Notre éminent épistémologue feu Abed el Jabri avait usé de la métaphore « salle d'attente » pour mettre en garde contre l'échec de l'éphémère expérience politique de l'alternance de 1998 si elle ne devait conduire à la normalité démocratique. Le même parallèle est à faire aujourd'hui sur le plan économique où le niveau de croissance tarde à atteindre le « break even » pour un véritable décollage de notre pays. Hormis une stabilité de croissance timide, un « gearing » de dette publique acceptable et un déficit budgétaire plus ou moins bien maîtrisé, le restant des indicateurs de développement n'est pas probant pour autant, tant s'en faut. Cela dénote d'une vision unidimensionnelle dans la gestion de la chose publique, comme si l'agenda de notre gouvernement ne comprenait que les équations budgétaires au mépris d'autres chantiers sinon plus, tout au moins aussi importants. Maigre menu s'il en est. L'opportunité de mon papier est le classement peu reluisant de notre pays dans le rapport annuel 2010 de Fraser Institute sur l'« Economic freedom of the world » dont je ne retiens que quelques data pour les besoins de l'illustration sans adhérer, toutefois, à toutes ses conclusions au relent ultra-libéral du « consensus de Washington ». Le rapport adopte cinq critères de choix avec une grille de notation de 1 à 10, le dix représentant la borne supérieure de l'échelle, soit le niveau le plus élevé de liberté économique. L'on relève ainsi que les dépenses de fonctionnement de l'Etat absorbent à elles seules 23% du PIB, avec la note « average » de 5,2/10. C'est dire la faiblesse du taux de rendement de l'Administration marocaine y compris Ministères, Secrétariats d'Etat, Hauts Commissariats et autres Offices, Conseils et Instances. Il est peut-être temps d'élaguer l'appareil de l'Etat pour le dégrossir de tous les organes dont on peut faire l'économie, en prenant garde de ne pas rééditer le gag « onéreux » du défunt DVD qui, non seulement n'a pas abouti à la réduction de la masse salariale des fonctionnaires, mais a de surcroît obéré les finances publiques de quelque 14 milliards de DH. Quel gaspillage de deniers publics et quelle insouciance de l'« accountability » !
Le deuxième critère porte sur la solidité du dirham face aux soubresauts financiers et surtout face à la menace de l'inflation (3,8%) et du spectre de la dévaluation. La note sur la solidité monétaire du dirham est de 6,7/10. Bien entendu notre système financier a prouvé sa résilience grâce à la vigilance de Bank Al-Maghrib et de l'expertise de son gouverneur. Néanmoins, le pouvoir d'achat de notre monnaie est de plus en plus mis à rude épreuve à cause des hausses non déclarées des prix des denrées alimentaires et des matériaux de construction. Nous sommes dans le schéma d'une inflation par les coûts qui risque d' «écorner » le fragile équilibre de la masse monétaire enflée par des avances à 7 jours revolving pour pas moins de quelque 20 milliards de DH. Et se refuser à procéder à une dévaluation du dirham ne le préserve pas pour autant de la dépréciation qui n'est autre chose qu'une dévaluation non formalisée par les textes.
D'autres critères non moins importants ne sont pas non plus probants telle la note attribuée à l'indépendance de la justice (4/10), celle ayant trait à l'environnement du « doing business » ou encore celle attribuée aux « extra payments » c'est-à-dire les pots de vin qui est de 4/10. En clair, c'est l'occurrence « corruptive » qui est notée et, si par malheur ce rating « below average» se détériorait, le risque de réputation de notre pays s'en ressentirait. Le critère du SMIG ou des « poor workers » n'a pas été en reste puisqu'il a été noté 1/10. Ainsi, l'on comprend aisément le panel, qui ne cesse de s'élargir, de tous ces Marocains – 20%- qui sont dans la précarité ou qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, n'en déplaise au Haut Commissariat au Plan.
Sans vouloir être exhaustives, ces mauvaises notes interpellent la classe dirigeante pour revoir ses choix de croissance qui n'ont abouti jusqu'ici qu'à «prodiguer » de la pauvreté. Il est urgent de changer de cap pour opérer une autre gouvernance avec pour « target » un développement durable qui améliore les conditions de vie du Marocain en termes d'alphabétisation- notre pays compte encore 47% d'analphabètes- d'accès aux soins de santé- seulement 20% de Marocains bénéficient d'une couverture sociale- et d'égalité de chance avec une redistribution équitable de la richesse produite- 10% de nouveaux riches Marocains s'accaparent 38% du PIB.
C'est cette iniquité de la croissance qui empêche notre pays de quitter la salle d'attente pour des horizons meilleurs.
Le deuxième critère porte sur la solidité du dirham face aux soubresauts financiers et surtout face à la menace de l'inflation (3,8%) et du spectre de la dévaluation. La note sur la solidité monétaire du dirham est de 6,7/10. Bien entendu notre système financier a prouvé sa résilience grâce à la vigilance de Bank Al-Maghrib et de l'expertise de son gouverneur. Néanmoins, le pouvoir d'achat de notre monnaie est de plus en plus mis à rude épreuve à cause des hausses non déclarées des prix des denrées alimentaires et des matériaux de construction. Nous sommes dans le schéma d'une inflation par les coûts qui risque d' «écorner » le fragile équilibre de la masse monétaire enflée par des avances à 7 jours revolving pour pas moins de quelque 20 milliards de DH. Et se refuser à procéder à une dévaluation du dirham ne le préserve pas pour autant de la dépréciation qui n'est autre chose qu'une dévaluation non formalisée par les textes.
D'autres critères non moins importants ne sont pas non plus probants telle la note attribuée à l'indépendance de la justice (4/10), celle ayant trait à l'environnement du « doing business » ou encore celle attribuée aux « extra payments » c'est-à-dire les pots de vin qui est de 4/10. En clair, c'est l'occurrence « corruptive » qui est notée et, si par malheur ce rating « below average» se détériorait, le risque de réputation de notre pays s'en ressentirait. Le critère du SMIG ou des « poor workers » n'a pas été en reste puisqu'il a été noté 1/10. Ainsi, l'on comprend aisément le panel, qui ne cesse de s'élargir, de tous ces Marocains – 20%- qui sont dans la précarité ou qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, n'en déplaise au Haut Commissariat au Plan.
Sans vouloir être exhaustives, ces mauvaises notes interpellent la classe dirigeante pour revoir ses choix de croissance qui n'ont abouti jusqu'ici qu'à «prodiguer » de la pauvreté. Il est urgent de changer de cap pour opérer une autre gouvernance avec pour « target » un développement durable qui améliore les conditions de vie du Marocain en termes d'alphabétisation- notre pays compte encore 47% d'analphabètes- d'accès aux soins de santé- seulement 20% de Marocains bénéficient d'une couverture sociale- et d'égalité de chance avec une redistribution équitable de la richesse produite- 10% de nouveaux riches Marocains s'accaparent 38% du PIB.
C'est cette iniquité de la croissance qui empêche notre pays de quitter la salle d'attente pour des horizons meilleurs.