivait le secteur du tourisme, alors que l'agriculture représentait dans les 10%.

D'autres services se partageant le reste. En effet, c'est vers la fin des années 1950 que les premiers émigrants du Rif se sont dirigés vers la Belgique et les Pays-Bas. Au milieu des années 1960 à 1970, l'on assistera au grand mouvement vers l'Hexagone lorsque des entreprises du nord de ce pays ont dépêché leurs émissaires pour négocier avec le gouvernement marocain le départ de milliers de mains-d'œuvre qui devaient travailler dans les mines et les usines d'automobiles. Arrivera, ensuite, le départ des femmes et des hommes qualifiés et de surcroît diplômés.

Il suffit de rencontrer le premier de ces personnes pour comprendre, au moins, deux choses. D'abord, par nécessité pour certains à la quête de nouvelles opportunités. Ensuite, pour les autres, par choix. Le pays se vidait de ses compétences qui allaient servir d'autres pays au lieu de rester à se tourner les pouces en attendant une hypothétique chance. Des compétences où l'on comptait autant de têtes bien faites que des opérateurs exerçant des professions libérales, quand ce ne sont pas de hauts cardes ou des enseignants des cycles supérieurs. Mais le pire n'était pas encore appréhendé. Et ce pire se résume à ces compétences aux qualifications moyennes. Le cas des infirmiers, des infirmières et des enseignants en livre l'exemple le plus éloquent. Sans omettre de vue un autre détail de la diversification en cours, et qui montre la présence de plus en plus massive des femmes sur le marché de l'emploi des pays d'accueil.

Or, si rien n'est fait, le risque est grand que cette tendance s'exacerbe. Mais la prise de conscience est bel et bien là et ne date pas d'hier. L'intérêt porté aux MRE consiste de plus en plus à ouvrir des portes de retour vers le pays d'origine. Pas uniquement en « transitaires », mais aussi et surtout en mettant des structures de nature à accueillir nos compétences qui se trouvent un peu partout dans le monde. Elles sont de plus en plus nombreuses à s'intéresser au Maroc.

Un Maroc qui bouge, qui change et où cette matière grise peut bien trouver les moyens de s'épanouir. Une récente étude (qui date de 2009) révèle bien des trends, en ouvrant des voies pour la participation de la diaspora marocaine à l'édification du pays. Un pays qui a rompu avec une « stéréotypisation », qui n'a plus cours aujourd'hui. Et ce ne sont pas les chantiers qui manquent. De l'agriculture aux grandes infrastructures, en passant par les nouvelles technologies et autres aéronautiques, etc. Un immense chantier à ciel ouvert à même d'accueillir, sous des modes opératoires à inventer, toutes les compétences. Des modes qui peuvent être soit à titre temporaire, selon des projets bien précis, soit à caractère définitif. Le tout dépendant de la faisabilité et des besoins.

Le pays n'est plus dans cette logique qui comptait les transferts, sur fond de cette fameuse formule du « beur et de l'argent du beur ». Les dispositifs en place, encore à développer, dessinent les contours d'une nouvelle approche de notre diaspora. Une approche où l'on peut parler de « transfert du savoir et du savoir-faire ».

Encore faut-il réunir les conditions nécessaires pour fluidifier les voies. Et c'est, d'ailleurs, l'un des rôles majeurs qui incombent aux différentes structures existantes et qui s'occupent de la ''chose MRE''. Mais c'est aussi l'affaire du tissu associatif opérant dans les pays d'accueil et qui est, également, attendu pour porter son eau à ce moulin. L'idée, conjugué à un objectif ultime, étant que le pays puisse profiter de tous ses savoirs et ceux qui en sont les porteurs.
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Le nouveau défi…

Il était une fois la ruée, voulue ou imposée, vers le Vieux Continent. Puis, les frontières se sont étendues plus et vers le plus large. Notamment, en direction des Etats-Unis et du Canada. En plus pointu, dans la plupart des cas. Mais il n'y a pas que les choix délibérés des uns et des autres. En fait, depuis quelque temps, le qualificatif de l'émigration sélective a pris bien des pas sur le chemin de la séduction des compétences. Non seulement de la matière grise déjà installée dans les différents pays, qui se livrent à une réelle concurrence, mais l'option a porté sur des émissaires d'un nouveau genre qui viennent « chasser » dans les pays en voie de développement. Le Maroc n'a pas échappé à cette lourde tendance de l'histoire de l'émigration. Autrement, d'ores et déjà, il faut s'accommoder avec ce mouvement. Où il n'est pas uniquement impératif de « séduire » les têtes pensantes vers l'étranger, mais de trouver les moyens de sédentariser la matière grise existante sur place. Un double défi, en somme, qu'il faut relever.
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