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Haro sur les hommes en noir !

Les erreurs d’arbitrage se sont multipliées en ce début de championnat et nombreux sont les clubs qui ont été lésés et qui ont crié haut et fort leur mécontentement. Pourtant, les cycles de formations sont nombreux et diversifiés, mais les fautes, parfois non intentionnelles, persistent et du coup cela fausse la compétition. En revanche, nos arbitres internationaux au nombre de sept ont la cote et sont respectés pour leur excellent arbitrage. Dans ce dossier, nous avons fait réagir deux anciens arbitres qui ne partagent pas le même avis sur l’arbitrage au Maroc. Abderrahim Moutamani, responsable de la communication et porte-parole officiel de la Direction nationale d’arbitrage (DNA), et Mohamed Moujeh, ancien arbitre, nous donnent plus de précisions sur ce volet majeur du football national.

Haro sur les hommes en noir !
Pas une journée du championnat ne passe sans que les arbitres ne soient pointés du doigt. Ph. Seddik

«Nous avons été particulièrement lésés par l’arbitrage.» C’est cette phrase qui revient souvent dans la bouche des entraîneurs, des joueurs ou des dirigeants de club quand la défaite est subie suite à une erreur d’arbitrage. Et ces erreurs ont, malheureusement, fleuri, en ce début de saison. Pas un club n’a échappé à cette spirale et les séquences TV sont éloquentes et ont montré parfois l’étendue du désastre. À la Direction nationale de l’arbitrage, Abderrahim Moutamani, un ancien arbitre qui a écourté sa carrière en raison d’un accident se veut rassurant : «Avec la nouvelle équipe dirigeante de Ali Fassi Fihri, nous avons établi un diagnostic de l’arbitrage et nous avons remarqué qu’il y avait une insuffisance de formation sur plusieurs plans, et une absence de transparence et d’indépendance et également de protection des arbitres. Nous avons donc restructuré ce département», explique-t-il. En fait, la commission centrale d’arbitrage, présidée par Ahmed Ghaibi, a délégué une partie de ses prérogatives à la Direction nationale des arbitres et notamment en ce qui concerne le volet des désignations qui se font, selon Abderrahim Moutamani, en toute transparence. Cette DNA a été confiée à Mohamed El Guezzaz. Ce dernier, cadre au ministère de l’Enseignement à Kénitra, aurait demandé à la fédération d’activer son détachement. Mais en l’absence d’une réponse, l’ancien international n’a plus donné signe de vie, ce que certains ont considéré comme une démission. «Pourquoi depuis 4 ans, Mohamed El Guezzaz, est en place et n’a jamais conditionné son poste par un détachement ?», s’interroge Mohamed Moujeh qui explique que la décision du directeur de la DNA est venue tout juste avant l’assemblée générale.

Transparence des désignations

Ce qu’il faut savoir c’est que les structures de l’arbitrage sont de quatre catégories, conformément aux règles exigées par la FIFA :
- La commission centrale de l’arbitrage (CCA) ;
- La direction nationale de l’arbitrage (DNA) ;
- Les commissions régionales de l’arbitrage (CRA) ;
- Les directions régionales de l’arbitrage (DRA).
Ces structures ont pour mission de veiller à l’application des lois du jeu, de gérer la gestion technique et administrative de l’arbitrage, chacune à son niveau, et d’assurer son bon fonctionnement. «Nous avons ensuite fait de gros efforts pour rajeunir les effectifs qui étaient déjà en insuffisance», fait remarquer le porte-parole de la DNA et nous avons lancé des concours d’entrée dans les différentes ligues pour la formation de jeunes arbitres. Concernant la transparence des désignations, Mohamed Moujeh, ancien arbitre révèle : «C’est faux, il n’y a aucune transparence dans les désignations des arbitres. C’est Abdrerrahim El Arjoune qui s’occupe seul de ce volet et nous avons terriblement souffert avec lui». Moujeh poursuit : «le grand problème de l’arbitrage c’est la formation, car elle est dispensée par des personnes qui n’ont pas les compétences requises. Entre le mois d’aout et septembre, il y a eu 29 jours de stages pour la simple raison que certains responsables touchent des indemnités de 1 000 dirhams par jour avec le résultat que l’on sait.» Le nombre de trios pour l’élite s’élève à 16 choisis selon leur compétence et leur expérience», ajoute Moutamani. 436 arbitres dont 22 femmes, 7 arbitres internationaux et 7 auxiliaires sont recensés dans les registres de la DNA. Moutamani espère que celle-ci récoltera les fruits de ses efforts en matière de formation dans 3 ou 4 ans. Quand on lui parle des erreurs d’arbitrage qui faussent souvent une compétition, Moutamani explique : «Dans tous les championnats du monde, il y a des erreurs d’arbitrage et tout le mode a bien vu, lors des rencontres des coupes d’Europe, les fautes graves commises par des arbitres. Nous n’échappons malheureusement pas à cette situation. Il faut comprendre qu’un arbitre est un être humain et qu’il n’est pas à l’abri des erreurs. Il faut juste qu’elles ne soient pas intentionnelles et dans ces cas-là, c’est grave. Nous prenons des sanctions en fonction de la gravité de la faute.»

