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Ça se déchire

Le duel entre le bureau fédéral et les clubs contestataires qui se sont constitués en mouvement de redressement porte le coup de grâce à une discipline déjà en déclin. Ce déchirement, dont personne ne sait quand il prendra fin, risque de retarder encore un peu plus le championnat. Le bureau fédéral annonce que le coup d’envoi de la saison 2012-2013 sera donné la semaine prochaine. Les clubs contestataires annoncent le boycott. C’est dramatique.

Ça se déchire

La plus grande confusion règne au sein de la fédération de basketball aux dépens de l’intérêt du sport et de la discipline. Des luttes intestines qui donnent une bien mauvaise image de cette Fédération. Le championnat n’a pas encore démarré et personne ne sait quand la compétition va reprendre. L’assemblée générale extraordinaire, qui devait avoir lieu dimanche 25 novembre à Rabat pour adopter les nouveaux statuts de la FRMBB, a été reportée au 9 décembre. Aucune date, en revanche, n’a été encore fixée pour l’assemblée générale élective. Dans le meilleur des cas, elle se tiendra dans 25 jours, c’est-à-dire à la fin du mois de décembre. Le début du championnat, si celui-ci a lieu, ne pourra commencer qu’en janvier 2013. Tout cela à cause de la lutte féroce qui oppose le bureau fédéral et certains clubs depuis plusieurs mois.


Il faut remonter au mois de mars pour retrouver les signes avant-coureurs de ce bras de fer. À la suite du retrait de l’ancien président, Mohamed Dinia, plusieurs clubs ont déposé une motion de défiance à l’encontre du bureau fédéral qui gérait les affaires de la Fédération et prévoyait la tenue d’une assemblée générale extraordinaire et l’élection d’un nouveau président. Cette motion a été jugée irrecevable par la commission fédérale juridique et de discipline (CFJD) de la Fédération.
Depuis cette date le climat est délétère. Les clubs contestataires ont saisi récemment le ministère pour exiger que l’ensemble des clubs ayant participé au championnat puisse participer aux deux assemblées et voter. «Nous avons effectivement déposé une motion de censure auprès du ministère pour permettre à tous les clubs d’avoir un droit de vote lors des assemblées, explique Driss Chraibi, président de Sport Plazza et vice-président de la FRMBB. Notre action vise à installer la transparence dans la gestion et à instaurer la discipline qui fait défaut en raison de la décadence.

De nombreuses ligues sont montées au créneau pour dénoncer cette absence de transparence et de légitimité. Moi, personnellement, je n’ai aucune visée sur la présidence. Je veux un basketball plus développé et une gestion saine», nous a-t-il indiqué. Le bureau fédéral s’oppose catégoriquement à cette requête et précise que selon le règlement en vigueur «n’assistent à l’assemblée générale que les clubs qui sont en règle, c’est-à-dire dont les dossiers déposés auprès de la commission juridique contenaient 5 documents, à savoir les statuts de l’association sportive, le PV général de l’activité 2011-2012 de l’association, la liste des membres du bureau, le spécimen de signature légalisé par le président et le récépissé de dépôt du dossier administratif auprès autorités locales. Tout dossier incomplet est rejeté et, par conséquent, l’association ou le club ne pourra ni assister aux assemblées ni voter», indique El Mostapha Bouhafa, président de la commission juridique et disciplinaire.


Les bons offices du ministère

Au ministère de la Jeunesse et des sports, on déplore cette paralysie qui prend en otage toute la discipline. «Cette fédération, à l’instar d’autres d’ailleurs, comme celles de la natation, du handball ou du badminton, connaît beaucoup de problèmes. Le bureau fédéral n’est pas homogène. Le ministère est intervenu pour permettre la tenue de l’assemblée générale extraordinaire et adopter les nouveaux statuts, conformément à la loi 30-09, et tenir l’assemblée générale élective», nous a indiqué Faridi Hamidi, directeur du cabinet de Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des sports. Et d’ajouter que le ministère a demandé au bureau fédéral de permettre à l’ensemble des clubs ayant participé au championnat de prendre part aux assemblées, sous prétexte qu’ils ne sont pas à jour. «Si tous les clubs ayant participé au championnat ne sont pas représentés lors des assemblés, le problème de la légitimité du bureau qui sera élu par la suite se posera», a-t-il analysé.
À la question de savoir si le ministère pourrait recourir à l’article 31 pour dissoudre le bureau fédéral actuel, en cas d’impasse, afin de sortir de la crise, M. Faridi a exclu cette possibilité, tout en insistant sur le fait qu’il disposait d’autres moyens pour instaurer la bonne gouvernance dans cette fédération, par exemple priver la Fédération de sa subvention annuelle. Le bureau fédéral, ou du moins ce qu’il en reste, indique que le ministère n’a pas le droit d’exiger que l’ensemble des clubs participe aux votes. Cette impasse dans laquelle se trouve le basketball est à l’image de toute l’activité sportive au Maroc, où l’intérêt personnel prime l’intérêt général. Ce déchirement donne vraiment une mauvaise image de la gestion du sport dans notre pays. Chaque camp campe sur ses positions au détriment de la discipline. Le ministère de la Jeunesse et des sports devrait prendre ses responsabilités et exiger une sortie de crise coûte que coûte.


