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La Fédération de la plasturgie démonte l’enquête du Commerce extérieur

Après l’application des mesures provisoires suite à la requête de la Snep, la profession s’inquiète d’une éventuelle application définitive du droit antidumping sur le PVC importé des USA. Pour les plasturgistes, ces mesures représenteraient un manque à gagner évalué à 1,6 milliard de dirhams et menaceraient 6.000 emplois directs.

La Fédération de la plasturgie démonte l’enquête du Commerce extérieur
Selon la FMP, 24% des transformateurs fabriquent les sacs et sachets plastiques, dont 14% destinés à l’agroalimentaire.

Les plasturgistes retiennent leur souffle. Ils attendent le verdict du ministère de l’Industrie sur l’application définitive de mesures antidumping sur les importations de PVC en provenance des Etats-Unis. Un droit antidumping provisoire est déjà en vigueur depuis avril dernier. Au sein de la Fédération marocaine de plasturgie (FMP), l’on estime que ces mesures seraient désastreuses pour tout le secteur. Pour Nabil Souaf, directeur exécutif de la FMP, l’application de ces droits de douane mettrait du plomb dans l’aile du contrat-programme signé en février dernier en marge des Assistes de l’industrie, et qui «donnait une forte note d’espoir au secteur». Ce qui inquiète concrètement la profession, c’est que si l’on venait à appliquer ces mesures, les perspectives et objectifs de croissance du secteur seraient menacés.

Rappelons que dans le contrat-programme, le gouvernement et la profession s’engagent à sécuriser le secteur dans sa globalité, en augmentant la production nationale qui couvre actuellement à peine 55% des besoins. Cette augmentation de volume devrait être complétée par des importations de PVC de l’étranger, notamment des Etats-Unis où les prix sont d’ailleurs jugés intéressants par les plasturgistes. Ce qui devrait, à en croire les professionnels, sécuriser et renforcer les emplois dans le secteur et faire passer le chiffre d’affaire de 11 milliards de dirhams en 2013 à 28 milliards en 2023, soit une progression de 160% (16% par an). «Ce taux porté par la filière PVC permettrait d’atteindre une consommation d’environ 280.000 tonnes par an à cet horizon», souligne Souaf. Si les plasturgistes montent aujourd’hui au créneau, c’est pour dénoncer le projet d’application définitive du droit antidumping sur le PVC importé du pays de l’Oncle Sam.

Dans un long argumentaire établi au lendemain du dernier Salon Plastexpo, ils remettent en cause les résultats de l’étude antidumping réalisée par la commission consultative des importations à la demande de la Snep, filiale d’Ynna Holding. «Nous avons des arguments qui contredisent les conclusions de cette étude», affirme une source au sein de la Fédération. Celle-ci remet en cause notamment le bien-fondé des calculs du ratio antidumping estimant que «le prix du transport aux Etats-Unis qui ressort dans le document est erroné». Son argument : «nous avons des preuves que le transport est de 102 dollars US/t au lieu de 20 USD/t». La Fédération attire l’attention du département de l’Industrie et du commerce sur «la nécessité de la consulter et lui prêter une oreille attentive en tant qu’instance représentative du secteur, avant toute décision concernant l’application des mesures antidumping».

«Nous précisons que l’application de ces mesures sur le PVC importé des Etats-Unis entrainerait de facto une compromission totale du contrat-programme», préviennent les plasturgistes. Selon le DG exécutif de la Fédération, une application définitive de ces mesures entrainerait à coup sûr la réduction du potentiel de développement de certaines branches de la plasturgie qui sont en plus concernées par le contrat-programme. Il s’agit notamment de la construction, l’électricité, l’emballage, les articles chaussants, la câblerie et l’automobile. «Cela encouragerait la délocalisation et les importations massives de produits finis à cause d’une exposition très concurrentielle des producteurs locaux, ce qui présente des menaces pour la compétitivité et l’emploi», détaille Souaf.

Ce dernier évoque par ailleurs l’avortement de l’émergence d’autres branches telles que les produits destinés à l’industrie pharmaceutique et médicale. «En somme, les mesures affecteront le secteur de transformation du PVC au Maroc qui concerne 70 entreprises, lesquelles assurent une production de 110.000 T/an. C’est le risque d’un manque à gagner évalué à 1,6 milliard de dirhams avec 5.000 à 6.000 emplois directs et quelque 34.000 emplois indirects qui sont menacés. Sans parler de l’arrêt de futurs investissements et partant l’absence de création d’emplois supplémentaires», poursuit la FMP.

Pour rappel, l’audition publique pour recueillir l’argumentaire de la FMP et de la Société nationale d’électrolyse et de pétrochimie (Snep) qui a demandé l’application définitive de ces mesures s’est déroulée le 16 mai dernier au siège du ministère de l’Industrie à Rabat. Le débat a été chaud, chacun des protagonistes ayant tenté de démonter l’argumentaire de l’autre. La Snep ne semble plus, en tout cas, vouloir s’aligner sur les prix d’importation. Dans un communiqué publié en février dernier avant l’entrée en vigueur du droit anti-dumping, la filiale de Ynna Holding avait indiqué que l’application de ces mesures provisoires devra réguler davantage le marché du PVC marocain et corriger ainsi les préjudices causés à la SNEP par les importations de PVC à des prix dumping en provenance des Etats-Unis. Une application définitive du droit antidumping embraserait le torchon qui brûle déjà entre la FMP et la Snep.

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