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Accueil next L'absence de loi jette de l'huile sur le feu

La perspective d'un nouvel accord se précise

La rencontre du 6 mars entre la CGEM et l'instance patronale de l'UE, Business Europe, a donné le ton au Sommet politique qui s'est réuni le lendemain au prestigieux palais d'Alhumbra. On ne peut se permettre d'omettre un fait marquant de ce rendez-historique.

La perspective d'un nouvel accord se précise
Par la voix de son président, Mohamed Horani, la CGEM a soumis officiellement sa demande d'adhésion à Business Europe. Par ailleurs, ministres ou chefs d'entreprises, tous s'accordent à dire que l'économie marocaine jouit d'une visibilité accrue à plusieurs niveaux. Dans un contexte de crise internationale, les opportunités d'affaires au Maroc intéressent de plus en plus les firmes européennes.

Lorsque les décideurs d'un pays quelconque cherchent à sortir de la crise, il ne suffit pas de décréter des plans d'austérité pour accélérer la reprise. La solution passe aussi par une diversification des sources de la croissance. Une diversification à la fois sectorielle et géographique. Pour l'Europe des 27, le Maroc se positionne en tant que véritable plateforme de production et d'exportation. Une fenêtre stratégique ouverte sur l'ensemble méditerranéen. C'est dans ce contexte précis qu'on peut situer cette rencontre entre le Maroc et l'UE. « Le regard de l'Europe sur le monde se dirige en premier lieu vers le Maroc », a tenu à le souligner Philippe de Buck, directeur général de Business Europe qui, comme l'ensemble des participants, attend beaucoup de ce sommet historique. C'est la première fois que l'UE tient un sommet bilatéral avec un pays du Sud de la Méditerranée. Le choix ne relève pas du hasard. Dans sa relation avec l'Union, le Maroc bénéficie d'un ''Statut avancé'' depuis octobre 2008.
A Grenade, il était question d'abord d'évaluer l'évolution de cette relation privilégiée dont l'objectif est de faire du Maroc un acteur de référence dans la zone Euromed. Autant d'efforts ont, certes, été déployés pour se rapprocher de l'acquis communautaire, mais malheureusement, aucune avancée concrète n'a été faite ni sur le libre-échange approfondi (mis à part l'accord agricole non encore ratifié), ni sur les perspectives d'assistance financière.

Dans une déclaration prononcée à l'issue des travaux, les chefs d'entreprises ont d'ailleurs accueilli avec satisfaction la volonté des gouvernements des deux parties de relancer les négociations, notamment sur la libéralisation des services et du droit d'établissement bien que, comme l'a rappelé le président de la CGEM, «l'accord sur les services n'ait de sens qu'en garantissant la libre circulation des personnes». L'accent est également mis sur la liberté du mouvement des capitaux et des paiements, les mesures sanitaires et phytosanitaires, les droits de propriétés intellectuelle et industrielle, les politiques de concurrence, tout cela justement pour assurer l'arrimage de la législation entre les deux rives.
S'agissant de l'Union pour la Méditerranée, tout en saluant l'installation récente du secrétariat dont le siège se trouve à Barcelone, les entrepreneurs estiment nécessaire l'approfondissement de l'application des accords Sud-Sud, comme celui d'Agadir (les Européens souhaitent qu'il soit élargi au-delà des quatre pays signataires).

Dans le domaine du transport maritime, les participants au Sommet entrepreneurial souhaitent que la qualité des infrastructures portuaires soit accompagnée par une offre de services alliant régularité et prix compétitifs. «A l'instar de ce qui a été réalisé en 1999 avec la libéralisation des services maritimes de cabotage dans l'UE, nous jugeons nécessaire de permettre la libre circulation maritime régulière entre le Maroc et l'UE», lit-on dans la déclaration «économique» de Grenade. De même, au niveau du secteur énergétique, l'idée serait d'aboutir à un bouquet énergétique incluant l'ensemble des sources de production dont le nucléaire.

