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«L’échec professionnel est un résultat négatif ou non désiré d’une expérience tentée ou d’une action en entreprise»

Dans un parcours professionnel, il arrive que l’on soit confronté à une ou plusieurs situations d’échec : un contrat commercial perdu, un projet bloqué ou non réussi, un licenciement inattendu… Des situations d’échec qui peuvent entraîner une perte de confiance en soi et en ses compétences, et même des doutes sur sa carrière. Autant de sentiments qui peuvent constituer un point de blocage pour certains, mais aussi un moteur de réussite pour d’autres qui savent comment réagir pour transformer un accident de parcours en tremplin pour mieux rebondir. Et si la réussite et l’échec n’étaient finalement que des résultats ? L’erreur est humaine, nous connaissons bien le dicton. Le point avec Fatim-Zahra Mziouad Bennis Layadi, Coach professionnelle certifiée et consultante RH.

«L’échec professionnel est un résultat négatif ou non désiré d’une expérience tentée ou d’une action en entreprise»
Fatim-Zahra Mziouad Bennis Layadi Coach professionnelle, consultante RH

Le Matin Emploi : Qu’est-ce qu’un échec professionnel ?
Fatim-Zahra Mziouad Bennis Layadi : L’échec professionnel est un résultat négatif ou non désiré d’une expérience tentée ou d’une action en entreprise. Il s’agit d’un insuccès ou un revers par rapport à nos attentes professionnelles. Souvent vécu douloureusement, l’échec fait partie pourtant de la réussite, c’est un apprentissage par l’expérience subjective pour mieux atteindre ses objectifs professionnels. Pour ma part sans échec, il n’y a pas de réussite !!!
Soichiro Honda a cité : «Beaucoup rêvent de succès. À mon sens, le succès ne peut être atteint qu’après une succession d’échecs et d’introspections. En fait, le succès représente 1% de votre travail qui comporte lui, 99% de ce qu’on peut appeler échec».

Selon vous, quelles sont les principales causes d’un échec professionnel ?
Selon mon expérience en tant que consultante en performance d’entreprises, je cite quelques causes liées à notre savoir-faire, mais surtout à notre savoir-être :
Tout d’abord, l’Inadéquation entre le profil de la personne et le poste qu’elle occupe : la personne sent donc l’écart entre ses propres compétences et celles demandées pour l’exécution de son activité. Ensuite, le fait d’accepter de faire un travail que nous n’aimons pas et qui ne correspond pas à notre profil en pensant que nous n’avons pas le choix. Il y a aussi la fixation des objectifs sans le respect des six critères qui se groupent sous l’acronyme SMARTE. Parmi les causes aussi, le fait d’accepter un nouveau poste en promotion sans être accompagné par des actions de coaching et/ou de formation, subir les pressions de l’environnement professionnel sans y être préparé ou accompagné. Le manque d’informations en entreprise, le manque d’estime de soi et le manque de stimulation, autrement dit le fait d’être adepte du moindre effort, se décourager rapidement et ne plus avoir l’ambition de la réussite sont également des causes fréquentes d’un échec professionnel. Le monologue intérieur négatif, je suis nul, je n’y arriverai pas, c’est trop difficile et aussi l’hésitation «attendre le bon moment sans avoir le déclic pour agir», constituent un blocage interne qui engendre un échec professionnel. Mais la peur de l’échec, ce sentiment dont la majorité souffre, demeure la cause de l’échec par excellence : c’est parce qu’on a peur d’échouer, d’être critiqué et même rejeté, c’est aussi cette peur d’entreprendre des actions ou de prendre des décisions qui nous bloque et nous remet à chaque fois dans cette spirale négative et continue d’échec.

Quelles sont les répercussions d’un échec sur le plan professionnel et personnel ?
Cela dépend des personnes et de leur façon de considérer l’échec. Certains l’acceptent et rebondissent dessus pour avancer et s’améliorer sur le plan personnel et professionnel. D’autres choisissent plutôt de croire que c’est la fin du monde et qu’ils sont nuls et manquent de compétences et d’atouts, sombrent dans une spirale négative qui ne peut que nourrir ce sentiment d’impuissance avec un réel manque d’estime de soi même qui se répercutera sans doute sur tous les domaines de la vie : personnel, professionnel, social et familial également.