La FIFA a interdit l’annonce d’une sanction d’un arbitre

Si les cas de suspension ne sont pas affichés au grand jour, c’est tout simplement parce que la FIFA l’interdit. «La FIFA a interdit l’annonce d’une sanction d’un arbitre pour ne pas le perturber dans sa carrière et pour qu’il ne soit pas la risée du monde extérieur. Même s’il est suspendu, il doit garder une certaine sérénité, en particulier quand l’erreur n’est pas intentionnelle» ajoute Moutamani. «Normalement, lors des séminaires ou de la formation, les arbitres apprennent à gérer le stress et la pression qui pèsent souvent sur leurs épaules», révèle le chargé de la communication. «Non, les séquences des matchs présentés lors des stages sont celles de championnats étrangers, confie Mohamed Moujeh. Seuls 4 cas de rencontres de notre championnat national ont été présentés.» De plus, le pôle contrôle vidéo qui était confié à Mustapha Maazouz a été transféré à Mohamed El Guezzaz qui touche des indemnités mensuelles, tout autant que les autres membres de la DNA, soit environ un budget de 11millions de dirhams, selon Mohamed Moujeh. Aujourd’hui, les clubs et en particulier les entraîneurs ne veulent pas savoir qui touche quoi ou qui fait quoi, le principal est que leur travail de la semaine ne parte pas en fumée à cause d’erreurs d’arbitrage. «C’est rageant de travailler toute la semaine à mettre en place des schémas tactiques et de perdre un match à cause de l’arbitrage», regrette cet entraîneur de la botola pro. «Il faut mettre un terme aux abus». Une satisfaction tout de même, l’excellente réputation de nos arbitres internationaux, une réputation qui a failli être ternie par un grave cas de tentatives de corruption du trio marocain qui a officié le match Côte d’Ivoire-Nigéria avec Nouredinne Jaafari au centre. L’enquête est toujours en cours pour le premier auxiliaire Bouazza Rouani qui est toujours suspendu.


Entretien avec Abderrahim Moutamani, responsable de la communication à la DNA

«Pour justifier une défaite, on s’en prend à l’arbitre»

Matin Sports : Quelle est la stratégie de la DNA ?
Abderrahim Moutamani : Après un diagnostic, nous avons jugé utile de commencer par l’indépendance de ce département. C’est ainsi que la CCA a légué ses pouvoirs à la DNA et en particulier la désignation des arbitres qui se fait en toute clarté. Pour répondre aux besoins du football professionnel, nous avons restructuré les centres de formation dans les 11 ligues à travers le Royaume pour abaisser la moyenne d’âge et permettre aux jeunes d’intégrer l’arbitrage

Bon nombre d’entraîneurs se sont plaints l’an dernier et en ce début de championnat des erreurs d’arbitrage. Qu’en pensez-vous ?
Lorsque nous avons mené une enquête à ce sujet, nous avons remarqué que 40% des entraîneurs veulent faire pression sur les arbitres, 40% veulent justifier leur défaite et seulement 20% sont objectifs dans leur remarque. Dans tous les championnats à travers le monde, il y des erreurs d’arbitrage. L’essentiel est que la faute ne soit pas intentionnelle.

Qui s’occupe de la formation des arbitres ?
C’est la Direction nationale d’arbitrage qui a unifié la formation des encadreurs et des arbitres dans les ligues et c’est elle qui effectue les évaluations des arbitres ainsi que leur potentiel physique. La formation continue se fait dans les ligues et nous tenons des réunions hebdomadaires pour l’analyse et la critique des rencontres. 


Entretien avec Mohamed Moujah, ancien arbitre

«La formation des arbitres se fait de manière aléatoire»

Matin Sports : Quels sont les grands maux de l’arbitrage ?
Mohamed Moujah : Elles sont de plusieurs ordres. D’abord, la formation des arbitres se fait de manière aléatoire par des formateurs qui n’ont pas les compétences pour cela. Ensuite, il faut mettre un terme au copinage et au favoritisme, car de nombreux arbitres qui étaient compétents ont été écartés par des responsables qui sont là depuis 4 ans et qui n’ont pas apporté d’amélioration à l’arbitrage. Il n’y a aucune transparence dans les désignations.

Qui pointez-vous du doigt en particulier ?
Tous les responsables sont des salariés et touchent des indemnités. Lors de la formation par exemple je ne vois pas l’utilité de passer aux stagiaires des séquences de championnat étranger alors seuls 4 cas de notre championnat ont été présentés. Nos arbitres doivent comprendre les spécificités de notre championnat local, ce qui ne se fait pas. Ce sont ces dirigeants de la DNA qui sont responsables de cette situation. Ils ont investi sur des arbitres qui leur sont proches.

Quel est le bon côté de notre arbitrage ?
J’ai été agréablement surpris par les arbitres des demi-finales de la Coupe du Trône. Ils ont été excellents et cela prouve que quand on met un arbitre en condition, il peut «sortir» un grand match.

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