Par ailleurs, si presque toutes les interrogations exprimées par les participants ont eu droit à des réponses convaincantes, une seule question relevant du secteur agricole est restée quasiment sans réponse. En effet, on sait d'ores et déjà que l'Accord agricole Maroc-UE, conclu le 17 décembre dernier, ne sera pas ratifié sous la présidence espagnole de l'UE. Le calendrier s'annonce «décevant» pour les exportateurs marocains des six produits sous contingent (la tomate, la courgette, l'ail, la clémentine, le concombre et la fraise), surtout si l'on tient compte des trois années prévues par la «clause de rendez-vous». «Ou bien que l'accord soit ratifié au plus vite, ou bien on prévoit des mesures transitoires», estime Younes Zrikem, président de la Commission du commerce extérieur au sein de la CGEM. Les représentants de la Commission européenne présents à Grenade se sont abstenus de répondre, tout en se montrant «compréhensifs».

Par contre, un document relatif à un avis récent (17 février) du Comité économique et social européen (CESE), distribué en marge du Sommet de Grenade, a été au moins clair en défendant l'idée selon laquelle «les nouvelles concessions commerciales accordées au Maroc pour des productions aussi sensibles que les fruits et les légumes, à peine protégées par des aides communautaires, aggravent la situation déjà difficile de nombreuses exploitations agricoles européennes.
L'utilisation du secteur ''en tant que monnaie d'échange'' dans l'ouverture commerciale UE-Maroc a des conséquences néfastes. C'est pourquoi il conviendrait d'établir des compensations réelles au moyen de lignes de soutien supplémentaires qui permettent d'améliorer la compétitivité dans ces zones». Mais ce que le CESE oublie de mentionner dans son avis, c'est que la balance agroalimentaire entre le Maroc et l'UE a été toujours favorable à l'Europe.
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Questions à: Fathallah Sijilmassi. Directeur général de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI)

«Le sommet est un signal fort pour les opérateurs économiques»

Quel sont les enjeux du Sommet entrepreneurial entre le Maroc et l'UE ?

C'est la première fois que l'actuel Exécutif européen tient un sommet dans l'absolu. Je crois qu'il y a une symbolique très forte qui conforte les choix économiques et politiques du Maroc, notamment dans sa relation avec l'UE. A travers la rencontre entre les opérateurs économiques, le ‘'Statut avancé'', conclu en octobre 2008, se veut d'abord un acte de confiance, un acte de foi de l'UE dans les réalisations, les progrès et la dynamique enclenchée par le Maroc. C'est un signal fort donné aux opérateurs économiques et aux investisseurs. Après la période de crise vécue par les économies européennes, il apparaît que le Maroc est une solution, une alternative et une opportunité pour pouvoir renforcer la compétitivité commune, inscrite dans un contexte de concurrence internationale qui, elle, se fait de plus en forte particulièrement en provenance d'Asie du Sud-Est. Je pense que les résultats atteints par le Sommet entrepreneurial de Grenade sont extrêmement prometteurs et encourageants. Le Maroc s'est positionné comme l'allié stratégique et principal pour le partenariat avec la rive Sud de la Méditerranée. Certainement, l'AMDI va capitaliser sur cet acte de confiance pour poursuivre le renforcement de l'attractivité des investissements au Maroc.

Quelle serait justement l'implication de l'AMDI pour renforcer davantage le partenariat Maroc-UE ?

Nous avons une stratégie claire qui a été fixée par un conseil d'administration dans lequel sont représentés à la fois le secteur privé et celui public. Une stratégie basée sur une approche proactive pour aller rechercher les investisseurs et les amener à s'intéresser à l'entrepreneuriat au Maroc, surtout dans cette période post-crise pour pouvoir bénéficier de la dynamique en cours. L'objectif étant d'augmenter le volume d'affaires à l'intérieur du pays, mais également pour bénéficier du Maroc en tant que plateforme d'exportation orientée vers les marchés de l'Euroméditerranée, l'Afrique et aussi des Etats-Unis avec lesquels nous avons un Accord de libre-échange. Tout cela est basé sur une stratégie sectorielle définie par le gouvernement et qui nous donne aujourd'hui une véritable ‘'rampe de lancement'' pour octroyer à l'investisseur le cadre le plus compétitif. Nous nous appuyons sur cette dynamique que nous avons déjà inscrite dans le cadre du Plan d'action de l'AMDI au titre de l'année 2010. Ce sommet Maroc-UE nous donne une impulsion et une force politique supplémentaire sur laquelle nous souhaitons capitaliser.
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