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Une équipe qui ne joue pas les titres

Elle existe depuis 1928. Elle, c'est l'ASS  (Association sportive de Salé). Tout au long de son existence, elle a connu des hauts et des bas.

Une équipe qui ne joue pas les titres
Reléguée plusieurs fois, elle a joué en deuxième division plus qu'en élite. Faute de moyens financiers, cette l'équipe ne fait qu'animer le championnat de première division. Cette saison, elle fait sensation !

On peut dire que l'histoire n'a pas été clémente avec l'équipe de l'AS Salé. «Cela a commencé dès 1958», se souvient Abdelatif Drissi, ancien joueur du club. «Lors de la saison 58-59, il fallait jouer un barrage pour la montée en première division, il y avait deux poules : Nord et Sud. L'équipe de l'As Salé se trouvait en compagnie de Larache dans le groupe du Nord ; et au Sud, il y avait l'actuelle équipe des FAR et la formation de Safi. En match aller contre les Militaires de Housni Benslimane, la formation slaouie a perdu par un petit but. Au retour, l'équipe a fait match nul (1-1). Le but des Slaouis a été un chef d'œuvre. Un coup de ciseaux d'Ahmed Doukkali, dit Zegar. Il l'a marqué dans les filets de l'actuel président de la FRMF, Hosni Benslimane. Inoubliable», ajoute Drissi. Les FAR sont montés en première division, et y sont restés jusqu'à nos jours ; les Slaouis, eux, ont été relégués et ont peiné à retrouver l'élite. L'équipe de l'ASS comptait déjà à l'époque de grands noms du football marocain, des joueurs comme le gardien Lamrini, Ali Soussi, Tayeb Benjilali, Abbas Seykouk, Zegar et d'autres.

En 1970, le club slaoui a retrouvé l'élite après des années dans l'ombre. Mais l'équipe a vite chuté, encore une nouvelle fois. Après cette triste période, viendra la belle époque de l'ASS, avec les grands noms comme Badou Zaki, Mohamed Moh, Abdeltif Laalou, Mahrouss, Chandra, Bouazzaoui et autres. La formation slaouie a été très respectée pendant cette petite période. L'ASS n'était pas la seule équipe qui représentait la ville dans le championnat d'élite du Royaume. Il y avait aussi le Crédit Agricole, connu sous le nom de Sporting Salé. En 2002, après des problèmes financiers, le Sporting a fusionné avec l'ASS pour ne devenir qu'une seule équipe, celle qu'on connaît aujourd'hui. Dès lors, l'aventure de l'Association a une nouvelle fois été relancée. En 2004, l'équipe a failli remporter le championnat. Elle est arrivée 3e au classement général, à cinq longueurs du Raja.

«Si on avait promis des primes intéressantes aux joueurs, on aurait remporté le championnat», se souvient avec amertume Abderrahmane Choukri, président de l'ASS. Après cette petite performance, l'équipe est revenue à ses habitudes : jouer le maintien jusqu'à 2007 où elle descend en deuxième division. Elle est revenue cette saison forte en créant beaucoup de surprises. Certains sont allés plus loin et ont qualifié la formation de révélation. Mais l'entraîneur de l'équipe, Youssef Lamrini, a démenti tout ceci, et a considéré que pour lui «c'est le travail et le sérieux qui priment». Aujourd'hui, l'ASS ne compte pas de grands noms, mais son groupe est solidaire, tandis que ses anciens joueurs historiques sont toujours adulés par les jeunes adhérents qui veulent ressembler à ces héros et honorer le maillot de ce club. Pour que ces jeunes réalisent leur rêve, l'équipe slaouie a sa propre école de football. Au total, ils sont 460 jeunes de 12 à 14 ans qui fréquentent l'école de l'ASS. Youssef Lamrini, entraîneur de l'équipe première, révèle qu'il s'occupe avec un autre entraîneur Amara, d'un groupe de 24 jeunes destinés à une formation spéciale d'attaquants et de demis offensifs. Une première au Maroc. Lamrini ajoute qu'un projet d'un centre de formation de l'ASS est envisageable pour que ces jeunes soient mieux encadrés, et les résultats plus satisfaisants.

Mais pour l'instant, rien n'est décidé officiellement puisque l'équipe n'a pas assez de ressources financières. Pour essayer de combler ce vide, l'ASS s'est ouverte sur tout son entourage. L'équipe puise dans les clubs des quartiers de la ville. Et ça marche. Ceci dit, des joueurs qui appartiennent à Chabab Tabriquet, à l'Ittihad Salawi, ou d'autres, se réjouissent de porter le maillot de la première équipe de Salé. Un plaisir que partage avec eux l'ASS puisqu'ils coûtent moins cher que des joueurs confirmés, recrutés dans des clubs professionnels. L'ASS ne s'intéresse pas qu'aux jeunes, mais aussi aux femmes. En juin prochain, l'équipe compte englober en son sein l'association de Fatayate Al Amal salawi pour représenter la ville dans le championnat national féminin en tant qu'une seule équipe, l'ASS. «Le but de créer cette section féminine est d'élargir la base des pratiquantes du football au niveau de la ville de Salé, et aussi de pouvoir créer en même temps une école de football pour filles», précise la présidente de cette section, Bahia El Yahmidi. Un partenariat avec les lycées et collèges de la ville est sur la bonne voie pour pouvoir y dénicher des talents et rendre à cette partie importante de la société ce qui lui appartient. Pourvu que cela se fasse dans les meilleures conditions.
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Un tournoi pour les jeunes

