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Peut-on relever le défi d'une croissance sécurisée ?

En ces temps de sortie de crise, serait-ce possible d'assurer une croissance durable et soutenue ? Les participants au Forum de Paris « Casablanca Round » se montrent optimistes.

Peut-on relever le défi d'une croissance sécurisée ?
«Le monde a beaucoup changé. Nous vivons dans un monde excité et une ère stimulante ». Le constat est unanime chez les intervenants de la deuxième édition casablancaise du Forum de Paris, organisé, mercredi 2 février, autour d'une question qui taraude l'esprit des décideurs politiques à l'échelle planétaire. Comment sécuriser une croissance durable dans un monde en pleine transformation ? Dans un monde où l'on parle désormais de G20 alors qu'il n'y a pas longtemps, on parlait seulement d'un G8! Le contexte dans lequel l'évènement se produit, marqué par la révolution des peuples tunisien et égyptien, s'est imposé de lui-même dans la mesure où le nouveau débat sur la croissance implique le rôle du capital humain, notamment les jeunes. A propos des jeunes justement, le ministre de la Jeunesse, Moncef Belkhayat, a saisi l'occasion de sa présence au Forum pour révéler non pas sa joie pour la CAN 2015, mais plutôt les résultats parlants d'une récente étude menée par son département. Il en ressort que l'accès à l'emploi est la priorité absolue chez 84% des jeunes au Maroc. Et seule une croissance soutenue et durable peut répondre à cette attente massive. L'enjeu est d'ailleurs mondial. Rien que dans le bassin méditerranéen, « 60 millions de jeunes entreront sur le marché de l'emploi à l'horizon 2030 », rappelle Anas Alami, directeur général de la CDG. Si on rate le coche, on risque de perdre une génération entière. En Europe, le chômage atteint ses niveaux record dans plusieurs pays, particulièrement ceux touchés par la crise de la dette souveraine.

« Nous avons abordé la crise avec la sérénité nécessaire. Le Maroc s'en sort bien grâce à des réformes certes douloureuses, mais nécessaires », souligne de son côté Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances. Le directeur des études à Bank Al-Maghrib partage le même avis. « Le Maroc a bien géré la crise, preuve en est le relèvement de la notation souveraine. Les bonnes politiques macro-économiques portent leurs fruits », constate Karim El Aynaoui tout en posant le débat sur le modèle économique possible pour franchir la trappe des pays à revenu intermédiaire. En s'inspirant de l'expérience des maquiladoras au Mexique, ou encore celle de la Chine et du Japon, K. El Aynaoui pense que le Maroc a un rôle à jouer en tant qu'intégrateur des économies sub-sahariennes.

Pour sa part, le ministre du Commerce extérieur, Abdellatif Maazouz, met en garde contre les fragilités du commerce international où seuls dix pays concentrent 52% des flux planétaires. Aussi, ajoute-t-il, la surchauffe spéculative sur les matières premières (blé, coton, etc.) risque de déclencher une nouvelle crise alimentaire, similaire à celle de 2008. Laquelle a été camouflée par la crise financière. « L'instabilité spéculative nous accompagne au quotidien. Les spéculateurs ont le mérite d'alerter sur les défis de l'autosuffisance alimentaire. Serait-il tenable de laisser tomber l'agriculture? », s'interroge Philippe Chamlin, professeur universitaire et fin observateur des marchés de commodities. Et d'ajouter : « l'économie du marché pose un aléa moral fondamental. On assiste à une inversion profonde du système des valeurs. Il faut trouver le bon équilibre entre le marché, l'Etat et l'homme ». L'étude sur « les forces et fragilités des sociétés de lien » menée par l'Institut Royal des études stratégiques (IRES) abonde dans le même sens. L'idée qui sous-tend ce travail de recherche (par ailleurs très apprécié par les participants au Casablanca round) consiste à prouver l'existence d'une corrélation étroite entre la croissance et la cohésion sociale. Il en résulte, par exemple, que la confiance en la justice contribue à l'amélioration de la croissance économique. « Il faut institutionnaliser les rapports entre les Etats et les citoyens. Un contrat social rénové et un vivre ensemble apaisé sont les clés pour sécuriser la croissance », conclut le directeur général de l'IRES, Taoufik Mouline.
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