Peut-on rebondir facilement après un échec ? Quels sont les techniques et les outils que vous préconisez ?
Rebondir oui, mais facilement, pas forcément !!! Ceci dépend de la personnalité de l’individu, de ses valeurs, de son énergie, de sa confiance en ses compétences, mais surtout de son estime de soi-même.
Comme cité auparavant l’échec est tout simplement un résultat non désiré d’une action. Néanmoins c’est une manière de connaître ses erreurs et ses points de blocage, mais surtout de reconnaître les causes de l’échec, les identifier, savoir comment les réparer et les améliorer pour un meilleur résultat qui pourrait correspondre à l’objectif demandé au départ ou même mieux.
En tant que coach, voici quelques techniques qui pourraient bien éventuellement aider à rebondir après un échec :
- La prise de recul et la remise en question nous rendent conscients de nos propres limites et nous permettent de les travailler et d’abolir celles qui nous bloquent.
- Accepter la critique constructive, accepter l’échec, mais être prêt à changer et à avancer au lieu de subir sans agir.
- Reconnaitre ses besoins pour les nourrir et identifier ses propres ressources (talents, performance, motivation, émotions positives) pour s’y appuyer.
- Lâcher prise et lâcher le contrôle afin de se permettre d’apprendre de ses erreurs sans avoir de pensées négatives.
- Concilier travail, plaisir et passion dans la mesure du possible, sinon le fixer comme objectif à court terme,
- Connaitre et vivre ses propres valeurs au quotidien pour vivre en congruence.
- S’accepter tel qu’on est et accepter la différence avec les autres sans comparaison.
- Se préparer à accepter le non.
- S’adapter au changement et non le résister.
Plusieurs outils peuvent être également utiles à savoir :
- La visualisation qui est une des techniques de la PNL (un des outils de coaching les plus puissants). En effet, visualiser son objectif, s’appuyer sur une expérience réelle vécue au passé et la revivre ou vivre un état de succès et de réussite en se projetant dans le futur fait vivre son état interne dans la réalité, éveille tous ses sens et enregistre intensivement toutes les émotions positives liées à cet état et par la suite s’appuyer sur l’outil qui suit pour l’activer d’une manière plus puissante.
- L’ancrage qui est une technique qui servira à ancrer ce ressenti de fierté et d’estime de soi ou autres au fond de soi même et le lier à un geste (par exemple : bouger son pouce) pour activer cet état et rappeler à la personne qu’elle est capable de réussir parce que c’est une expérience déjà vécue et ancrée dans son inconscient.

Comment reprendre confiance en soi après un échec professionnel ?
Comme on dit un problème n’est pas aussi important que l’impact qu’il a sur vous ! Reprendre confiance est étroitement lié au succès quel que soit son ampleur, parce que la réussite suscite différentes émotions comme le bonheur, la satisfaction, le soulagement d’y arriver, mais surtout la confiance en ses propres capacités en disant que si j’ai réussi une fois, je pourrais réussir autant de fois que je souhaite et là c’est la reconnaissance de ses propres ressources internes qui fait que ces ressources nous appartiennent au fond de nous et qu’elles soient accessibles à n’importe quel moment.
Dans certains cas il est plus sage d’être flexible, et de s’adapter à de nouvelles compétences requises pour une nouvelle situation ou métier. Au lieu de s’obstiner à rechercher exactement celui qu’on a perdu. Cela permettra de regagner confiance rapidement : la flexibilité est la clé de la réussite.

Peut-on parler librement d’un échec professionnel à un recruteur ?
Je pense que oui dans la mesure où on est capable d’en parler librement, qu’on l’accepte et qu’on voit que cet échec n’est qu’un pas positif vers le meilleur de soi. On pourra également partager avec son recruteur ce qu’on a appris de cette expérience et ce qu’elle nous a apporté. Pour moi c’est un point positif qui démarquera ce candidat et révèle une partie de sa personnalité appréciée dans le milieu professionnel.

Quels sont vos conseils pour les jeunes diplômés en début de carrière ayant vécu un échec professionnel ?
Je leur conseille d’accepter cet échec et d’identifier ses causes et surtout de mettre en place des actions pour atteindre l’objectif désiré. Je leur conseille également de bien s’outiller au niveau des connaissances techniques, apprendre, s’informer, chercher, se remettre en question, écouter leurs seniors et capitaliser sur leur expérience. Mais surtout croire en eux-mêmes, en leurs capacités et compétences tout en acceptant leurs incompétences inconscientes au départ et qui deviendront une compétence inconsciente avec leur effort et leur travail récompensé. 

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