En janvier 2009, les jeunes de l'ASS de moins de 13 ans ont participé à un tournoi en France, organisé par l'équipe de Saint Brice, au nord de Paris. Le tournoi a connu la participation de grands clubs français, notamment rennes et Valenciennes. L'école de foot de L'ASS des moins de 13 ans compte, de son côté, organiser le 1er tournoi international sous le nom de Badou Zaki, les 18 et 19 avril prochain avec la participation des équipes de Saint Brice, Stade Marocain, Raja, Chabab Tabriquet et d'autres clubs marocains et étrangers. La liste n'est pas encore définitive. Le tournoi sera l'occasion pour ces clubs de présenter, dans des stands, des photos et dépliants pour mieux faire connaître leur club. Le montant de la participation à ce tournoi a été fixé à 1000 DH pour chaque club.

Structuration du club

Cela fait deux années que l'équipe de Salé a commencé sa restructuration. Selon le vice-président de la commission des jeunes, Saïd Cherkaoui, la gouvernance de l'ASS a beaucoup changé, et même évolué, tant au niveau mental que comportemental. Il n'y a plus cette mentalité d'autrefois. Preuve en est cette évolution et ce bon rendement de l'équipe cette saison, selon toujours le même responsable. Une bonne entente règne entre toutes les composantes de l'équipe slaouie. Chose qui s'est reflétée sur ses résultats. La formation de Salé est actuellement 6e au classement général. L'affaire du transfert Aliou Kanté au club émirati de Béni Yass, qui a fait couler beaucoup d'encre, n'a pas affecté l'ASS. Les Emiratis n'ont pas été satisfaits du rendement du joueur et veulent reprendre leur argent. Le président du club de l'ASS a précisé que Kanté est toujours le bienvenu à Salé mais aucun dirham ne sera rendu à Béni Yass.
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«L'ASS ne fait qu'animer le championnat»

Entretien avec .Abderrahmane Choukri, président de l'ASS.

LE MATIN-SPORTS : On remarque que durant les dernières années, l'ASS ne fait qu'animer le championnat. Pourquoi l'équipe ne joue pas le titre?

Abderrahmane Choukri :
C'est une chose vraie. Je peux vous dire que la principale raison de ce fait, est que l'équipe n'a pas assez de ressources financières. On n'a pas beaucoup de sponsors, et on ne reçoit pas assez d'argent de nos sponsors actuels, la municipalité nous aide un peu, mais ce n'est pas suffisant. Pour rivaliser avec des clubs qui ont des budgets énormes et prétendre au titre, il faut avoir aussi de semblables conditions. Autrement, tu ne peux qu'animer le championnat.

En 2003, vous vous êtes classé 3e à cinq points d'une équipe de grande envergure, le Raja. Qu'est-ce qui a manqué à l'ASS?

Effectivement, on est arrivé 3e au classement général. C'était un temps regrettable puisqu'on ne pouvait pas faire mieux. On avait un problème d'argent comme toujours, de motivation, et d'inexpérience. On avait devant nous des clubs avec de grands noms à l'époque. La preuve, c'est le Raja qui a remporté le titre. Pendant les matchs, il fallait booster le moral des joueurs en leur promettant plus de primes mais je n'ai pas assez osé à faire ceci, donc on a raté le coche. C'est dommage. Je m'en veux un peu.

Je vois que le stade Aboubakr Ammar n'a pas assez de gradins. Est-ce que vous pensez à le rénover ?

Premièrement, ce n'est pas notre terrain. Avant qu'on s'installe ici, on louait le stade d'Al Massira qui a été démoli pour pouvoir libérer le chantier au projet Bouregreg. L'ASS n'a pas de terrain propre à elle. Le stade actuel Aboubakr Ammar appartient à la municipalité. Et comme vous dites, il va falloir penser à rénover le stade. Sans gradins, la plupart des supporters ne peuvent pas venir assister leur équipe. Cela se reflète également sur la caisse du club. Les recettes des entrées constituent un apport indéniable aux équipes du championnat national. Comme vous voyez, il manque beaucoup d'infrastructures. Pour le terrain, bien sûr qu'on a pensé à faire des rénovations. On a déposé un projet de construction d'une toiture et de nouveaux gradins. Le coût de l'opération s'élève à 1 milliard et 100 millions de centimes. Le projet est chez la perceptrice. On attend juste l'accord de l'architecte.

Pourquoi l'ASS ne compte pas de grands noms du football national ?

Notre budget ne nous permet pas de recruter de grands noms. En plus, la ville de Salé ne manque pas de joueurs talentueux. Et comme on dit il y'a dans le fleuve ce que tu ne trouves pas dans la mer. C'est la deuxième ville qui compte le plus d'habitants au Royaume. Ces dernières années, on s'est ouvert sur toute la ville et ses régions. On va chercher nos joueurs dans les clubs des quartiers comme les équipes de Chabab Tabriquet, Annajah Salaoui, ou encore Miami, et puis il ne faut pas oublier qu'on a notre propre pépinière. A l'école de football de l'ASS, les jeunes talents font des merveilles. Ce sont l'avenir de la ville de Salé.

Qu'en est-il de vos débuts ?

J'étais un ancien joueur de l'ASS, c'était en 1964. L'ASS avait des grands joueurs dans le temps. Après, je suis devenu le trésorier de l'équipe. En 1980, j'ai été nommé président du club, et l'aventure continue jusqu'à aujourd'hui. On pourrait dire que l'ASS coule dans mon sang.
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