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Les Marocains pessimistes sur l'évolution des prix et l'épargne

Le HCP livre les résultats d'une enquête qu'il a menée sur trois ans auprès d'un échantillon de 3.000 ménages dont le tiers est renouvelé chaque trimestre.

Les Marocains pessimistes sur l'évolution des prix et l'épargne
C'est la première fois que le Maroc dispose d'un Indice de confiance des ménages (ICM). Baromètre qui mesure, en quelque sorte, le moral de la population, il donne plus de visibilité aux institutions financières et autres secteurs publics et privés. Précieux pour une meilleure prise de décision comme recommandé par le groupe de travail sur les systèmes d'alerte précoce mis en place par les Nations unies et l'Office statistique de la communauté européenne (Eurostat). Le Haut commissariat au plan (HCP) se met, donc, à ce diapason auquel plusieurs pays développés et émergents se sont alignés. Il a livré sa copie, jeudi 29 avril, après trois ans d'enquêtes auprès d'un échantillon de 3.000 ménages dont le tiers est renouvelé chaque trimestre. Ce travail de longue haleine n'a pas la prétention de mesurer quantitativement la perception de la population. Il est plutôt qualitatif visant une lecture de l'évolution du regard que portent les ménages sur des sujets économiques qui les touchent directement comme les services sociaux et les prestations administratives. Pour le cas du Maroc, ils sont au nombre de sept, à savoir la perception passée du niveau de vie et la perspective de son évolution, le nombre des chômeurs, l'opportunité d'achat des biens durables et la situation financière actuelle, passée et future des ménages. A titre d'illustration, entre le quatrième trimestre 2007 et le premier trimestre 2010, les appréciations des ménages sont souvent pessimistes lorsqu'il s'agit de l'évolution des prix, l'opportunité d'épargne et d'achats en général, la capacité à épargner ou le nombre des chômeurs. Ce sentiment se modère quand il s'agit du niveau de vie, de la situation financière des ménages et des services de santé et d'éducation. Et enfin, l'optimisme prend le relais pour tout ce qui a trait aux perspectives d'évolution de la situation financière des ménages, des droits de l'Homme, des prestations administratives ou l'évolution de l'environnement.

L'enquête ne s'en tient pas au caractère évolutif sur la durée, elle compare même le changement d'appréciation entre le passé, le présent et le futur. Concernant le niveau de vie par exemple, les Marocains sont plus confiants dans l'avenir par rapport à ce qui prévalait dans le passé. Par contre, bien que cela puisse paraître contradictoire, les ménages sont systématiquement pessimistes dans leurs perceptions de l'évolution des prix des produits alimentaires, qui constituent plus de 40% de leurs budgets.

En termes de tendance globale, l'opinion négative a été observée jusqu'à fin 2008 avant d'entamer une amélioration depuis le début 2009. Pour les perspectives d'évolution, un retournement a été enregistré au troisième trimestre 2009 qui a coïncidé avec le début du mois de Ramadan. Un élément, somme toute, conjoncturel mais qui n'en est pas moins structurel, donc à ne pas perdre de vue.
Faut-il, dans ce contexte économique, acheter des biens durables comme le logement et la voiture ? La majorité des ménages ont répondu ''non''. Mais depuis le deuxième trimestre 2009, indique le document du HCP, la courbe prend un trend plutôt haussier. Cette évolution rejoint un autre constat de l'enquête: les ménages sont optimistes quant à l'évolution future de leur situation financière. Le solde statistique lié à cette question est toujours positif, indique-t-on. Les Marocains sont-ils devins comme d'aucuns s'amusent à dire ? En tout cas, ils sont moins enthousiastes pour l'évolution passée et encore moins quand il s'agit d'apprécier la situation présente.

Indicateur fort éloquent, les personnes sondées sont très pessimistes à propos de leur capacité d'épargner, avec un solde de -60 sur toute la période de l'enquête. C'est compréhensible si l'on fait la corrélation avec la cherté de la vie et les prix de plus en plus inaccessibles du logement, surtout pour la classe moyenne, qui font que mettre de l'argent de côté devient quasi impossible. Justement, interrogés sur leurs intentions en cas d'amélioration de leurs revenus, les ménages citadins citent en premier lieu, et de manière systématique, l'acquisition d'un logement suivie de l'amélioration du quotidien. Par contre, la première priorité des ménages ruraux est l'amélioration du quotidien suivie par l'investissement, généralement dans des exploitations agricoles.

Quid de la qualité des services publics, des droits de l'Homme et de l'environnement ? Cela dépend de la nature du service en question, car la lourdeur administrative et autres fléaux touchent l'administration à degrés variables. Justement, l'enquête surprend lorsqu'elle avance que pour les prestations administratives, les ménages ont une appréciation positive aussi bien de l'évolution passée que prévue (solde toujours positif). Quant aux services de santé et d'éducation, l'opinion sur l'avenir est positive mais enregistre une tendance baissière depuis le début de l'enquête. Celle de l'évolution passée est plutôt mitigée. Pour ce qui est, enfin, de la situation des droits de l'Homme, l'appréciation aussi bien de l'évolution passée que future est positive.
De manière générale, l'analyse des résultats globaux de l'enquête, selon le milieu de résidence, montre que, malgré quelques différences dans le niveau, les opinions concordent... Et ce à l'exception de la question relative aux intentions en matière de projets à réaliser en cas d'amélioration du revenu qui diffère d'un milieu de résidence à l'autre.
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Un indice trimestriel

L'enquête sur l'ICM a démarré au cours du 4e trimestre 2007. Après une période de plus de deux ans de tests de cohérence, de vraisemblance et de validation, les résultats de l'enquête sont publiés de manière rétrospective.

A partir du 2e trimestre 2010, les résultats seront disponibles trimestriellement sous forme d'une note d'information présentant, en particulier, l'évolution de l'indice de confiance des ménages et des différents indicateurs qui le composent. Les résultats détaillés seront mis à la disposition des utilisateurs sous forme de rapports détaillés. Ceux d'un trimestre seront publiés un mois et 5 jours après la fin du trimestre en question. Les dates de publication correspondent ainsi au 5 mai, 5 août, 5 novembre et au 5 février. Ce délai sera réduit ultérieurement avec l'introduction de la technique de collecte par ordinateur (PDA). Les enquêtes de conjoncture auprès des ménages sont pratiquées dans plusieurs pays développés et émergents. Dans certains pays, plusieurs enquêtes de ce type sont réalisées régulièrement par différents organismes. Parmi les plus connues, on citera notamment celle réalisée par l'Université du Michigan, celle de la Conférence Board aux Etats-Unis et celles harmonisées et réalisées dans les pays de l'Union européenne.
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