ENTRETIEN AVEC DRISS SAFOUANE, ANCIEN JOUEUR DE CMC

Le basketball national se porte très mal

Ancien joueur du Cercle municipal de Casablanca (CMC), Driss Safouane porte un regard assez critique sur le basket-ball national. L’ancien basketteur fait un parallèle entre la pratique de la discipline du temps où il exerçait et le niveau de cette discipline actuellement.


Comment jugez-vous la situation actuelle du basketball national ?
Lorsqu’on veut parler du niveau d’un sport, nous n’avons qu’à jeter un coup d’œil sur les résultats de son équipe nationale qui reste l’image fidèle du niveau de cette discipline. Le basket-ball obéit à ce même critère. Sur le plan du résultat et du classement dans l’échiquier africain, le basket-ball national se porte très mal ; non pas, qu’il a régressé sur le plan technique, au contraire, il a beaucoup évolué comparé aux années 60, 70, voire même les années 80 de gloire du basket-ball national...
Cependant, depuis quelques années notre équipe nationale n’arrive pas à émerger pour se classer au moins parmi les quatre premières nations africaines, même si elle est constituée de joueurs de talents et de grande valeur, dignes de jouer dans les grandes équipes européennes. Depuis plus de deux décennies, notre équipe nationale se balade dans la hiérarchie du classement africain entre la sixième (dans le meilleur des cas) et la douzième place
Ce qui est encore plus grave c’est que ces éléments de grande valeur technique qui composent aujourd’hui l’équipe nationale, une fois à la retraite, il sera très difficile de trouver des éléments dignes de les remplacer, car la formation au niveau des clubs dans les catégories de jeunes fait énormément défaut à quelques exceptions près. Même si cette formation existe elle est le plus souvent confiée à des entraîneurs de deuxième catégorie ou non formés du tout pour «fabriquer» l’élite de demain.

Est-ce que vous trouvez que c’est normal que le Championnat national n’ait pas encore démarré ?
Il est vrai que le Championnat national comparé aux années précédentes va démarrer assez tard cette année. Ceci est dû, d’une part, aux luttes intestines des composantes de la famille du basket, depuis que Mohamed Dinia, l’actuel président de la Fédération a délégué ses pouvoirs à son vice-président Mohamed Fouad Aamar, et d’autre part, à cause des nouvelles recommandations du ministère de la Jeunesse et des sports qui oblige les fédérations à se mettre en conformité avec les nouvelles dispositions édictées par la nouvelle loi 30-09 relative à l’éducation physique et aux sports ainsi que les statuts types de ce même ministère et partant, permettre aux clubs de régulariser et mettre à jour sa situation administrative et juridique auprès de la Fédération, conformément aux lois en vigueur, situation qui a été à tort le dernier souci des anciens dirigeants des Fédérations précédentes. À mon avis, la régularisation de la situation des clubs vis-à-vis de la Fédération est beaucoup plus importante quant à la gestion du basket-ball dans un cadre administrativement et juridiquement sain, que le démarrage tôt d’un championnat hasardeux.

Quels sont les maux dont souffre le basketball national ?
Les principaux maux dont souffre le basket-ball national sont très divers et variés notamment la carence du capital humain qui gère le basket-ball national, aussi bien au niveau des clubs que des Ligues régionales et de la Fédération. Si on se compare aux pays africains qui ont fait un grand pas dans cette discipline tels que le Nigeria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et surtout l’Angola et tout récemment la Tunisie, on peut constater que les personnes qui gèrent leur basket se composent essentiellement d’anciens joueurs. Alors que chez nous cette catégorie de personnes se voit écartée de la gestion du basket, confiée à des personnes qui le plus souvent n’ont aucun passé sportif, mais dont le premier souci est de défendre leur club auprès des instances fédérales ou de chercher une place de notoriété dans la société. Il n’y a que les basketteurs qui peuvent trouver le remède aux maux dont souffre notre basket.
Propos recueillis par Mustapha Abou Ibadallah

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